L’ALCOOL TUE SOUVENT… LES AUTRES…

Je suis perdue. Egarée, abîmée. Je ne sais plus comment avancer. Il faudrait dire à quel point le doute enclenche un sentiment de fuite en avant. Se l’avouer intrinsèquement. Mais je ne sais pas où cette course infernale m’entraîne. Je tue à petit feu, je le sais. Fucking merde. Voilà ce que je suis, réellement.

On n’a pas le droit de torturer un homme de cette manière. Je l’ai encore dans la peau mais je sais que je ne dois plus vivre avec lui. Alors j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai balancé ce fiel qui m’entache la langue, Voilà, je ne crois plus en nous. Je ne crois pas que tu arrêteras de boire et que demain sera bien meilleur qu’aujourd’hui. J’en ai ma claque de ces tours de manège, ces joies extrêmes, ces descentes vertigineuses, cette violence et ces instants de grâce. Je ne veux plus de toi. Je ne tiendrai aucune de mes promesses, cette vie de galères ne me convient pas. J’ai une fille et je lui dois une jolie vie. Je ne corresponds pas à tes rêves.

Des kilomètres, des océans, des routes fripées nous séparent. Les corps flottent et la tête carbure à l’absence.

L’existence est curieuse, ne trouvez vous pas ?… Quelquefois, je la décode lisiblement. Un oiseau mort au bas d’un escalier, je sais que l’amour s’en va. Un cygne qui repose sur les vagues d’une mer argentée, je sais que l’amour s’en vient. C’est un jeu où nous suivons les règles avec trop de sérieux. Nous devrions rire de demain puisque rien n’existe. Cette possession que l’on s’octroie avec fourberie ne tolère aucun enchantement. Je crève de partir. J’ai peur, toute seule, sur cette route caillouteuse. Mais je pars tout de même car nous ne sommes pas faits l’un pour l’autre. Comprends-tu cela mon tendre amour ?… Notre rencontre est un accident, une illusion optique, un mirage.

Va te bourrer la gueule. Je viens de te donner une bonne raison de le faire. Mélange les boissons des pulsions suicidaires et plonge dans ce sommeil comateux dans lequel tu t’es vautré bien avant de me connaître.

C’est un grand gâchis, je te l’accorde mais je ne crois plus en nous. Tu peux me faire toutes les promesses inimaginables, ma chair a percuté le néant et elle est en alarme. Un truc incontrôlable mais tellement ancré, que le réveil est toujours en nage, dans des eaux convulsives proches de la syncope.

Je suis perdue, je voudrais qu’une main se tende et me montre un chemin clair, joyeux, découvert, vide de toute turbulence. Un macadam serein. Mais je ne percute rien. Ma boîte crânienne est tétanisée à l’idée de commander même un seul mouvement pour bouger.

S’endormir et ne plus se réveiller serait le délice suprême, mais il faut toujours se lever après avoir dormi, sinon les membres s’ankylosent et les escarres se nichent en nous, brutalisant le corps sans ménagement. Et je n’aime plus avoir mal.

Les rides me prouvent que le temps me rattrape et que bientôt il va me coller au mur, me sucer toute la moelle et me niquer en se moquant. Et j’exècre son rire édenté.

Je sais que tu vas mal, que tu es blessé, grave. Je peux imaginer ta chute inéluctable et tes effluves d’alcool pour tenter l’oubli. Je me sens laide de ne pas pouvoir puiser la force d’y croire à nouveau. Mais je suis fatiguée, au bout de l’abîme, je n’ai aucune envie de te laisser une chance comme tu me le supplies, râpant la terre de tes crampes blessées. Je ne crois pas à la chance. Ce serait juste reculer pour mieux sauter. Dans quel état d’épuisement serions-nous, si je nous l’accordais ? …

Laisse-moi partir, trouve-toi une gentille femelle qui aime les breuvages et les montagnes russes. Le monde est peuplé d’âmes cassées qui nous correspondent, il suffit juste de les cueillir dans la zone-clef.

Je ne peux plus rien pour toi. Crois-moi, découvrir ma propre carence ne me rend pas légère. Je suis incapable d’escaler la fin de ce sommet qui n’en finit pas. Je manque d’oxygène. Je me sens lâche et j’ai froid dans mon urine. Va te faire foutre…. Lèche ta cirrhose et crashe ta surcharge pondérale en enfer, sans mon squelette. Je vaux mieux qu’un flash de foie éclaté.