Interview/rencontre : Clémence SAVELLI : le CHANT de la BUTTE.

Interview/rencontre : Clémence SAVELLI : le CHANT de la BUTTE.

A 23 ans, une artiste déjà engagée dans la chanson réaliste française...?
Oui elle existe … et par elle-même. En se distinguant de ses aînés : une véritable auteur-compositeur que j’ai rencontrée rue Drevet chez elle. Elle y donne des spectacles : « à flanc » de Montmartre .

Surtout ne la manquez pas : elle se produit aussi sur d’autres scènes parisiennes …

Provinciale

Une enfance en province , des études et… un hasard pas aussi biscornu qu’il voudrait bien nous le faire croire. Pris dans le flagrant délit, autorisant des « phénomènes d’une intentionnalité » à peine voilée.

La preuve : une adolescence pleine de rêves de chant et des études qui la poussent entre autres à apprendre l’organisation des spectacles . Elle a aussi pensé à la chanson depuis longtemps mais elle n’en profite pas encore, ne se lance pas. La timidité l’habite - cet archétype qui a fait tant d’ artistes et …nous tous avec l’anxiété ( de l’autre) à dépasser et encore dépasser.

Mais au hasard : dizz-y : les dés sont jetés vers les « double six » gagnants ; l’engagement piaffe .

La voici : « tu ne ressembles à personne »

Je la vois , elle survient par les escaliers, charmante, légère et presque court vêtue. Clémence a cet air quasi absente d’elle-même dans un retrait énigmatique habituel. On le saura plus tard : cette « individue » n’est pas banale et se cache parfaitement derrière une discrétion et une immaturité apparente - elles lui vont si bien sur scène.

Son succès auprès du public vient sans doute aussi de là : dualité de la vulnérabilité juvénile et affirmation assurée de soi devant les feux de la rampe qui imposent l’énigme et forcent l’admiration.

A nous Paris

En effet : ils seront deux à « conquérir Paris » ; une rencontre peut redistribuer les cartes de la vie . Pascal Pistone musicien et musicologue ( voir article du même auteur dans LE MAGUE ) devient son accompagnateur et pygmalion.

Il sera le révélateur conscient des talents de notre belle et arrivera à vaincre l’hydre de la timidité. Accompagnée par lui, elle affrontera le public dans un appartement transformé en mini salle de concert très conviviale - et ailleurs.

Le talent va vite : il y a de cela à peine plus d’un an qu’elle a commencé dans le spectacle.

Eh bien : chantez maintenant !

Sa maturité précoce a bien analysé la démarche empruntée. Le spectacle n’est pas une façon de soigner sa timidité comme le disent beaucoup. Notre amie parait bien accepter cette donne ; elle l’admet et l’intègre - contrairement à tant de nombreux petits cachottiers.

Avec un état d’esprit serein, curieusement elle ne paraît pas affectée de ce frein et parle peu . Clémence s’est découvert un autre espace ; un autre univers où elle n’a plus de joug .

Les planches sont ainsi pour notre amie le seul endroit où s’affirmer sans crainte de la controverse. Elle assume pleinement et n’aurait aucune appréhension à passer dans l’immédiat à de plus grandes salles.

Attention la médiocrité n’y est pas supportée - textes et surtout interprétation : il a fallu du travail et encore du travail.

Avant l’expression , l’introspection

Evidemment , elle a bien compris que si elle parle d’elle-même , nous allons tous nous identifier .Tendre vers l’universel en devenant de plus en plus subjective ( n’est ce pas Mr Woody ?) - hors du béat-factuel-populo-realité-tv ; asséné - martelé .

A l’aise dans son monde et dans sa peau, elle écrit naturellement. Alors quand on est si bien : pourquoi être grave ?
En grande admiratrice du chanteur Allain Leprest ; elle a choisi le réalisme, mais aussi l’humour, la dérision.

Dis moi ce que tu chantes, je te dirai où tu vas

Elle est néo-réaliste de vocation. Partie dans des sujets personnels, elle est aussi une chanteuse engagée ( "Révolution", "Violence"... ).
Tout cela éclot dans le paradoxe car elle se produit en duo voix-piano, genre désuet , en opposition à ses chansons qui traitent de la
contemporanéité.

Cela passe par des textes courts, voire sans refrain. L’abandon du formalisme ( à quoi bon ?) pour une expression encore plus débridée…

Tout s’imbrique . Clémence tu ne veux pas parler : tes chansons expriment, t’expriment et tant mieux ! tu as pris le bon sentier , il va là où bien plus tard, elles diront toutes en pensant à toi :

« J’étais une bonne chanson » ( H. Salvador ).

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