Le coût de la vie/ Le goût du Prout

Hier, peu après minuit, je sors d’une salle obscure située face à l’eau sur un quai parisien. Je viens de m’avaler 1H30 de soporifique. Je vous rassure, ma place était gratuite. Je suis avec mes deux potes, CVDP et FV. Je vous laisse compléter les points soulignés.

Sur l’autre rive, un ballet d’ombres menaçantes. Je distingue tout d’abord, les chiens et les laisses. De suite, l’adrénaline prend possession de mes veines. Mon corps se met aux aguets. Je pense combat de molosses avec un pari à la clef. Je vois déjà les peaux déchiquetées, les morsures canines impavides et la fièvre irraisonnée de la rage sous-cutanée. Mais la lumière tournoyante me renvoie la panoplie bleue nuit d’une patrouille de flics contrôlant des promeneurs. L’eau me sépare de cette scène. Au fait, quel est le coût d’une vie ?....

Expliquez-moi, pourquoi des hommes vraisemblablement d’origine orientale sont plaqués au mur, menottés, palpés et contrôlés par des gardiens aux matraques nouées à la ceinture, dans un lieu déserté plongé dans une pénombre malsaine. Une demande d’identité, doit se faire sous un réverbère, en pleine lumière avec les codes de civilisation convenue. Bonjour Monsieur, vos papiers SVP ?... De temps en temps, un cri s’élève, les cerbères tirent dangeureusement sur le cuir tétanisant, les bâtons dansent. Frappent-ils aux jointures ou aux endroits des bleus qui fuguent ?... La lumière qui va et vient est d’une traitrise sans nom. C’est sûr, les hommes aux teintes tannées se pissent dessus. Ca fout la trouille, l’injustice et l’aléatoire. Au fait quel est le coût d’une vie ?...

En un laps de temps relativement rapide, j’ai une photographie de notre société actuelle. Une industrie cinématographique agonisante où le rêve est banni, une civilisation fliquée où la liberté est muselée. Ca donne envie de braquer une banque pour produire des films nageant dans l’extase, la frénésie, l’intelligence et les grains de folie. Il faudrait avoir le courage de poser des bombes à l’avance sur recettes qui engendre en bonne mère maquerelle matée, la pitance laborieuse du politiquement correct. Il faudrait casser les télés qui sont dirigées par une dizaine de programmateurs au gôut douteux, fossoyeurs du cinéma et de l’imaginaire. Il faudrait être des électrons libres, sortir de nos caves et cracher notre semence juteuse...

En attendant, le téléfilm de Le Guay est une suite de clichés sirupeux. Une grosse truie, jouant mal l’ouvrière licenciée qui propose en ultime recours son cul ou un gâteau au chocolat pour payer ses dettes, une bécasse à la dérive d’être, jouant mal la pauvre petite fille riche, un plouc dilapidant son fric, jouant mal l’homme généreux qui ne sait jamais recevoir, un cadre bouffi, jouant mal le constipé radin, une pute inodore, jouant mal le mannequin sortie d’un défilé mondain, un patron ect... ect... ect... J’ai du en oublier, mais cette liste consensuelle me gave les neurones....

Vous l’avez compris, ce téléfilm sorti en salles pour plaire au troisième âge avancé, est mou, didactique, aseptisé, moralisateur, sans énergie... En plus, pas de chance, avec la canicule, les vieux, ils tombent comme des cantharides assoiffées... Je suis certaine qu’ils auraient préféré Soleil vert si on leur avait laissé le choix ou l’Argent de la vieille.... Au fait, quel est le coût d’un prout sur un écran géant ?...

"Le coût de la vie", Philippe Le Guay, avec Vincent Lindon, Fabrice Luchini, Claude Rich et Islid Le Besco.

"Le coût de la vie", Philippe Le Guay, avec Vincent Lindon, Fabrice Luchini, Claude Rich et Islid Le Besco.