Interview de Catherine Diran auteur de Kill Parade

Interview de Catherine Diran auteur de Kill Parade

Catherine Diran (Lilicub) n’a pas sa langue dans sa poche. L’héroïne de son premier polar, Kill Parade, non plus. A tel point que lorsque Catherine répond à mes questions, on se demande si ce n’est pas Teresa Paris, son héroïne névrosée, qui me parle :

1. Bonjour Catherine. Vous êtes auteur-compositeur-interprète et connue pour être la chanteuse de Lilicub. Est-il plus difficile d’écrire une chanson ou de raconter une histoire ?

Ecrire une chanson me semblait au départ beaucoup plus difficile, car l’écriture est très cadrée, il y a une mélodie à respecter, une métrique et au-delà de ça, la chanson dite de variété n’autorise pas tellement d’extravagances. J’ai un imaginaire extrêmement violent, difficile à caser…Cela dit, la grande liberté ressentie avec l’écriture de Kill parade s’amenuise de jour en jour, puisque j’écris mon second roman et qu’il me faut respecter de nouvelles règles, respecter mon personnage, des règles que j’ai moi-même créées (Kill parade est la première des aventures de mon héroïne). La liberté ? C’est pas de la tarte.

2. Aviez-vous besoin d’écrire Kill parade pour tuer Lili de Lilicub ?

Peut-être…Sa projection en tout cas, sa blondeur, sa candeur. Mais en réalité c’est plus une volonté d’exprimer ma vision du monde, à travers un point de vue qui est très personnel. Avec une image forte comme l’a été celle de Lilicub, on n’a plus de point de vue personnel. Les gens s’approprient tellement une image qu’ils renient tout droit à autre chose que ce qu’ils imaginent. Comment une blonde proprette peut-elle aimer le cul, l’alcool, la politique, la littérature ou je ne sais quoi ? Imaginer d’autres choses que ce qu’ils imaginent pour elle ? Teresa Paris est mon double parfait, à ce moment x. Mais les aventures de Teresa, ce sont avant tout des histoires car j’adore les histoires. Et des personnages, leurs rapports etc. C’est là qu’on entre en littérature, lorsqu’on dépasse l’autocentrage. Cross my heart.

3. Souffrez-vous de schizophrénie ou pensez-vous que tout artiste qui se respecte (et les autres aussi) est schizophrénique ?

Je pense être totalement schizo, comme le sont les artistes en général. Lorsque l’on lit Barbey d’Aurevilly, imagine-t-on un petit monsieur très catholique ? Non, on garde son souffle brûlant, c’est tout. D’autre part, la société de l’image dans laquelle nous évoluons aujourd’hui démultiplie ce phénomène. J’ai été longtemps une blonde dans un cabriolet comme d’autres, dans d’autres domaines, artistiques, intellectuels ou politiques, sont une image figée. La schizophrénie me semble donc assez saine. Elle permet de respirer, d’aller vers plus de liberté. Les images revendiquées plates me semblent suspectes. Elles ont été employées par des régimes dangereux.

4. Comment vit-on au jour le jour avec un double aimant le sexe et l’alcool fort ?

Ma foi, ce sont des choses assez agréables à assumer. J’aurais plus de mal avec un double aimant le canevas et l’eau bénite.

5. Qu’avez-vous fait de votre bouche en cœur ?

Elle m’est extrêmement utile, pour chanter, poser du rouge baiser et plus si affinités.

6. Depuis que Teresa Paris vit dans votre roman, avez-vous retrouvé votre véritable identité ou vous vous en fichez comme de votre premier biberon ?

Je façonne mon identité au jour le jour. Elle est faite de tout ce que vis, ressens etc.

7. Tokyo, Bruxelles, Rio et sûrement d’autres… Et pourtant, vous continuez à dire que Paris est la plus belle ville du monde. Qui vous paie pour la pub que vous lui faites ?

Paris m’a tellement donné, de liberté, de vagabondages, d’histoires, m’a tellement consolé lorsque j’avais envie de crever…C’est une personne à part entière dans ma vie. Je suis sans doute un peu siphonnée…

8. A propos, dans quel recoin de Paris est-il le plus agréable de boire un crème en regardant le soir tomber et les filles aux talons vernis ?

Aux Noctambules, à Pigalle…

9. Pourquoi Nick Drake exactement ?

Pour essayer de comprendre pourquoi ce type qui était beau, écrivait des chansons sublimes, s’est foutu en l’air à l’aube de sa vie. Ca me donne envie de rester aux Noctambules toute la nuit.

10. De Teresa ou Catherine, qui mène qui ? Et jusqu’où irez-vous ?

J’irais tout au long des 20 arrondissements de Paris avec Teresa explorer les différentes peurs et addictions de Catherine. J’irais voir comment se comporte le Paris d’aujourd’hui, comment les uns flambent et d’autres crèvent de solitude, comment les gens s’aiment et se perdent. Comme cela n’est sans doute pas assez, je referais faire mon passeport et j’irais voir ailleurs…

Kill Parade, Catherine Diran, éditions Du Masque 17 € 268 pages

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