Interview de Pablo Krantz "Paul et Nadia"

Interview de Pablo Krantz "Paul et Nadia"

Pablo Krantz est un chanteur et un écrivain argentin vivant à Paris. Contrairement à certaines personnes, 2007 restera pour lui une belle année. Depuis le printemps son livre, Paul et Nadia, est en librairie et son album, Les chansons d’amour ont ruiné ma vie, est dans les bacs.

Après deux recueils de nouvelles et trois disques de rock parus en Argentine, après Le saint cleptomane et la fille au vagin doré chez Les petits matins, voici un livre d’aventures destiné à la jeunesse.

Ex-journaliste et traducteur, Pablo Krantz se raconte :

1. Si les chansons d’amour ont ruiné votre vie, de quoi vivez-vous ?

Les chansons d’amour ne m’ont pas ruiné économiquement, mais sentimentalement (en me faisant croire à un romantisme trop absolu pour ce monde). De toutes façons, je vous rassure tout de suite, j’ai réussi à endiguer leur mainmise sur ma vie, même si je reste un peu « désuétement » romantique.

2. Vous prétendez ne respecter qu’une seule institution : la sieste. Ne seriez-vous pas une crapule ?

Il y a des gens qui m’ont dit que cette chanson (qu’il y a deux ans je présentais, pour me marrer, comme une chanson « conformiste ») est devenue maintenant presque subversive, avec « la France qui se lève tôt » et tout ce genre de stupidités. Je vous laisse juger qui est une crapule dans toute cette affaire. De toutes façons, je ne dors pas très fréquemment la sieste et je ne vais pas si souvent que ça dans des piscines, j’ai fait ces chansons (je l’ai compris assez récemment) parce que j’avais plus besoin de légèreté dans ma vie, j’avais trop tendance avant à me transformer en un moine shaolin qui se bat pour ses objectifs (artistiques, dans mon cas) et oublie de prendre le temps d’être heureux.

3. Non content d’être auteur-compositeur, vous êtes aussi écrivain. A qui préférez-vous raconter des histoires ?

J’aime raconter des histoires à tous les gens qui ont une sensibilité qui se rapproche de la mienne.

4. Le tome 2 de Paul et Nadia va bientôt sortir. Tenterez-vous de rivaliser avec l’auteur de Harry Potter en en publiant plus qu’elle ?

On verra bien jusqu’où me mène cette belle aventure qui est la saga de Paul et Nadia. En tout cas, moi je suis plein d’amour et d’amitié pour mes personnages et je leur souhaite la plus longue vie possible.

5. Quand on est né en Argentine, comment trouve-t-on la France et les Français ?

C’est une question très vaste… Disons que je vois surtout Paris comme un grand carrefour du monde, une sorte de ville internationale (la troisième sans doute après New York et Londres) d’où on peut avoir accès au reste de la planète. Quant à la France en général, je ne peux pas m’empêcher de la voir comme une partie de l’Union Européenne et du monde riche, où malheureusement les gens tendent chaque fois plus aujourd’hui à fermer leurs têtes, leurs cœurs et leurs frontières, par crainte de perdre leurs privilèges, au nom d’une grande crise que franchement je ne vois nulle part. Mais il y a bien entendu plein de gens merveilleux en France, comme ailleurs dans le monde.

6. Dans plusieurs chansons vous évoquez « les jambes longues » des filles. C’est une obsession ?

Quel homme est immunisé contre ce genre d’obsession ? De toutes façons, mon obsession principale restent les visages et les ventres des femmes.

7. « Je préfère rester même au prix de la routine. Je préfère être la star de ton journal intime. » (Dans ta boîte à lettres) Tout plutôt que rien ?

Bien sûr. J’ai fait cette chanson en essayant de faire une ode aux bonheurs de la vie quotidienne d’un couple présentée comme étant l’aventure ultime, un hymne au fait de « devenir chaque fois plus gros sur ton album photo comme tous les amoureux qui restent et deviennent vieux. » En tout cas, celle-ci reste la chanson préférée de ma copine pour que je la réveille le matin.

8. Faire « Le tour du monde en quatre-vingts nuits » est-il plus facile que le faire en quatre-vingts jour ?

La nuit est un terrain élastique et immense, où on peut parfois se libérer de l’oppression du temps - pour moi, le bonheur consiste souvent à ne plus savoir quelle heure ou quel jour il est. Donc oui, pour faire un tour du monde imaginaire à travers le corps d’une femme, rien ne vaut le territoire nocturne.

9. Est-ce que le fait que votre mère soit psychanalyste a influencé votre vie ?

Comment peut-on sortir indemne de quelque chose comme ça ? De toutes façons, c’est un destin qui n’est pas si rare quand on est né à Buenos Aires, une ville qui est réputée pour avoir le plus de psychanalystes par mètre carré (après New York, apparemment, mais ce n’est pas si sûr).

10. Et puis, dites-moi, Pablo, écrire pour vous est une douce torture ou un savoureux cauchemar ?

Ça dépend des jours. Mais je ne souffre plus tant que ça. De véritables périodes de cauchemar dans ma vie réelle m’ont fait relativiser et étouffer mes souffrances musicales ou littéraires.

*Crédits photos Renaud Montfourny

Paul et Nadia Tome 1, Pablo Krantz, Tournon Jeunesse 12, 90 €

Les chansons d’amour ont ruiné ma vie, Pablo Krantz, Attic Production

Site de l’artiste


Retrouvez sur son site Cali Rise