"LES RONCES", LE COURT MÉTRAGE QUI DÉFONCE !

"LES RONCES", LE COURT MÉTRAGE QUI DÉFONCE !

C’est en avant-première que j’ai pu visionner le court métrage "Les Ronces" de Frédéric Vignale.

Non seulement çà déchire, comme disent les jeunes, mais en plus ça défonce grave et c’est trop d’la balle !

Une sorte de grenade dégoupillée, balancée dans un Clergé malade et une Église vieillotte... de quoi faire sauter la Banque du Vatican et mettre le feu au Bureau des Secrets, en ébranlant les représentants de l’Apôtre Pierre qui nous mentent depuis la nuit des temps et nous prennent pour de sinistres demeurés.

La Terre porte toutes les religions que l’esprit humain peut imaginer, cependant il semblait en manquer une... essentielle, primordiale, fondamentale et incontournable, celle qui va attirer de nouveaux adeptes du monde entier, celle qui va convertir les foules et rendre la vie plus belle et moins monotone, celle explorée et décortiquée par l’oeil du Pape Frédéric Vignale 1er porteur de ce nouveau message d’espoir et de son Éminence Grise l’écrivain Serge Scotto, celle qui n’a qu’un seul et vrai Dieu beau comme un astre surtout lorsqu’il s’incarne provisoirement sous les traits de la très belle mannequin, Myriam Fall, enchristée pour l’occasion poitrine dénudée et dont les seins fermes puis délicatement pointus (85 bonnets C) sont une invitation à la défroque... la naissance d’une secte religieuse qui va faire un tabac planétaire... j’ai nommé, non pas les Témoins de Jéhovah, mais les "Témoins d’Eduardo Pisani" - ce Dieu unique et bon enfant, mais autant capable de mettre fin à la vie d’un Évêque qui se la joue que de ressusciter une toute petite paroisse désaffectée.

Un Dieu au look d’enfer, en costard blanc de maquereau, coiffé à la "Beatles" et affublé d’une paire de lunettes de plage pour enfants, débitant des paroles bienveillantes avec l’accent d’Aldo Maccione... en plus talentueux !

Eduardo Pisani est assurément un comédien qui a été laissé sur le bord de la route, mais qui vaut son pesant d’or. Frédéric Vignale, découvreur de talent par excellence, ne s’y trompe pas en lui confiant le rôle principal.

Eduardo, ou Edouardo, déclame de belle manière et est de la trempe des tragédiens qui ont aussi le talent d’être des comiques. Un bel acteur, comme on n’en voit plus depuis un bon bout de temps !

Avec ce court métrage "Vignalien" on évolue dans l’atmosphère d’un petit chef d’oeuvre en noir et blanc, ce qui donne une profondeur et un cachet supplémentaire à l’histoire. Je ne doute pas qu’un jour prochain, ce film ira rejoindre les morceaux de la cinémathèque française qui sortent du convenu.

Superbement filmé par Frédéric Vignale, avec des plans courts et sobres, on est happé par l’histoire guillerette derrière laquelle se cache un puissant message sur la Religion en général et sur les gens qui la servent en particulier. Un tableau moderne, en plusieurs scénettes qui s’emboîtent à merveille, en brossant le ressenti de l’être humain par rapport au Dieu qui lui permet d’exister... alors que tout est en lui et qu’il ne le sait pas.

Et ce Dieu, beau comme un italien... (Attention, je n’ai pas dit cet italien beau comme un Dieu !), nous livre ce qu’il pense de nous en ouvrant une parenthèse sur ceux qui croient en lui sans le voir et qui ne sont pas capables de le reconnaître lorsqu’il est sous leurs yeux (n’est-ce pas Père Daniel, petit curé incrédule !) et qui ne peuvent assimiler le fait que le fils de Dieu, qui a été fait Homme (avec un grand H) aurait pu être une femme... pourquoi pas !

Quant à Frédéric Boismoreau, répondant au surnom "people" de Le Fred (aux airs d’André Manoukian), il est criant de vérité dans son attitude naturellement espiègle et joue avec aisance un curé de campagne plus vrai que les vrais.

Tous les acteurs de ce petit film frais ont une gueule pas commune. Enfin des comédiens qui ne ressemblent à personne d’autres qu’à eux-mêmes.

Jean Cémeli est le distingué chauffeur du "Monseigneur".

Cyril Skinazy est d’une prétention exquise et sait être méprisant à souhait, dans ce rôle d’Evêque.

Comme il est convenu de dire dans les milieux autorisés : "Voilà un bout de pellicule qui n’a pas été gâché".

Ce court métrage mérite qu’on parle de lui.

Frédéric Vignale nous montre ici un cinéma d’avant-garde à l’avenir prometteur. Vignale nous emmène aux confins de son monde fait de bons sens et de provocations. Son analyse de la Société est autant cruelle que réelle et il exagère, à peine, les traits de ses contemporains dans l’unique but de les faire réagir en les sortant de leurs mentalités étriquées. Il est capable de réaliser en budget limité. Il est le "pionnier" des nouvelles pages du 7ème art qui étaient en léthargie, à cause de productions ennuyeuses et coûteuses.

"Les Ronces" n’est pas une superproduction hollywoodienne, mais un petit film français qui représente une bouffée de bonheur pour ceux qui savent apprécier un cinéma expurgé de toutes ses lourdeurs. Vignale témoigne en nous incitant à réfléchir sur notre condition, mais sans nous prendre la tête... et cela fait du bien !

"Les Ronces" est une mise en bouche, un échantillon représentatif de ce que Frédéric Vignale est capable de faire avec son oeil acéré, assisté de sa caméra qui est une extension de ses pensées profondes et sa plus fidèle maîtresse, car elle fait corps avec son esprit inventif qui se veut dérangeant.

Si Eduardo Pisani est Dieu le Père, Myriam Fall est donc sa fille... mais pour réussir le miracle de la Sainte Trinité, il va de soi que le Saint-Esprit est Frédéric Vignale.

Ce film, à l’humour noir et décapant, est dans la droite ligne de "C’est arrivé près de chez vous" de Benoît Poelvoorde.

Frédéric Vignale est libre... et cette réalisation en est la preuve irréfutable !

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