Benoît Poelvoorde est arrivé près de chez vous !

Benoît Poelvoorde est arrivé près de chez vous !

En l’an de grâce mil neuf cent nonante deux, alors que je vivais dans cette belle terre d’accueil qu’est la Belgique, j’ai pu voir pour la première fois au cinéma « C’est arrivé près de chez vous » qui est un chef d’œuvre du genre. C’est un film de Rémy Delvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde (3 potes de lycée), avec la participation de la truculente ardennaise Jacqueline (la vraie Maman de Benoît) au bel accent chantant et traînant Namurois qui m’évoque les bons biscuits spéculos trempé dans un café crème.

Benoît Poelvoorde est un avant-gardiste à l’humour plus que noir et décapant qui, à travers ce film, fait l’apologie d’un fait de société moderne qu’on ne nomme plus la curiosité… mais tout simplement le voyeurisme malsain. Dans « c’est arrivé près de chez vous », il se permet d’aller jusqu’à l’extrême limite du supportable et accentue les traits d’un tueur solitaire, sanguinaire et voleur, en témoignant de ses crimes odieux face à une caméra qui pourrait ressembler à toutes celles de la « télé-réalité » d’aujourd’hui. C’est du « grand guignol » qui porte le message de notre monstruosité dans laquelle on est prêt à voir n’importe quoi, pourvu que ce soit sensationnel, sanguinolent et cadavérique. Quant aux dialogues, ils sont odieux, du style : « Dans dix ans, elle sucera des bites comme sa mère, mais elle ne le sait pas encore, d’ailleurs a-t-elle déjà vu la couleur d’un gland ».

Ce genre d’humour cyniquement glacial et morbide nous invite à rire, parce que l’esprit de tout un chacun a été au moins une fois traversé par une pensée meurtrière à l’encontre d’un de nos congénères. Nous avons réussi à dompter cette impulsion parasite, mais nous savons qu’il nous faudra toujours être vigilent et sain d’esprit pour ne pas franchir le pas… ce qui n’est pas toujours évident ! Poelvoorde est un orfèvre, un maître en la matière puisqu’il nous fait voir ce que nous pouvons devenir, par son message psychologique puissant dans lequel même Gérard Miller est dépassé.

Benoît Poelvoorde à un talent à la Louis de Funès, ajouté à cette pointe d’accent wallon qui embellit ce personnage fantastique. Il est un régal pour nos yeux et nos oreilles. Il sait se glisser dans la peau de personnages autant ignobles que sympathiques. Ce namurois plein de vie est certainement l’ami idéal parce qu’il est resté simple. Les Belges n’apprécient guère les gens qui se la pète ! Ben, comme l’appellent ses amis, est un brave type plein d’humour décalé qui fait le bonheur de tous.

Comment ne pas être admiratif devant sa prestation de Claude François dans le film « Podium » ?!

Ben n’a pas fait que du cinéma, il est artiste aux multiple facettes et est passé par le dessin puis le théâtre. N’oublions pas qu’il a reçu le Prix de l’interprétation masculine « Jean Gabin » en 2002… ce n’est pas pour rien !

Je me désespérais de revoir un véritable acteur comique de la trempe des Fernandel, Bourvil et de Funès… me voilà à présent rassuré et heureux car Poelvoorde nous amène une vraie bouffée d’oxygène frais, d’authenticité et de rires jusqu’aux larmes. Ben est certainement le meilleur médicament qui soit contre la morosité et les états de détresse passagers… malheureusement il n’est pas remboursé par la Sécu. Un mec comme celui-là ne s’invente pas… il est !

Mon rêve serait d’aller boire une délicieuse bière belge, en sa bonne compagnie, à Namur ou ailleurs en Belgique et ensuite partir guindailler (synonyme de faire la fête), comme on dit là-bas.
Benoît Poelvoorde est un magicien enthousiaste qui transforme la tristesse en sourire et le sourire en rires, alors qu’il en soit ici mille fois remercié.

Je lève ma choppe à ta bonne santé, Ben !