Interview : AaRON, bienvenue en Neverland

Interview : AaRON, bienvenue en Neverland

Artificial Animals Riding On Neverland, voilà ce que signifie cet acronyme. Mais encore ? Qui se cache derrière ce nom ?
Deux garçons composent ce groupe à l’univers étrange digne d’un David Lynch, Simon Buret (chant/auteur/compositeur) et Olivier Coursier (compositeur/arrangeur).

Si AaRON ne vous dit rien, vous avez sans doute entendu le titre "U-Turn (Lili)". "U-Turn (Lili)" dont le réalisateur du film « Je vais bien, ne t’en fais pas », Philippe Lioret, en a fait la chanson du film poussant le luxe jusqu’à renommer l’héroïne de son histoire, Lili.

Un million de spectateur ont vu ce film et "U-Turn (Lili)" est sorti en single diffusé sur les ondes, plébiscité par le public. Des milliers d’internautes se sont connectés sur Myspace ou sur You Tube, « U-Turn (Lili) » a même été numéro 1 sur I-Tunes pendant un mois.

Le monde de Simon et d’Olivier est peuplé de rêves, de nos rêves : amours fantasmées, espérées ou mêmes trahies. Les mots sonnent juste. Chacun y retrouvera son enfant intérieur, celui qui doit composer à longueur de journée avec le monde qui l’entoure, celui qui utilise des faux-semblants ou des paradis artificiels pour survivre.

Echanges sourire avec un auteur charmant :

1. Bonjour Simon. Pouvez-vous m’expliquer ce que signifie l’acronyme AaRON et ce qui a déterminé ce choix ?

Bonjour ! En français, cela veut dire Animaux artificiels qui chevauchent un pays imaginaire et, en cela, on s’adresse directement à l’instinctif qui est en chacun de nous, à savoir la Terre de Neverland donc la Terre du possible et des espoirs parce que je pense que souvent, en fait, on trouve que les gens en grandissant, pour ne pas dire en vieillissant, perdent un peu cette notion d’imaginaire, de croire en des choses inconnues du quotidien, et ils perdent un peu l’espoir. Tout le monde en grandissant, à cause des buildings, de la réalité, du machin, des impôts, du béton perd un peu cette capacité à croire aux non-dits d’à côté. On exprime peut-être un message « Bienvenue dans le Neverland, tout est possible. Il suffit de s’écouter un petit peu et n’arrachez pas vos rêves tout de suite. Essayez de les faire grandir en vous plutôt que de les détacher, de les brûler… »

2. Est-ce qu’on peut dire que si vous ne vous étiez pas rencontrés tous les deux lors d’une soirée, le groupe n’aurait jamais vu le jour ou, pensez-vous que le hasard n’existe pas et que vous vous seriez rencontrés ailleurs ?

Je ne sais pas… Je ne crois pas… Il y avait quelque chose qui devait se passer, c’est sûr…. Je ne peux pas vous répondre. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que dès qu’on s’est vu, il y a un vrai lien qui s’est créé. Le premier morceau qu’on a fait, c’était Endless song. On l’a fait en deux heures de temps à peu près… C’est vraiment sincère, ce n’est pas fait pour faire joli ou quoi, on a vraiment ce lien de travail en premier et un lien d’amitié très forte qui s’est créé assez vite en fait et qui était nécessaire. On voyait bien qu’on était sur la même longueur d’ondes et qu’on avait tous les deux une boule au ventre qu’on devait poser sur la table… On se serait sûrement rencontrés de toute façon.

3. Simon, vous êtes comédien et vous dites que toutes les chansons sont autobiographiques. Si vous êtes bon comédien, doit-on vous croire ?

Oui, vous pouvez me croire ! On n’a pas essayé de construire un personnage ou quoi que ce soit. On a juste développé un univers qu’on avait à l’intérieur de nous. Il n’y a pas Simon et un Simon chanteur. Je ne me suis pas mis dans la peau de quelqu’un d’autre. Après bien sûr, ce sont mes réalités personnelles, ma perception de la vie à moi et ce qu’il m’est arrivé. Mais rien n’est inventé.

4. Olivier est musicien et pourtant, vous, qui ne revendiquez pas ce statut, avez aussi participé à la composition des musiques. Olivier a-t-il aussi envie d’écrire ?

Ah je ne sais pas. Son langage premier, c’est vraiment la musique. Il a vraiment un langage musical très fort. Peut-être qu’il aura envie d’écrire… Simplement, j’écris vraiment beaucoup, beaucoup : des textes, des histoires. Là, je viens d’écrire un scénario et j’adore ça… C’est vraiment naturel. Je suis arrivé avec mes textes et on ne s’est pas vraiment posé la question.

5. Est-il arrivé que vous vous disputiez sur un sujet ou un autre ?

Des disputes… Non, je ne pense pas. Ce ne sont pas des disputes, on est dans l’énergie du travail alors après on rage sur certains trucs… Genre : « Mais si c’est ça ! » « Mais non, je peux pas ! » « Mais si ! » « Bon d’accord. T’es sûr ? » C’est toujours dans l’excitation en fait. Mais je n’ai vraiment pas le souvenir d’engueulades… Ce ne sont pas des disputes mais des discussions actives dans l’énergie du moment. Et rares ont été les fois où nous n’étions pas d’accord.

6. U-Turn (Lili) passe sur toutes les ondes après avoir été la chanson-phare du film « Je vais bien, ne t’en fais pas » de Philippe Lioret. A quoi est dû cet engouement selon vous ?

Il y a eu ce film où la place de cette chanson est énorme parce qu’elle représente le personnage central. Du coup, les gens qui ont vu ce film ont été touchés par l’histoire et ont été touchés inconsciemment par la musique. C’était un joli cadeau que Philippe Lioret nous a fait. Après, le succès d’une chanson est assez inexplicable. Il n’y a pas vraiment de recette… Quand j’ai écrit cette chanson et qu’Olivier l’a composée, cela partait d’un sentiment très honnête et très sincère. On n’a pas pensé une seule seconde à faire un tube ou un truc pour la radio ou je ne sais quoi. C’est en anglais, ça a un tempo excellent. On a encore une fois posé notre ventre sur la table et c’est peut-être, encore une fois, ce que les gens ont ressenti au même titre que l’explication du titre de AaRON, chacun a une perception assez similaire des choses finalement et quand on arrive à être sincère, on se retrouve dans beaucoup de gens… Il y a sûrement aussi un facteur chance.

7. Votre univers est peuplé de rêves et de fantasmes et l’album est avant tout mélancolique. Rien de ce qui vous entoure ne vous fait sourire et rire ?

Si ! rires. Je ne suis pas du tout un mec triste. L’album n’est pas mélancolique, il est nocturne. Il a été fait beaucoup la nuit, question de nos emplois du temps, mais aussi parce qu’on est plus libres la nuit. Il n’y a pas de temps qui passe la nuit… Il fait noir, le ciel est noir et, du coup, c’est un temps de pause. On a l’impression que la Terre est sur pause la nuit, c’est assez agréable. Je pense que ce qui inspire le plus les gens depuis toujours, c’est plus ce qui leur a fait du mal ou souffrir que le bonheur extrême. Le bonheur extrême, on sait l’exprimer : la joie etc. Mais dès que cela devient un peu intime c’est quelque chose qu’on a du mal à dire ou alors à quelqu’un et, du coup, ce n’est pas vachement musical ou pictural ou cinématographique. L’écriture, ça aide un petit peu et c’est peut-être un peu plus simple. Mais ne vous inquiétez pas, je souris beaucoup et je rigole beaucoup et je suis très bon public. Chouette ! Chouette, je pense que c’est le mot : Chouette !

8. Seule la chanson, « Le tunnel d’or », est en français. Pourquoi avoir choisi l’anglais comme langue d’écriture ?

Simplement, on n’avait aucune logique commerciale pour cet album et on a fait des chansons avant de se rendre compte qu’on avait un album. Naturellement, j’écris en anglais parce que mon père est américain et ma mère française. Je n’écris pas en français pour ensuite traduire en anglais, je réfléchis en anglais. Ça se mélange un peu, c’est un peu bizarre mais quand on est tout gamin comme ça, on a les deux en soi et ça s’installe dans la tête… Je parle en français, je rêve en anglais parfois en franglais, c’est un mix. C’est assez naturel. Ce qui me vient en anglais, vient en anglais et ce qui me vient en français… Je ne me posais pas de question et au début, ça nous a porté préjudice puisqu’on ne voulait pas nous passer à la radio. On nous répondait que c’était en anglais et que ça ne servait à rien.

9. AaRON va-t-il perdurer ou comptez-vous poursuivre chacun vos carrières respectives ?

Pour l’instant, nous sommes dans les concerts ce qui est une découverte pour moi. L’important c’est que nous sommes dans notre bulle. Nous avons encore d’autres morceaux que nous n’avons pas mis dans cet album parce que nous voulions un truc assez homogène. Nous ne nous attendions tellement pas à ce qui nous arrive en ce moment que nous avons été un peu pressés par le temps… Nous en parlons souvent et nous avons recommencé à composer quelques petites choses. Je ne peux pas vous donner de date ni d’autres précisions mais nous n’avons pas fini de travailler ensemble, ça c’est sûr.

10. Simon, je vous remercie de ces instants phoniques et je vous laisse le mot de la fin.

Rêvez bien et les yeux grands ouverts…

*Crédits photos Vanessa Filho

AaRON, AaRON, Discograph

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