Les Désirs de Sarko aux Prises avec la Réalité

Les Désirs de Sarko aux Prises avec la Réalité

Le désir peut-il se satisfaire de la réalité ? La rédaction du journal Le MAGue a planché sur la question sous l’angle de l’actualité. Tandis que la Gauche est encore sonnée lundi par un score en réalité pas si calamiteux, Nicolas Sarkozy reçoit les syndicats d’enseignants à qui il annonce sa décision d’abroger les décrets de Robien qui ont empoisonné le climat des salles des professeurs durant l’année scolaire. Pour la Gauche, c’est cadeau ! La veille au soir, invité sur les écrans de France2 à réagir aux résultats du scrutin, Jean-Louis Borloo s’amuse en off : et ce n’est pas fini, il y aura encore un ou deux secrétaires d’État venus de la Gauche. Moins elle obtient de sièges, et plus ses adversaires lui font de la place. Pour Jean-Pierre Raffarin, c’est normal : lorsqu’on gagne, on tend la main. Que ne l’a-t-il fait en 2002 ? Nicolas Sarkozy, le chef de clan, est-il devenu le champion de l’ouverture ? Irait-il jusqu’à faire une politique de gauche, ou en tout cas pas trop sectaire ? Ses concurrents déçus s’en moquent, ils en sont à régler leurs comptes sur la place publique, ce qui n’est pas pour arranger leurs affaires : François Hollande, en interdisant tout accord avec le MoDem, essaie de dégommer son rival Arnaud Montebourg, en difficulté dans la 6ème circonscription de Saône-et-Loire, tandis que Malek Boutih, mécontent de son parachutage, l’accuse de l’avoir envoyé au casse-pipe en Charente. Et ce sera encore aux responsables de l’Exécutif de recoller les morceaux. Le chef de l’État, qui souhaite donner un statut à l’opposition, s’est déjà déclaré ouvert à la proportionnelle avant le 1er tour, et François Fillon va faire la leçon aux parlementaires de l’UMP toute la journée de mardi. Pourquoi les vainqueurs font-ils ainsi profil bas ? C’est le prix de la paix des braves.

Quand la défaite est là, l’ambiance est mortifère,
Le désir, l’avenir sont alors des mots vains
On envie un peu plus le chœur des échevins
Qui n’ont qu’à dire en fait, pour voir leurs vœux se faire.

En face, on est plombé par la triste atmosphère,
Donc on cherche à tout prendre à combler les ravins :
Sans avoir nul besoin d’invoquer les devins
On sait qu’ils vont pouvoir de mieux se satisfaire.

Tout prendre : oh ! la vilaine envie au fond du cœur
Quand le butin fait le bonheur de tout vainqueur,
Il faudrait en rabattre et faire à celui qu’on a eu

La fleur insigne, aussi, de panser ses blessures
Pour éviter plus tard un grand tohu-bohu :
Les faits n’ont pas produit le fruit des valeurs sûres !

 

Raphaël Enthoven a traité le sujet pour Le Figaro :