Vaquette, Prince de la digression et génie littéraire

Nos bibliothèques étant déjà pleines d’objets inutiles autant les renforcer d’un livre écrit par un être Indispensable.

Tristan-Edern Vaquette fait voir rouge à qui l’approche, le toise ou s’esbaudit de sa grâce ailée, de sa verve torve et de sa rhétorique superbe.
T-E V il faut le lire dans le texte, entre des lignes jamais narcotiques, l’envisager dans le syntagme, car notre héros passe magnifiquement bien couché sur papier broché - ou inversement. Il trouve même là un lit confortable pour ses rêveries diurnes, pour ses folies philosophiques, trash, formelles et informelles. Buvons Tristan-Edern jusqu’à la lie et ne boudons pas notre soif d’apprendre et de se divertir.

Un Prince du bon goût, du style et un farouche adversaire de la médiocrité fête sur 400 pages son avènement médiatique et lettré, sa sortie lumineuse de l’underground.
T-E V révolutionne le roman et se moque des défroqués et poseurs, et n’est pas sans rappeler, en moins chiant sans doute, un certain Diderot très fataliste faisant son Jacques.

Tristan-Edern Vaquette autant s’en méfier et le diaboliser, l’insulter dans sa chair, dans sa face, car il restera dans nos manuels littéraires comme l’emblème d’un écrivain libre et inventif, un novateur indolent indémodable n’ayant point besoin de cultiver son originalité tant elle est intrinsèque et rebelle.

La publication de « Je gagne toujours à la fin » au Diable Vauvert est un événement historique, à plus d’un titre bien choisi, qui fait du bien à la démocratie, un bon coup de pied au cul à la langue de bois et au politiquement correct.

On traitera ce livre et son auteur de tous les noms d’oiseaux, on tentera sans doute des procès d’intention ou tout courts, mais le diable rit déjà sous cape et prépare sa défense avec panache. Sa littérature jamais prosélyte d’aucune cause ou non cause est inattaquable.

Si une maison d’édition jeune et tendance se permet l’audace de mettre dans son catalogue un livre aussi tendancieux, baroque, amoral et si proprement scandaleux, tout n’est pas perdu à la fin et on peut se réjouir en réunion punitive, en lecteurs comblés.

Impossible à résumer, inclassable, l’intrigue, la construction et la déconstruction de cet ouvrage sont un pied de nez à la prise de risque zéro, au roman gentillet qui s’oublie et s’ennuie dès l’incipit. Il faut être proprement fou ou génial (ou les deux) pour produire un tel pavé au fer rouge et moucher ainsi la démagogie.

Ce diable d’homme invente le roman historique et anachronique qui fait du bien à son univers fantasmatique et à sa littérature personnels. L’intriguant transpose ses angoisses, ses digressions et ses observations modernes dans une cosmogonie d’après guerre, où il est le héros dantesque et picaresque d’un drame collectif.

Tristan-Edern Vaquette gagne toujours à la fin d’être connu, lu, relu et admiré à sa juste valeur. Tremble paysage littéraire français, tu viens de recueillir en ton sein, un chien fou, un électron libre, un individu libre et bizarre à la fois qui pourrait fédérer des troupes du bien, du bon et du spirituel pour nettoyer le microcosme parisien de sa mollesse, de son immobilisme et de sa vacuité crasse.

Sur le net
Lire l’article à propos de ce livre de Philippe KREBS

Je Gagne toujours à la fin, L’Indispensable Tristan-Edern vaquette, Au diable Vauvert 2003, 358 pages, 20 euros.

Je Gagne toujours à la fin, L’Indispensable Tristan-Edern vaquette, Au diable Vauvert 2003, 358 pages, 20 euros.