Daniel CHOCRON, un « cinglé » du cinéma

Daniel CHOCRON, un « cinglé » du cinéma

Si un jour de novembre 2006 vous étiez entré dans le « Vaisseau Fantôme » quai de la Seine vous auriez peut être eu la chance d’y rencontrer Daniel en train de parler avec Jean Jacques Beneix venu se raconter à la TV . En effet, cet historien du cinéma s’est muté en rédacteur en chef – interviewer - programmateur de l’émission « Les Cafés » de la chaîne La Locale ( bouquet TPS).

Daniel Chocron : vous avez un parcours atypique particulièrement passionnant ; pouvez vous en dégager les points forts ?

Je suis né à Casablanca mais j’ai été élevé à Paris. Après avoir passé un Bac littéraire, j’ai fait des études d’histoire de l ‘art, philosophie, et cinéma. Tout ceci m’a amené à devenir rédacteur en chef adjoint de la revue « Films » et participer au mouvement des Cinéclubs.

En 2002 j’ai fondé le « Vaisseau fantôme » avec Pascal Pistonne, puis en 2004 l’émission « Les Cafés » avec le réalisateur Serge Gauthier Pavlov ; enfin la production « l’Autre film » avec ce même réalisateur en 2006. C’est ainsi qu’on pu être produit des dizaines de collections , ; en tout une centaine de films ( voir lautrefilm.fr )
J’écris, j’enseigne et je donne également des conférences sur sur le cinéma.

Votre goût pour le septième art est nécessairement la cristallisation de contemplations fortes, d’émotions qui ont jalonné votre histoire…

J’ai toujours été attiré par les œuvres de réalisateurs tels que John Ford , Marneau, Eisenstein, Lang ; ils ont tous apporté beaucoup au cinéma. Ils m’ont fasciné par leurs travaux de mise en scène et l’esthétique qu’ils ont pu en dégager. Plus que des auteurs :des novateurs qui ont apporté beaucoup , d’une empreinte indélébile.

Oui, en quelque sorte les architectes des colonnes d’un temple . Mais comment en vous s’est développé cette hypersensibilité et cette faculté à percevoir et analyser cette complexité ?

Mon père était médecin mais aussi cinéphile et j’ai donc été très tôt imprégné. Vous parlez de sensibilité : bien entendu , elle m’a porté à m’intéresser particulièrement à Ford et Mizoguchi , cinéastes humanistes . Leur faculté de toucher à l’universel à travers un individu avait aussi de la valeur pour moi, couronnée par leurs qualités particulières de metteurs en scène. Ces gens sont aussi des passeurs qui offrent une synthèse des autres médias . Ceci, j’ai voulu le partager, aider les gens à devenir de véritables spectateurs.

Spectateur actif, vous devez donc être également un observateur des messages apportés par les individualités fortes et pouvant passer comme des phénomènes « émergents » dans le langage du cinéma ; au sens où ces messages étaient plutôt révélés que démontrés

Les messages philosophiques me séduisent particulièrement car ces réflexions se
présentent comme un méta langage bénéficiant de l’autorité de la projection voire de ensemble de l’œuvre filmique qui nous influence aussi . Ainsi les œuvres de Godard, Dreyer, Antonioni.
Souvenirs impérissables quand Bergman nous présente le chevalier qui joue avec la mort dans le « Septième sceau », quand Bresson appréhende le mouvement, quand Wong Kar-wai nous renvoie vers le mystère du temps à la fin de « In the Mood for love »

Tout à fait ...et il « enchaîne » dans son dernier film « 2046 » . En fait vous vivez une fascination d’intellectuel ; j’en profite pour vous demander en quelque sorte un « panoramique », de votre credo cinématographique

Alors à bâtons rompus : le grand cinéma doit s’attacher à trouver son langage ; il est langage… et le plus beau , cet art étant la synthèse tous les autres.
Son créateur principal le réalisateur, doit utiliser son vocabulaire pour toucher la sensibilité du spectateur. Le cinéaste doit aller vers l’épure , au delà de la technique il retrouve la synthèse absolue qui est l’apanage des grands .

Ce créateur est souvent engagé dans une activité qui devient mode de vie voire art de vivre comme pour ceux de la nouvelle vague.

Maintenant à mon avis le grand cinéma est surtout asiatique : japon, chine, corée.

J’ai oublié que de préciser que votre émission « Les Cafés » vous fait rencontrer beaucoup de gens importants de tous domaines , ce qui fait de vous l’ « honnête homme » accompli – me semble-t-il.
….mais Daniel CHOCRON : que faites vous dimanche prochain ?

Je vais à la campagne ; j’adore m’y promener et méditer après toutes ces rencontres et tous ces échanges à Paris.
Je vais aussi y chercher la force de m’occuper à mon retour pleinement de mes activités ; particulièrement de la production « L’Autre film » dont le développement me tient à cœur.

Crédit photographique : Jean Cemeli