Théâtre : LA FESTA…

Théâtre : LA FESTA…

Un certain dosage de lait dans une tasse de café, le port d’un pull gris ou l’achat d’un gâteau aux fraises… tout concourt dans LA FESTA à nous faire partager l’intimité d’une modeste famille sicilienne, constituée d’un trio immuable : le père, la mère, le fils.

L’histoire est plutôt flottante. Et cette comédie débute par une vague querelle, celle d’un vieux couple qui s’apprête à célébrer son 30e anniversaire de mariage. Pièce courte (environ 1 h), LA FESTA charme avant tout par la musicalité de son texte, à la fois incisif et si léger. Quelques insignifiantes disputes forment le menu principal de cette Festa aux relents de tragi-comédie.

Parfois, les acteurs de LA FESTA nous semblent tout droit sortis d’un film noir et blanc de Vittorio de Sica ou de Roberto Rossellini. Ici un réalisme social (sans emphase) côtoie le burlesque ! Et les personnages fatalistes de LA FESTA avec leur diction monotone évoquent parfois ceux d’Ionesco. On peut trouver de nombreuses similitudes avec le jeu des comédiens de La Cantatrice chauve [jouée récemment au théâtre de l’Athénée].

La scénographie de LA FESTA – deux immenses cubes abritant l’un une cuisine, l’autre, une salle de bains - offre un climat à la fois fascinant et inquiétant. Quand les personnages de LA FESTA ne se parlent plus, ils se réfugient tels des lézards dans la salle de bains. Là ils fument, rêvassent ou défèquent…

Le Bulgare Galin Stoev, metteur en scène de LA FESTA, évoque ainsi ces personnages enfermés dans le silence mais pas forcément malheureux : « […] J’ai l’impression d’avoir affaire à des personnages qui évoluent dans un système qui ne fonctionne plus du tout, mais qui n’ont aucune alternative […] »

Les trois acteurs de la troupe de la Comédie-Française nous surprennent… Encore une fois, Christine Fersen – plus de 40 ans de carrière théâtrale ! - nous offre une très belle prestation. LA FESTA s’achève en danse et chanson, ce qui n’est guère étonnant, du fait de la rythmologie prenante du texte.

Bref, cette FESTA constitue un excellent cru. Son auteur l’Italien Spiro Scimone, réputé aussi pour ses pièces « Nunzio » (1994) « Bar » (1996), « Il cortile » (2004) et « La Busta » (2006), est plutôt percutant.

On pourra voir dans les personnages de LA FESTA à la fois des êtres pleins d’humanité et… de parfaits abrutis ! A propos de LA FESTA, Stoev confiait récemment : « […] A mon avis, nos sociétés sont si malades que je ne crois plus à un théâtre qui se contenterait de critiquer, avec tout le sérieux que cela demande, nos maladies. Je crois davantage à un théâtre qui essaie de nous guérir, de nous réconcilier avec nous-mêmes, au lieu de nous diviser […] »
Il semble que le pari du metteur en scène soit réussi !

Théâtre du Vieux-Colombier
du 13 mars au 22 avril 2007
"La Festa" de Spiro Scimone

Mise en scène de Galin Stoev

Avec Christine Fersen (la Mère), Gérard Giroudon (le Père) et Serge Bagdassarian (le Fils)