Ciel Chargé sur la France

Ciel Chargé sur la France

L’affront du 21 avril est effacé, titrait Libération au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle de 2007, satisfait de voir le chef de file de l’extrême droite relégué à la 4ème place. Pour autant, les électeurs putatifs de Jean-Marie Le Pen n’ont pas donné leurs voix à la candidate de la Gauche, dont le score est à son plus faible étiage. Il semble que l’électorat populaire a été plutôt séduit par le dynamisme échevelé de Nicolas Sarkozy, ses incantations ouvriéristes, son ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale… Le plein des voix est fait par les deux camps qualifiés pour la finale, il faut maintenant se partager les 18,54% d’électeurs de François Bayrou, qui n’a pas l’intention de s’en défaire. Il cherche à transformer l’essai qu’il a marqué en employant sa dynamique de campagne, et a donc accepté la proposition de débat public de Ségolène Royal. Ce vœu ne fait pas l’affaire de Nicolas Sarkozy qui poursuit la sienne en élargissant vers les élus centristes sa politique de ralliements qui a si bien fonctionné depuis le 14 janvier. Interrogé sur TF1, il conteste en comparant l’élection à une compétition de football que le compétiteur éliminé reste en piste, et considère que sa place est ailleurs, qu’il fait autre chose. La tension monte, Nicolas Sarkozy se comporte comme le Berlusconi français, déclare Arnaud Montebourg jeudi, et vendredi matin, François Bayrou affirme que le candidat de l’UMP a exercé des pressions pour empêcher la tenue du débat télévisé qu’il devait avoir avec Ségolène Royal samedi sur l’antenne de Canal+, sans toutefois en apporter la preuve. Plus tard, Simone Veil dénonce la haine de François Bayrou envers Nicolas Sarkozy, et ce dernier des propos diffamatoires et injurieux. À l’heure où nous écrivons ces lignes, c’est RMC Info qui a emporté le morceau, et le débat est retransmis samedi entre 11h00 et 12h30 sur la TNT par BFM Télé. En évoquant l’extrême-centre, il me vient à l’esprit telle sentence de mon prof d’Histoire qui s’y connaissait en la matière, puisqu’il se préparait à prendre la relève de Me Tixier-Vignancourt à l’époque : en politique, il est essentiel de désigner l’ennemi

Après avoir teinté le scrutin de rocou,
Le candidat centriste a du mal à s’y faire :
Son élimination ne peut le satisfaire
Car il se voit plus tard avec la corde au cou.

Il se maintient dans le débat comme un coucou
Pour voir s’il y a là moyen de se refaire,
Tout le monde a senti surgir la sombre affaire :
On dénonce à l’envi des procès de Moscou.

Ceux qui se sont réjouis d’avoir montré dimanche
Que nos démons vont perdre en un seul coup la manche,
Vont donc s’apercevoir qu’ils n’ont pas disparu.

Il se voyait déjà tout en haut de l’affiche
Et il fait tout pour être à tout prix secouru,
Le sort n’est pas en sa faveur, mais il s’en fiche !

 


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