Combien cela me coûte de regarder le poujadisme à la télé !

Il y a deux grands gagnants ex-æquo cette année pour le « poujadisme télévisé d’or ». Les duettistes plébiscités par le public sont Christophe Dechavanne et Jean-Pierre Pernaut avec leur émission « Combien ça coûte » sur TF1 qui battent de plusieurs longueurs leurs plus proches rivaux.

C’est une victoire éclatante, un bien beau succès qui vient récompenser « le talent et les qualités » opportunistes de toute une équipe de fiévreux « petits malins sans scrupules ».

Mais qu’est-ce donc exactement que le « Poujadisme » pour les plus jeunes d’entre-nous ? Ce terme désuet et lourdingue est la doctrine politique de l’Union de défense des commerçants et artisans, mouvement fondé en 1954 par Pierre Poujade. Péjorativement c’est devenu dans le langage commun une attitude revendicative catégorielle ou corporative. CCC, comme on dit, chaque mois « roule des pelles » aux mass populaires ou plutôt leur fait l’amour à la va-vite en ricanant un peu, en se soulageant le petit instrument et en s’en mettant plein les poches. Comme cadeau de Noël, le téléspectateur pousse même le vice jusqu’à se procurer pour une somme loin d’être modique la compilation illustrée en livre (un collector pour la bibliothèque familiale) de toute une année de chasse aux arnaques du magazine providentiel tombé du ciel (ndrl : mon mardi).
« Ce poujadisme » malsain c’est donc le fond de commerce de cette émission « vedette » de la première chaîne française qui fait la fortune du producteur recyclé et de l’animateur du JT de 13 heures depuis plus d’une décennie. Rien n’est plus consensuel, démagogique et pitoyable que ce rendez-vous mensuel proposé par Christophe le Coyote, ex animateur déchu des mardis soirs et son bras exécutant et pépère J-P P.

Ah, elle est belle la France vue par la lorgnette de ces deux-là ! ! Elle a bonne conscience, elle lutte de manière efficace contre les abus de toutes sortes, elle flatte le bon peuple dans le sens du poil sans aucune forme de culpabilité. On peut aisément résumer le concept de cette formidable émission en une phrase qui sonne comme un credo « Tous pourris sauf nous ».

C’est implacable, efficace, magnifique ! ! Enfin une émission qui ose parler d’argent sans fausse pudeur pour en débattre autour d’une table avec Smaïn, Madame de Fonteney et sa Miss France de l’année, Martin Lamotte et dernièrement en super vedette une invitée à particule ; Jennifer de Star Academy.
Un peu à la manière de Julien Courbet, sans aucun doute, mais en encore pire, elle aide le petit vieux vissé toute la journée sur TF1 à ne pas se faire arnaquer avec l’Euro, montre de belles voitures que personne ne pourra jamais s’acheter mais qui font rêver à souhait.

Le seul dénominateur commun de tous le sujets, c’est la sempiternelle question finale et rituelle « Combien ça coûte ? » accompagnée de « ohhhh ! ! » ou parfois même de « ahhh ! ! » suivant la flatulence et le nombre de zéros du chiffre en question.

Car tous les mois Jean-Pierre Pernaut et son équipe vous parlent de l’argent propre et sale sans tabou. JPP c’est un robin des bois vieillissant qui ne redistribue pas l’argent mais qui l’expose dans sa vitrine cathodique. Les arnaques et l’argent public gaspillé restent les rendez-vous phares de l’émission, sans oublier le train de vie des hommes politiques et des personnalités fortunées, le luxe sous toutes ses formes, mais aussi encore plus de consommation, de proximité et de vie quotidienne. Toujours plus pour en mettre plein la vue, c’est bon pour le commerce ! !
Cette émission devrait être déclarée d’utilité publique cela coule comme de l’eau de source. Jean-Pierre Pernaut, un brave homme dans le fond, n’y est pas animateur ou maître de cérémonie mais juste un alibi qui ramène le fidèle public du Journal télévisé. Cette émission, d’après la production, est « un tunnel », elle fonctionne toute seule, elle est sur des rails depuis très longtemps, un vrai bonheur.. pourquoi alors se remettre en questions le moins du monde. ?

Une idée en passant pour le drolatique Christophe (c’est mon comique préféré avec Jean-Pierre Voyer) et JPP, pondez-nous donc une version ado du concept, puis un magazine papier pour aller pour les avec les autres produits dérivés.

Tant qu’à avoir une bonne idée démago et piteuse et qui plaît divinement à pléthore de gens peu critiques, autant l’exploiter à fond et puis cela rejoindra les convertisseurs en euros, les tee-shirts, les pin’s qui parlent et autres objets existants déjà…. Au fait « Combien ça rapporte » (CCR) le business ?