Interview : Didier Super et moi : c’est pas une affaire !

Interview : Didier Super et moi : c'est pas une affaire !

« Plus j’ai la trique, plus j’ai la trouille” Ainsi s’ouvre le profil Myspacien de Didier Super. Munie de ma trique humour pince-sans-rire, j’ai fichu la trouille à l’artiste qui en est resté pratiquement muet. Historique de l’affaire :

Quand V2 m’a proposé d’interviewer Didier Super, j’ai d’abord fouillé dans la pile d’albums reçus (oui, je sais, il faudrait que je range !) en me demandant qui pouvait bien être ce chanteur dont le nom ne me disait rien (personne n’est parfait !) mais alors rien du tout (personne n’est censé être au courant de tout ce qui se créé artistiquement, si ?). En me forçant un peu, j’avais le vague souvenir d’un trublion mal embouché qui tentait de chanter faux en criant « Petit caniche, peluche pour vieux » ou encore « Arrête de te la péter ». Surprise dans la platine ! C’était lui !

Quel est donc cet énergumène à l’accent ch’ti qu’on dirait Dany Boon caricaturant un gens du Nord ?

Quel est donc ce phénomène (capable d’emplir des salles entières) qui se permet d’insulter les musiciens de l’orchestre symphonique qui l’accompagne sur son dernier album tout en assénant des blagues douteuses sur Surya Bonali ?

Quel est donc cet extra-terrestre à l’humour décapant qui renvoie Michael Youn et son petit cul poilu tout nu en orbite d’où il ne retombera pas de sitôt ?

Résultats d’une interview détonante avec un artiste qui ne l’est pas moins :

1. Bonjour Didier. Pour chanter aussi faux, vous vous entraînez combien d’heures par jour ?

Bonjour ! Surtout ne pas s’entraîner puisque chanter faux, c’est devenu un fond de commerce.

2. C’était plus facile d’asséner des vérités sur trois notes de musique que d’écrire des sketches comme Dany Boom, lui aussi un ch’ti ?

Qu’est ce qui est plus facile ? Il n’y a rien de plus facile. Cela dépend de ton talent. Selon si tu en as ou pas, tu en chies ou pas.

3. Vous utilisez l’humour noir comme d’autres écrivent des alexandrins. Vous attaquez les vieux, les enfants, les femmes, les pauvres et j’en passe. A qui ne toucheriez-vous pas ?

Justement, je suis en train de chercher à qui je ne toucherais pas pour pouvoir y toucher.

4. Finalement, où puisez-vous votre inspiration ?

Musicalement, je me tape toutes les merdes qui passent sur RFM. Celles que tu ne choisis pas d’écouter forcément mais que tu aimes bien, que c’est mortel. Après, on ne peut pas vraiment savoir d’où vient l’inspiration : une conversation dans un bistrot qui va te siffler une chanson sous le nez sans même que tu le saches… C’est le quotidien, oui, le quotidien comme à France Inter. C’est bien ça !

5. Sur cet album, remake du premier où rien n’a changé à part la musique jouée par un orchestre symphonique…

Attends, on a changé l’ordre des chansons !

sourires… Vous rotez, vous balancez des insanités les plus vulgaires. N’avez-vous pas l’impression que vous en faites justement un peu trop et que vous finissez par devenir lourdingue ?

A quel niveau ? J’ai enregistré ce machin-là en deux jours et ça m’a fait rire. Je n’ai pas cherché plus loin à savoir si on allait me trouver trop ceci ou trop cela.

6. Comment expliquez-vous que des personnes achètent vos albums alors qu’on peut très bien le télécharger sur Internet ?

Ben, je ne comprends pas non plus. Peut-être que ces gens-là ont l’impression de faire plaisir à l’artiste ? Alors que le disque me rapporte environ deux francs, tu vois ? Le fait d’avoir mes chansons téléchargées en masse me permet d’avoir beaucoup de monde dans mes concerts. C’est les concerts qui me font croûter actuellement en tant qu’intermittent du spectacle, n’exagérons rien.

7. Pendant vos concerts, vous insultez certains de vos spectateurs. Avez-vous du respect pour ces personnes qui dépensent plus de 20 € pour venir vous entendre ?

Bien sûr sinon je ne ferais pas ce métier-là ! Après, avoir du respect pour les gens, ça ne veut pas dire leur brosser le cul.

Rires. Et vous chantez « Arrête de te la péter ». Vous ne vous trouvez pas dégueulasse quelque part si on parle du prix de la place ?

Oh !!! Parce que je fais des places à 20 €, tu trouves que je me la pète ? Mais il faut bien que je nourrisse mon tourneur-producteur. Il faut bien que tout ce monde-là bouffe. Ce sont eux qui fixent le prix. Et moi, depuis que j’ai appris que le Conseil Général de Corrèze avait subventionné les Rmistes fan de Johnny pour qu’ils puissent voir Dieu à 30 € au lieu de 80, je me dis que le prix d’une place de concert, c’est très subjectif.

8. Franchement, dites-moi, vous êtes-vous déjà fait casser la gueule à la sortie d’un de vos concerts ?

Ben non ! Et tu sais pourquoi ? Rires. Non, j’attends. Et bien, quelqu’un qui serait susceptible de payer une place de concert pour voir quelqu’un, c’est rarement pour lui péter la gueule. Ceux qui pourraient lui péter la gueule, ils ne viennent pas.

9. Dans la vie de tous les jours, est-ce qu’Olivier Haudegond* est aussi grande gueule que Didier Super ?

Moins qu’avant. Maintenant, dès que j’ouvre ma gueule, les gens disent : « Oh, c’est Didier Super, il est trop marrant ! » Ça donne un côté acquis à la chose. Ce qui fait que je préfère être terne. Comme cela, j’arrive à décevoir les gens qui me rencontrent dans la vraie vie.

10. Et bien, je te remercie, Didier.

Pas de soucis !

Nous deux, ce ne sera jamais du Wagner mais c’était... super !

Rires. Bon ben, on a fait au mieux hein ? Bon après-midi, amuse-toi bien ! Ciao !

*Olivier Haudegond est le vrai nom de Didier Super

Vaut mieux en rire que s’en foutre II, Didier Super, V2

Site officiel de l’artiste