Enfance meurtrie, victime de la barbarie des adultes

Enfance meurtrie, victime de la barbarie des adultes

Ce fait s’est réellement déroulé en algérie, plus précisément à Alger dans la Wilaya de Annaba et où une petite fille âgée de neuf ans a été torturée à mort par sa propre mère qui devait normalement la protéger de tous les dangers.

Sahar est une petite fille de neuf ans qui, comme tout enfant dans le monde entier, rêvait d’une enfance heureuse et tranquille auprès d’une famille tendre qui lui assure sécurité et protection.

Ce sont là les rêves légitimes de tout enfant dans un monde où les modestes espérances des petits tournent au drame à cause de la barbarie et de l’atrocité des adultes.

Sahar ne verra jamais ses rêves se réaliser pour la simple raison qu’elle vient d’être tuée par sa mère qui lui a fait subir les pires sévices et châtiments corporels. Son corps frêle a été torturé à mort par la personne qui devait normalement symboliser l’affection, la protection et la tendresse.

Sahar est décédée, ce n’est pas un terrible cauchemar duquel nous désirons nous réveiller, mais c’est bel et bien un fait réel qui a défrayé la chronique et que plus d’un quotidien national arabophone et francophone ont évoqué.

Sahar, qui a évolué au sein d’une famille monoparentale où la mère célibataire arrivait difficilement à assumer une réalité que toute la société condamnait et jugeait, a été violée. Violée par le traumatisme psychologique causé par le viol qu’elle subissait en permanence de la part du compagnon de sa mère, violée par les châtiments et les sévices corporels que sa mère lui faisait endurer sans relâche, violée par le silence criminel des adultes qui, ayant connaissance du calvaire incessant que la pauvre victime endurait, ont préféré ne pas se mêler des affaires qui ne les regardaient pas et contemplaient progressivement la mort lente de la petite.

Ce crime barbare s’est déroulé à Annaba où Sahar depuis son enfance a été vouée au destin le plus sombre. De père inconnu, elle a grandi dans un centre d’accueil pour mères célibataires où les adultes avaient d’autres centres d’intérêts que de s’occuper de l’éducation des enfants. Selon Akher Saâ, un quotidien arabophone qui est revenu sur les circonstances du drame, Sahar, qui accompagnait souvent sa mère dans des lieux de débauche, ne trouvait un semblant de quiétude et de stabilité qu’au sein d’une famille d’accueil chez qui elle se rendait en permanence. Selon le même quotidien, Sahar avait fait part aux membres de cette famille de son vécu douloureux et de son envie de quitter cette maison. Elle est même allée plus loin en accusant le compagnon de sa mère d’avoir abusé d’elle à maintes reprises.

Mais, apparemment, les adultes n’ont pas pris au sérieux les plaintes et les confidences de l’enfant, ce qui lui a coûté la vie puisque quelques jours après, l’enfant a été évacuée vers l’hôpital Ibn Rochd de Annaba souffrant de lésions, de blessures et de fractures auxquelles elle n’a pas survécu. La maman qui a tenté de s’innocenter a prétendu avoir maltraiter Sahar pour lui arracher le nom de celui qui l’a violée.

Une histoire qui ne tient pas debout puisque la version la plus plausible des faits est que la mère, qui a découvert son amant avec sa fille, n’a trouvé d’autres moyens pour exprimer sa colère que de rouer de coups la petite et la mutiler pour lui avoir enlevé son homme. Quelle horreur ! Voyez-vous jusqu’à quel point l’âme humaine peut-elle être atroce et barbare ? Que s’est-il passé dans la tête de cette mère au moment où elle a mutilé sa propre chair ?

Atteinte d’une pathologie mentale, aveuglée par la jalousie et la colère, âme insensible et inhumaine, la justice saura normalement prononcer la peine qu’il faut à l’encontre de cette femme. Seulement, ce fait défrayant renvoie à toute une problématique, celle de la protection et des droits de l’enfant en Algérie. Un sujet qui fait la Une des journaux et qui est au centre d’intérêt de tous uniquement le 1er Juin, journée rituellement célébrée et baptisée « Journée mondiale de l’enfance ». Ce n’est qu’au cours de cette journée que nombreux se rappellent de l’existence des enfants, mais comment la célèbre-t-on ?

En faisant le tour des centres spécialisés pour trisomiques, handicapés mentaux ou en difficultés sociales, en distribuant des bonbons et en exposant des discours qui ne peuvent être d’une grande utilité dans le cas de cette fillette victime d’atrocité humaine et qui ne peut même pas lancer un cri de détresse. En ayant écho de drames pareils, étant réellement en mesure de parler des droits des enfants dans un pays où le droit à la vie est ôté de la manière la plus ignoble ? Il faut réellement nous remettre en cause car nous sommes réellement une société qui encourage implicitement les comportements violents à l’égard des enfants en cultivant le culte du silence.

Nous omettons que nous offrons par notre attitude un terrain fertile aux agresseurs et aux pervers sexuels de toutes espèces. Jusqu’à quand ce silence ?

Violence à l’égard des enfants
Les répercussions à long terme

Combien sont-ils ces parents qui maltraitent, violentent et terrorisent leurs enfants au quotidien ? Combien sont-ils à assimiler éducation à violence physique, psychologique, privation et méchanceté ? Combien sont-ils à user de la violence comme voie unique de communication se justifiant par l‘impossibilité de rappeler leurs gosses à l‘ordre et à contrôler leur comportement insupportable ?

Combien d‘enfants sont-ils contraints de vivre dans un milieu familial pathogène auprès de parents insensibles et inhumains ? Les statistiques sur le pourcentage des enfants victimes de violence en Algérie reflètent-elles réellement la réalité ?

Certainement pas, puisque notre société qui préfère cultiver le silence n‘a pas encore atteint un stade élevé de civisme et de conscience qui pousse les personnes à dénoncer de tels agissements qu‘elles remarquent dans leur entourage et ce, même si elles ne sont pas directement concernées.

La violence à l‘égard des enfants est un fait atterrant qui progresse à un rythme alarmant. Le rapport publié par le ministère algérien de l‘Emploi et de la Solidarité sur la maltraitance des enfants dans le pays montre qu‘au cours des quatre premiers mois de 2007, la police nationale a dénombré 516 cas de violence à l‘égard des enfants, dont le décès par accident, les atteintes physiques intentionnelles, la violence sexuelle, le kidnapping, le meurtre et le viol. Toujours selon ce rapport, plus des trois quarts des cas de mauvais traitement sont le fait des parents.
Malheureusement, les parents censés être les protecteurs de l‘enfant sont ses premiers agresseurs. Des agresseurs dont il est difficile à l‘enfant de se libérer. La violence exercée sur les enfants par les parents a des répercussions ravageuses sur l‘équilibre psychologique et physique de ces derniers. Elle détruit, anéantit et cause des traumatismes psychiques qui empêchent l‘enfant de s‘épanouir dans la société. Qu‘attendre d‘un gosse dont l‘enfance a été volée et qui a ouvert les yeux sur un monde de violence et de barbaries ? Qu‘adviendra-t-il de lui à l‘avenir ? Que peuvent être les causes de la violence sur les enfants ?

Selon une étude du Secrétaire général des Nations unies sur la violence contre les enfants, présentée le 11 octobre 2006, nombreux sont les actes de violence perpétrés contre les enfants et qui restent dissimulés et sont souvent approuvés par la société.

Selon la même étude, bien que les conséquences puissent varier en fonction de la nature et de la sévérité des violences infligées, les répercussions à court et à long termes sont souvent graves et préjudiciables. Les blessures physiques, affectives et psychologiques causées par des actes de violence peuvent avoir de graves suites sur le développement d‘un enfant, sa santé et sa capacité d‘apprentissage. Des études ont montré qu‘un enfant qui a subi des violences dans son enfance risquait, plus tard dans la vie, d‘adopter des comportements à risque pour la santé, comme le tabagisme, l‘abus d‘alcool et de drogue, l‘inactivité physique et de devenir obèse.

Ces comportements, eux-mêmes, contribuent à certaines des causes principales de maladie et de mort comme le cancer, la dépression, le suicide et les troubles cardio vasculaires. Les enfants victimes de violence sont aussi plus prédisposés à la déperdition scolaire, à la délinquance juvénile, au suicide, aux fugues et au développement de comportements agressifs et violents.

La violence est une arme destructive que nous devons tous combattre en interdisant et en pénalisant sévèrement les comportements violents sous tous leurs aspects par des textes de loi clairs. Contrecarrer la violence et minimiser les dégâts qu‘elle cause ne peut se faire qu‘en sensibilisant toute la société sur ces ravages et en dénonçant tous les actes de barbarie quel que soit le contexte dans lequel ils s‘inscrivent, ce n‘est qu‘ainsi que nous pourrons, un jour, aspirer à un semblant d‘équilibre individuel et social.