Métro Bouleau Tombeau

Métro Bouleau Tombeau

Pendant qu’une partie de l’effectif a déserté l’atelier pour se refaire une santé au camping des flots bleus, ceux qui restent ont l’obligation de maintenir la cadence et en plus, de se casser la tête pour retrouver le dossier X où figure l’historique des commandes de tel client irascible, mais untel ne l’a pas rangé à sa place avant de partir en congé. Heureusement, quelques intérimaires sont venus prêter main-forte, mais il faut encore leur apprendre le boulot. La période estivale est souvent la source d’un sacré bordel dans les entreprises, et c’est aussi l’occasion pour un certain nombre de dysfonctionnements de se manifester au grand jour. Personnellement, j’aime bien cette époque de l’année, où plus rien des dessous de l’entreprise ne peut être dissimulé au regard du nouveau venu, mais c’est aussi un cap difficile à passer, car c’est le moment où les tensions les plus vives se font jour, et où il faut parfois faire face à l’hystérie de collègues surmenés. Un ouvrier du site Peugeot-Citroën de Mulhouse s’est pendu lundi sur son lieu de travail, ce qui porte à cinq le nombre de suicides parmi les salariés de cette usine depuis le début de l’année. Il travaillait sur le site depuis 1978 et n’a laissé aucun élément expliquant son geste. L’homme, âgé de 55 ans, a été découvert en début d’après-midi par des collègues de l’atelier de montage, a précisé un responsable du service communication de PSA. Pas de chance, la direction avait mis en place un numéro de téléphone destiné à l’assistance psychologique des salariés du groupe au début du mois. Le secteur automobile est en crise, et pas seulement d’un point de vue économique, puisque le nombre de décès par mort volontaire au travail dépasse la dizaine depuis le début de l’année, rien que chez les constructeurs. En fait, le phénomène est beaucoup plus important qu’on ne l’imagine, puisque si aucune statistique officielle n’existe sur les suicides liés au travail, des estimations du Conseil économique et social font état de 300 à 400 suicides de ce type par an.

Je suis nouveau, le chef est toujours sur mon dos,
La chaîne est trop rapide et je n’ai pas de prise,
Ces gars vont vite, alors je suis sous leur emprise
Et je crois qu’ils ne me feront pas de cadeaux !

Ils m’ont à l’œil ainsi que le font les badauds :
C’est bien la chose en plus que je n’ai pas apprise
Alors, je me démène au sein de l’entreprise,
Mais j’ai envie au fond de tirer les rideaux…

Comme à présent, je suis meilleur que mon collègue
Il m’est permis d’attendre au mieux, qu’on le relègue :
J’ai tout donné pour vaincre et pour sortir du lot.

Que dire aux gars, et à ma femme aussi, qui m’aime ?
J’ai tout donné pour être au top dans mon boulot
Puisqu’il fallait aller jusqu’au bout de soi-même…

 

Le travail peut-il tuer ?

Lire aussi le point de vue d’un psychiatre du CNRS sur la question.