IN MEMORIAM

Chez nous les toutous, tous les jours se valent.
Ni jours fériés, ni fêtes nationales. Il faut dire que
nous ne sommes portés ni sur les guerres ni sur les
religions, encore moins sur les guerres de religion
 : rien, donc, qui puisse agrémenter un calendrier !
Non, nos journées se ressemblent, sans histoires...

En tout cas sans Histoire - ni d’autre saint à célébrer que saint Bernard tout au plus... C’est un copain chien qui vit pas loin de chez nous et qui souffre de la chaleur en été. Surtout par cette canicule. Souvent, lorsque nous nous croisons et que la langue du pauvre saint Bernard traîne par terre, son maître répète au mien que "peuchère... il n’est
pas fait pour vivre sous nos latitudes !" Alors, on se
demande bien pourquoi être allé l’acheter si cher là-haut dans ses Alpes et l’avoir arraché à ses montagnes... ?
Il n’aurait pas, je crois, été moins à sa place à sauver des skieurs égarés qu’à transpirer l’ennui sur la Canebière.

Mais c’est une autre histoire... de ces petites histoires de chiens dont justement on ne fera pas une Histoire, avec des dates historiques et tout et tout, écrites en rouge dans le calendrier... L’homme est très fier de son Histoire et les petits d’hommes en apprennent les grandes dates à l’école. Ce sont principalement des batailles, des massacres, des assassinats et des révolutions à n’en plus finir, qu’il faut se rappeler par coeur pour pouvoir réciter sa leçon. C’est ça qu’on appelle le devoir de mémoire, j’imagine.

Mais j’comprends pas tout, des fois... Ce qui est certain, c’est qu’il faut bien faire ses devoirs, ça j’suis sûr ! Parce que plus tard, on peut gagner des millions chez Jean-Pierre Foucault et éviter d’être ridicule en ne répondant pas à la
question à 800 euros sur Marignan ! Même moi je savais
que c’était 1515. Et mon maître aussi le savait, c’est pour dire ! C’est pas comme cette grosse dame qui s’est pris la honte, devant la France entière et ses collègues de bureau de la Sécu ! Mon maître a marmonné à propos des fonctionnaires quelque chose que je n’ai pas distinctement entendu, puis il a zappé.

Ces batailles, ces massacres, ces assassinats et ces révolutions, cette Histoire toujours recommencée, ne
semblent pourtant pas servir de leçon à l’homme plus
loin que sur les bancs de l’école ! Le calendrier
déborde depuis les romains de ces souvenirs affreux,mais il semblerait qu’il convienne encore de sacrifier à ce culte de l’horreur humaine : on consacre pour cela la date des dernières Apocalypses mémorables et en vogue. Une date chassant l’autre, selon la mode, le vent, les gagnants et les perdants...

Alors cette année encore, gageons que personne n’oubliera de
célébrer le 11 septembre, qui reviendra le 11 septembre. Comment oublier en effet que cette journée fut marquée par la pierre noire du terrorisme ? Tout le monde se souvient qu’en cette journée funeste fut mortellement bafouée la démocratie ! Car chacun se rappelle que le 11 septembre 1973, Pinochet assassinait la République chilienne et son président
Allende avec la complicité Historique des Etats Unis
d’Amérique. A moins que ce soit une autre histoire ?

Traduit du chien par Serge Scotto

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