HOMMAGE A CLAUDE BROSSET, L’ETERNEL SECOND RÔLE

HOMMAGE A CLAUDE BROSSET, L'ETERNEL SECOND RÔLE

Claude Brosset est décédé le lundi 25 juin 2007 et son physique, de bon vivant et de jouisseur de la vie, m’a toujours fait évoquer mon frère Daniel. J’ai eu une grande tendresse pour Claude Brosset, non seulement à cause de cette particularité esthétique, mais aussi par ce qui pouvait émaner de ce personnage pas commun.

Claude Brosset était une vraie “tronche” du cinéma français. Des “gueules” qui ne ressemblent pas aux autres et des personnalités à la Brosset… il y en a de moins en moins dans tout ce qu’on nous propose aujourd’hui. On dirait que ces nouveaux comédiens et chanteurs ont été fabriqués dans le même moule. Que reste-t-il après les Brosset, Carmet, Dalban… comme seconds rôles de qualités.

Durant sa carrière théâtrale et cinématographique, Claude Brosset fut cantonné dans des rôles de poids et il méritait sûrement un bon premier rôle, mais nos timides réalisateurs restèrent frileux à son égard et on se demande bien pourquoi. Personnage truculent et haut en couleur, Brosset aurait pourtant succédé à des Gabin ou Ventura, sans dépareiller, parce qu’il était au moins leur égal au niveau du talent.

Claude Brosset pouvait tout jouer, avec un réalisme à vous couper le souffle. Il savait tirer les larmes, se faire aimer ou détester par rapport au rôle confié et même nous engendrer un sourire lorsqu’il était déguisé en maîtresse femme, auprès de Belmondo dans “Le Marginal”, pour assouvir les besoins sexuels de quelques “politiques douteux”.

Pensionnaire de la Comédie Française, sa forte personnalité doublée d’une voix tonitruante était remarquée par certains cinéastes qui le firent jouer aux côtés des plus grands.

Lorsqu’il apparaissait sur nos écrans, il était impossible de ne pas le remarquer.

Plus de cinquante pièces de théâtre et le double de films resteront à son actif.

Aucun véritable hommage n’a été rendu à ce "grand bonhomme", depuis sa disparition, mais ici-bas les mémoires s’effacent vites et on nous oublie facilement pour nous bourrer le mou, tout l’été, avec des séries à la "mord-moi le nœud" ou des émissions débiles qui appauvrissent nos cerveaux végétatifs.

Nos chaînes nationales ne sont plus très riches en bonnes idées de rediffusions de qualité, à remettre au goût du jour. Je pense tout particulièrement à “Ardéchois, cœur fidèle”, série dans laquelle œuvrait déjà mon excellent Claude Brosset, en posant son empreinte que nul ne peut effacer. C’est d’ailleurs en 1976, dans ces feuilletons de qualité pleins d’émotions, que j’avais remarqué Claude qui incarnait le rôle de “Tourangeau Saint-Quartier”, ce salopard criminel. Cette superbe histoire se déroule dans le milieu ouvrier du compagnonnage post-Napoléonien. Construite, filmée et interprétée entre autre par ce bel acteur qu’était Sylvain Joubert, on y voit de beaux paysages de France dans une profondeur qui disparaît peu à peu aujourd’hui.

Un bel exemple, parmi tant d’autres, de ce jeu d’acteur dont était capable Claude Brosset qui restera présent longtemps de le cœur de ceux qui l’aiment au-delà de la mort. De quoi être nostalgique du passé !