Lettre ouverte à Monsieur Vincent Bolloré

Lettre ouverte à Monsieur Vincent Bolloré

Beauville, le 10 mai 2007

Monsieur,

Je tiens à vous témoigner ma gratitude à propos de la générosité dont vous avez fait preuve pour accueillir dans votre yacht notre futur Président, et lui permettre ainsi de souffler un peu après une campagne électorale épuisante.

Evidemment, il y a un certain cynisme à déployer tant de luxe lorsqu’on se proclame Président "de tous les Français, des valeurs qui nous unissent, de l’idéal qui nous rassemble". Mais au moins les choses sont claires, et chacun sait maintenant qu’à l’instar d’un Georges Bush, les ambitions personnelles et la soif de pouvoir de votre invité s’accommodent volontiers d’un peu de strass, de paillettes, et de la fréquentation de la haute société.

Je suis moins d’accord avec l’envie que vous partagez vous et lui de récupérer l’héritage de Léon Blum. A-t-il été accueilli à un moment ou à un autre par vos aïeux ? Peu importe, et même sa famille n’a pas l’air d’accord là-dessus. Ce qui est certain, c’est qu’à l’époque cet homme était âgé, malade et qu’il sortait du camp de Buchenwald. Rien que ça ! Ça devrait vous inciter à un peu plus d’humilité et de respect à son égard, et à ne pas jouer l’amalgame entre cette situation sordide, et celle de votre hôte cette semaine sur votre yacht.

D’autant plus, Monsieur Bolloré, que vous n’avez nul besoin de vous compromettre dans ce genre de déclarations. Chacun sait que l’invitation que vous avez faite à Nicolas Sarkozy est parfaitement désintéressée. Après tout, que pourriez-vous attendre de plus d’un Président dont le programme est déjà un cadeau pour des financiers de votre rang ?

Même si Monsieur Sarkozy, ami personnel d’un Martin Bouygues dont vous avez déjà tenté d’attaquer le groupe sur les terrains financiers, pourrait vous permettre d’exaucer votre rêve de racheter TF1. Ça serait à la fois pour vous une belle opération, et pour lui, qui enlève ses chaussures sur le plateau de PPDA, la meilleure façon de conserver le soutien de la première chaîne de France.

Mais qui sont ces gens sans coeur qui crient au loup ou au scandale, Monsieur Bolloré ? Des jaloux, je vous le dis… Car l’amitié est une valeur saine qui justifie les petits coups de mains entre personnes de bonne compagnie.

En ce qui me concerne, et même si elle n’est pas présidentielle, je vis aussi tous les jours et intensément au rythme de la campagne.

Dis, pour couper un peu, tu veux pas me prêter un peu ton bâteau ?

Arno.V