La Marguerite

La Marguerite

Le 14 février est le jour de la Saint-Valentin, le saint le plus apprécié de la liturgie catholique, mais aussi parmi les plus obscurs ! C’est en effet ce jour-là que les amoureux déclarent leur flamme ou renouvellent leurs vœux à l’être aimé, en lui offrant des fleurs, des chocolats ou un poème. Cette pratique, aujourd’hui universelle, est mal définie et se perd dans la nuit des temps. Dans la Rome antique, on fêtait les lupercales le 15 février pour célébrer le retour du printemps, et l’on organisait à cette occasion une loterie où garçons et filles en âge de se marier étaient tirés au sort pour former un couple au cours de l’année. On organisait également des sacrifices caprins, à la suite desquels les jeunes hommes se paraient des peaux des animaux sacrifiés, puis tentaient d’attraper les demoiselles qui passaient aux alentours. Le bouc, emblème du dieu Pan, était symbole de fertilité, voire de luxure. C’était d’ailleurs à cette époque de l’année qu’on observait les premiers accouplement d’oiseaux. Afin de lutter contre ces manifestations d’intempérance, l’Église a fixé la veille la fête de plusieurs martyrs, par décret du pape Gélase Ier en 498, notamment un prêtre aumônier qui avait marié des soldats pendant leur célibat forcé par le service des armes. Pour autant, elle n’a pas réussi à faire un sort à la débauche : durant le haut moyen âge, les filles célibataires allaient se cacher dans les bois ce jour-là, en attendant qu’un garçon les trouve. Aujourd’hui encore, un grand rassemblement est organisé tous les ans à Roquemaure, un village gardois dont l’église abrite une relique de Saint Valentin : une procession en costume champêtre ou traditionnel donne lieu à des réjouissances bien encadrées. Mais l’amour courtois est aussi passé par là : fait prisonnier à la bataille d’Azincourt (1415), le poète Charles d’Orléans parvient à faire passer des messages à sa fiancée Marie de Clèves en soudoyant un gardien compatissant de la Tour de Londres. Alors vous aussi, n’oubliez pas, pensez à offrir un témoignage d’affection à l’élu(e) de votre cœur. Et les présents les plus chers ne sont pas forcément les plus appréciés, un simple baiser est toujours bien accueilli !

Auprès de l’oracle à candide collerette,
Elle interroge un sort qui lui paraît charmant
Et, répétant à l’infini son compliment,
Détache un par un les effets de la fleurette.

Un peu, beaucoup, à la folie… dit la coquette,
Pour cueillir avec le mot : passionnément
Le blanc-seing merveilleux d’un galant sentiment,
Quand l’innocente ronde, au cœur enfin, s’arrête !

Si la réponse oppose à la belle un déni,
C’est seulement que le soleil au point jauni
Se tait au bord d’un bénéfice imaginaire…

Alors, l’espoir déçu suspend son vol fleuri
Au boniment mineur d’un plaisir débonnaire
Qui met au féminin le regard ahuri !

 

 

Partez dès ce soir à Roquemaure célébrer la Saint-Valentin.

 

Avec l’aimable autorisation de Frédéric R. Vignale pour l’illustration.