Michel Polac ? Connais pas !

Michel Polac ? Connais pas !

Je me souviens que "Polac" resta longtemps pour la branche polonaise de ma belle-famille une insulte semi-raciste déplaisante, un peu comme "Macaroni" pour les italiens ou encore "Bougnoule" pour les arabes. Pour ce troisième millénaire, l’insulte "Polac (1) a un nouveau sens, elle se réfère à cet obscur présentateur d’émission littéraire des années 70 que tout le monde a oublié, que le milieu a lâché et qui a fini ridiculement devant le monde et ses pairs en publiant un dramatique journal intime où il sait narrer avec romantisme et cynisme ses ébats sexuels avec un jeune garçon de 10 ans.

En fait, cet affreux bonhomme au physique improbable n’ayant réussi qu’à se "taper" entre deux lignes de coke la non-farouche Françoise Sagan - bonjour tristesse, bonjour misère sexuelle et culte du moi décadent - est tombé au bon endroit au bon moment, dans un désert cathodique et culturel qui aurait tout aussi bien rendu spirituel et cultissime n’importe quel zouave sachant aligner trois mots et pouvant lire en réunion avec des lunettes de presbyte.

Je n’aimerais pas qu’on me traite de "Michel Polac" car ce vieux con moralisateur de la gauche cheveux-en bataille et mèche rebelle ne mérite pas l’image de marque et l’aura qu’il a véhiculée pendant des dizaines d’années. Encensé par Charlie Hebdo - des copains peu critiques et très louangeurs - et la ménagère de plus de 50 ans, Polac a toujours, en gros, misé sur cette gloriole à deux francs d’un âge qu’on a dit "doré" de la télévision publique. Sans cela c’est le vide, le néant télévisuel. Polac, soupape de sécurité, provocateur et fin lettré, pouvait-on dire de lui à cette époque ! Il aurait mieux fallu médire que dire, car dieu sait que la réalité était éloignée de cette image "proprette". Polac n’a jamais été un orateur brillant, tout juste un poussif, un démago et un piètre animateur de débat. Ce pépé alcoolisé - Polac est-il né vieux ?, la question reste posée - n’a pas apporté grand chose à la télévision et personne n’a l’inconsciense de se réclamer encore de lui.

Polac fut tout juste une boule anti-stress, le bouc-émissaire volontaire de la télévision puritaine française. Ah ! je les vois d’ici les afficionados de Polac - La vieille France moisie faussement libérée, la gauche "réac", intouchable et pseudo intellectualisée qui lit Télérama ou pire encore se farcit toutes les semaines la chronique d’Alain Rémond - avec leur dégaine, leur baise-en-ville et leurs idées rétrogrades arrêtées sur tout, de n’importe quelle manière.
Le grand tournant de la vie de Polac fut sans doute ce licenciement non-abusif de TF1 qui l’a rendu riche mais aussi et surtout aigri, triste et jaloux de son prochain. Cet individu moyen - un archétype du français moyen ? Polac est-il le Villeret du pauvre ? Chausse t’il du 42 comme la moyenne française en la matière - avait dû se rendre à l’évidence, son petit manège ne prenait plus et ses râleries de schtroumpf grincheux avaient fait leur temps. Plus personne n’était dupe , ENFIN !. Out Polac, ringard, has been ! Au placard, place à ceux qui ont la fougue, la créativité et le talent, plus d’antenne pour les dinosaures rampants, les frustrés qui ne vivent que dans leur propre passé sans relief et sans talent.

Polac né du sperme atrophié du Dieu Média rendit ses dernières armes dans cette émission non-diffusée de la cinquième fort justement intitulée (dernières)"Ripostes". Le vieux mousquetaire décati s’effaça de lui-même face à un Marc-Edouard Nabe en plein forme et tailla des deux mains sa propre Pierre Tombale en accusant de tous les maux celui qu’il avait reconnu des années plus tôt comme l’écrivain marquant de notre époque, le traitant de tous les noms d’oiseaux et de tous les racismes.La scène la plus édifiante de cette non-émission fut sans doute le moment où l’odieux Polac se jeta sur la co-présentarice Dorothée Woilez, lui arrachant ses notes, hurlant sur Nabe, se tenant la poitrine, avalant ses cachetons, et gesticulant comme un fat au bord de l’apoplexie.

Dernier sursaut d’orgueil avant l’enterrement final sans fleurs et sans couronnes, il exigea et obtint finalement comme grâce ultime après s’être rendu compte de sa défaite pitoyable, que personne n’assiste jamais à ce spectacle honteux, l’auto-sabordage d’une baudruche médiatique sans essence et sans panache. Espérons qu’un jour cette émission sera visible par tous pour que les derniers sympatisants polaciens se rendent enfin compte de la mort de leur idôle. Le prochain congrès du mouvement polaciste risque bien de se réunir dans une cabine téléphonique (..)

Polac c’est l’histoire d’un homme qui rêva d’être un écrivain. Dans ses rares moments de lucidité il va même jusqu’à nous le révéler lui-même : "Ecrire c’est passer son temps à préparer un cadeau surprise pour une fête qui n’arrive pas" dit-il hors de lui dans "Hors de soi". Ce n’est pas en fréquentant ses idôles qu’on devient plus doué. Polac c’est la panne sèche, la personnification de l’impuissance castratrice. Polac est mort d’avoir voulu dépasser les limites de sa propre médiocrité.

(1) Utilisation de la variante "lacpo" en verlan dans certaine banlieue mais tic de langage tout de même assez peu usité.

(1) Utilisation de la variante "lacpo" en verlan dans certaine banlieue mais tic de langage tout de même assez peu usité.