Les faiseurs de la presse financière ne sont pas une caste à part, ils font grève aussi, à la façon d’obscurs salariés bafoués dans leurs droits ou leurs revendications. Ainsi la rédaction du journal Les Échos a-t-elle cessé le travail mardi après-midi à l’issue d’une assemblée générale où les journalistes ont voté la grève pour le lendemain. Car c’est en effet mercredi que le groupe Pearson doit rendre publique la cession de leur titre à Bernard Arnault, déjà propriétaire du concurrent La Tribune. Tandis que les Anglais souhaitent se recentrer sur la presse anglo-saxonne, l’entrepreneur français se verrait bien organiser des synergies avec les deux journaux, et il a pour ce faire offert 250 millions d’euros pour réaliser cette opération, soit 2 fois le chiffre d’affaires du quotidien économique. Les employés de La Tribune ne sont pas contents non plus, et affirment que si on fusionne les deux quotidiens économiques, on sait qu’il y aura du sang sur les murs, surtout pour nous, et les rédacteurs des Échos, sachant que l’acquéreur est présent dans les secteurs du luxe, du vin, du bâtiment, de la distribution, sans compter la proximité indéniable de Bernard Arnault et Nicolas Sarkozy, se voient mal être amenés à faire la publicité des nombreux produits de leur futur patron. Sans compter que Bernard Arnault est réputé pour son cynisme dans les affaires, n’ayant jamais hésité à revendre en appartements les entreprises qu’il acquiert, pour n’en conserver que les plus beaux fleurons. Qui ne se souvient pas de la triste fin de la Samaritaine en juin 2005 ? Décidément, Les Échos n’ont pas le sens des affaires…
En ce moment, la presse est tout, sauf à la fête !
Deux financiers sont prêts à faire un bon profit
Sur un journal qui va s’en trouver déconfit,
La rédaction s’en doute et n’est pas satisfaite…
De deux canards, on n’en fait qu’un : elle est refaite
Et sur la place, au fond, tout le monde est confit,
À part la grève, on n’a rien fait, mais ça suffit !
La profession a l’air quand même un peu surfaite.
On aurait aimé voir ces finauds d’échotiers
Se montrer plus adroits que de frustes soutiers,
Car la finance, ils n’ont que ce mot à la bouche.
Si faire un sort public au plan de ce raider
Pour qu’il renonce au gain comme un vin qu’on rebouche,
Hélas, nos gens de presse ont toujours manqué d’air.
Quelques marques appartenant à Bernard Arnault :
La Tribune
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| Maroquinerie Céline |
Dom Pérignon |
Parfums Dior |
