Les choix musicaux de Marie C.

Les choix musicaux de Marie C.

Nouvelle venue au Mague, la chroniqueuse musicale Marie C. nous offre pour marquer son arrivée dans notre Rédaction un florilège d’articles censurés qui trouvent bien évidemment leur place dans notre rédaction qui ne censure jamais rien qui ne déplaise à notre Fondateur bien aimé, cela va sans dire.

Gare au missile-skeud

A l’instar de Rome (ou rhum, c’est selon), l’album de Joeystarr ne s’est pas fait en un seul jour. Distillé et mis en bouteille en 110 (jours) exactement, la première mouture solo du ‘very bad boy’ d’NTM est un shot de rap qui arrache la tête et dégomme les a priori.

Desproges disait que si tout le monde vous donne raison, soit vous êtes d’une intelligence remarquable, soit vous êtes le patron. C’est vrai, mais pas seulement. Par exemple, ça marche aussi si vous êtes un rappeur notoirement connu pour avoir le verbe tranchant comme une griffe de Jaguarr, et judiciairement fiché pour avoir un caractère d’hôtesse de l’air, du genre bien ‘trempé’ quoi ! Or, dans le cas de Joeystarr, on a comme un problème... car entre toutes les casquettes que revêt le bonhomme (celle de fin producteur, de boss du label B.O.S.S, d’animateur/agitateur radio, et évidemment, celle de rappeur chatouilleux), on ne sait plus exactement pour quelle raison tout le monde lui donne raison. Une chose est sûre, l’ex cador d’NTM revient aujourd’hui avec sa casquette de rappeur vissée jusqu’aux yeux, et met tout le monde d’accord sur le fait que, même après quelques années passées dans/à l’ombre, le b.o.s.s du hip hop hexagonal est loin d’avoir ‘rappé’ son dernier mot.

« C’est clair que t’as toujours un peu l’appréhension de savoir ce que les gens vont penser de ton album. Même si toi tu es content du résultat, l’avis des autres est quand même important...

Cela dit, ça ne m’empêche pas de dormir la nuit ! » assure le rappeur en pouffant, « En fait, ce qui me met davantage la pression c’est de monter sur scène, parce que c’est à ce moment là que tu vois si t’as fait du bon boulot ou pas ». Entre ses textes engagés (‘Chaque Seconde’) et enragés (‘Bad Boy’), ses compos teigneuses (‘Soldat’) et audacieuses (‘Carnival’), le gars n’a donc pas trop de souci à se faire. Joeystarr impose de nouveau sa loi (et son flot rocailleux) avec un bloc de rap solide aussi bien au niveau du fond que la forme. Bref, ‘c’est de la bombe bébé’.

JoeyStarr ; Gare Au Jaguarr, Sony / BMG


Akhenaton

Depuis le succès retentissant du single d’IAM ‘Je danse le Mia’ (en 93), Akhenaton est non seulement devenu l’une des personnalités les plus médiatiques de Marseille, mais aussi l’un des fleurons du hip hop français. Il faut dire que ce fils d’immigré italien avait tout pour réussir : la langue bien pendue des ses ancêtres napolitains, le côté baratineur du ‘cacou’ phocéen, un sens inné de la rime espiègle et accrocheuse, et enfin, chose rare pour un marseillais, une soif insatiable de travail. Comme quoi, on peut très bien avoir un cheveu sur la langue sans pour autant avoir un poil dans la main !

Cela fait d’ailleurs 10 ans qu’Akhenaton sue pastis et eau pour garder à ‘flow’ IAM et sa carrière solo. Aujourd’hui, le meilleur employé du mois nous sert donc un Double Chill Burger, composé des meilleurs morceaux de ses trois galettes perso (Métèque Et Mat, Sol Invictus et Black Album) : soit deux CD de 17 et 19 titres (dont 8 inédits) pour le prix d’un seul. Oh peu cher ! Voila une offre qu’elle est bonne !

Akhenaton ; Double Chill Burger, EMI


Bertrand Betsch

Lorsqu’on n’a pas de bras, pas de corps, et pas beaucoup plus de coffre ; mieux vaut défoncer des portes déjà ouvertes. Profitant de la brèche percée par les Fersen, Dominique A. et consorts, Bertrand Betsch se faufile au rayon frais de la variété française, et, en bon émule un brin palot, s’improvise chantre à la grand messe des lieux communs.

Entre poncifs existentiels et rimes faciles, Betsch s’ingénie à nous rappeler que "Les Mots Ont Leur Importance", sans pour autant se fatiguer à suivre ses propres préceptes. Cela dit, la musique est très correcte, voire bonne parfois, et les influences sont variées (jazz, rock, reggae). Dommage qu’il ait mis de telles mélodies au service de textes aussi indigents… et puis d’ailleurs, quand y’a pas de chocolat, moi j’aime pas.

Bertrand Betsch ; Pas de bras, pas de chocolat, Labels, Note : 2 / 5
(A ranger : au fond de l’étagère)