Quatre candidats dans un mouchoir de poche, et malgré un débat public très suivi, toujours 37% d’électeurs indécis nous dit-on dans la presse ! Une fois encore, ce sont eux qui détiennent la clé du scrutin, ces citoyens aux intentions insondables que ne parviennent pas à décrypter les instituts de sondage qui nous présentent jour après jour des pronostics à peu près identiques sans parvenir à se prononcer clairement sur une tendance de fond. De toute façon, ils ont été désavoués par le verdict des urnes le 29 mai 2005 et le 21 avril 2002, alors… Les élections présidentielles sont pour les promoteurs d’enquêtes d’opinion une aubaine en chiffre d’affaires et une campagne de promotion formidable. Si la presse et les hommes politiques ont fait appel à leurs lumières avec une passion redoublée, voire frénétique, puisque tous les records de sondages réalisés en campagne ont été battus, les lecteurs autant que leurs clients ne sont pas dupes. Le Canard enchaîné a publié le mois dernier la façon pour le moins fantaisiste avec laquelle les instituts définissaient le score présumé du Front national, tandis que le professeur en sciences politiques Alain Garrigou dénonce l’ivresse des sondages dans un livre qui dérange. On peut également se demander quels sont ces gens qui se prêtent avec aussi peu de conscience professionnelle aux questions des sondeurs et forment ainsi un panel si peu représentatif du corps électoral. Avez-vous été sondés ? Si oui, jusqu’où ? Avez-vous participé à cette entreprise de manipulation générale ou bien avez-vous été tentés de manipuler votre interrogateur ?