Sarkozy l’Homme Pressé

Sarkozy l'Homme Pressé

Cécilia Sarkozy a rendu visite aux infirmières bulgares incarcérées à Benghazi et condamnées à la peine capitale par la justice libyenne, elle a rencontré ensuite le colonel Kadhafi. Ce off the record divulgué par le chef de l’État lui même, après son arrivée à Épinal, a fait le tour des rédactions. Comment l’épouse du Président, dont les gazettes s’étaient fait l’écho du peu de solidarité qu’elle éprouvait pour son mari depuis un an, pouvait-elle soudain se muer en discret émissaire diplomatique ? On le sait, le scandale des cinq infirmières coopérantes et le médecin palestinien convaincus d’avoir volontairement inoculé le virus du Sida à des centaines d’enfants libyens est en passe de toucher à sa fin. Arrêtés le 9 février 1999 avec d’autres professionnels de santé de l’hôpital de Benghazi, ils sont seuls inculpés d’un crime que le professeur Luc Montagnier impute aux mauvaises conditions d’hygiène du service de santé, sans doute parce qu’ils sont Étrangers. Au terme d’une longue procédure judiciaire, ils sont condamnés à mort le 19 décembre 2006, verdict confirmé d’abord par la Cour de cassation le 20 juin 2007, puis le mercredi par la Cour suprême de Libye. Depuis la fin 2005, l’opinion publique française a pris la mesure de l’affaire, alertée par des associations et les institutionnels bulgares. Philippe Douste-Blazy se rend le 5 janvier 2006 en Libye, suivi à la fin du mois par une équipe médicale. L’Italie et l’Union européenne s’y mettent également, et un accord est engagé pour soigner les enfants contaminés à Paris, Rome et Florence. Mais le colonel Kadhafi réclame une indemnisation et Nicolas Sarkozy fait de ce scandale un argument de campagne le 26 avril 2007. Ce dernier confirme son engagement au soir de son élection, le 6 mai. Un accord est trouvé le 10 juillet pour l’indemnisation des familles des victimes. Au-delà de la pression exercée par les autorités libyennes qui font feu de tout bois, le processus de ce qui peut se qualifier d’acte de piraterie est désormais en passe d’aboutir. Le chef de l’État français, qui a marqué le début de son mandat par une gesticulation tous azimuts, se fait aussi le chantre du résultat. S’il a mis rapidement le Landernau politique en ébullition, l’action gouvernementale a besoin de temps pour engranger des bénéfices. Mais il faut frapper l’opinion, vite…

C’est un rapt ! Tout le monde en fait, se mobilise,
D’autant plus qu’un verdict de mort est confirmé
Ça fait huit ans qu’il faut qu’un poulet soit plumé
Mais la question, avec le temps, aussi s’enlise.

À peine a-t-il rangé le fond de sa valise,
Qu’il nous apprend d’un ton bénin que sa mousmé
Est partie à sa place hanter le mal-famé :
Le Quai d’Orsay lui a transmis son analyse…

Depuis le temps, il voudrait bien crever l’abcès,
Car le chef de l’État cherche à faire un succès
Après avoir donné tous ces coups de massue.

Il veut donner au peuple un gage à son crédit,
N’avait-il pas promis d’y trouver une issue ?
Il est temps de montrer qu’il fait ce qu’il a dit.