Le Collectif DOM se félicite de l’exclusion de Georges Frêche

Le Collectif DOM se félicite de l'exclusion de Georges Frêche

Au milieu du mois de novembre 2006, Georges Frêche, président de la région Languedoc-Roussilon et président de l’agglomération de Montpellier, après avoir traité des harkis de "sous-hommes", avait regretté publiquement qu’il y ait trop de "blacks" dans l’équipe de France de football. Le Collectif Dom avait aussitôt déposé plainte contre cet appel très clair à la discrimination raciale et il avait demandé l’exclusion de M. Frêche du parti socialiste ainsi que sa démission de tous ses mandats. Pendant deux mois, Ségolène Royal n’a aucunement réagi aux propos de M. Frêche dont le cas était renvoyé à la commission des conflits du PS fixée pour le 27 janvier.

Le 16 janvier 2007, une semaine avant le voyage que Ségolène Royal avait prévu aux Antilles, M. Frêche, président de son comité de soutien dans le département de l’Hérault, a déclaré qu’il allait se mettre en "congé" du parti socialiste pendant deux ou trois mois pour ne pas "gêner" Ségolène Royal dans sa campagne. Le lendemain, 17 janvier 2007, Ségolène Royal a approuvé cette décision. "Ce qu’il a fait est bien. On peut s’en tenir là" déclarait-elle.

Outré par cette réaction invraisemblable, le Collectif DOM a aussitôt décidé une mobilisation générale contre la visite de Ségolène Royal, prévue - comme par hasard - trois jours avant la décision de la commission nationale des conflits du PS. Il était insupportable que la candidate puisse se rendre aux Antilles tant que le PS n’avait pas exclu M. Frêche et qu’elle même n’avait même pas exigé cette exclusion. L’intervention de M. Victorin Lurel, député PS et président de la région Guadeloupe, auprès de Ségolène Royal, dont il a rejoint l’équipe de campagne, et auprès du Collectif Dom, dont il est membre, a cependant permis d’accorder à la candidate un sursis de 72 heures afin de juger sur pièces, et c’est ainsi qu’elle a pu accomplir tranquillement son périple aux Antilles. Le 21 janvier - quatre jours avant son départ - elle avait finalement pris une position diamétralement opposée à ses déclarations du 17 janvier. Cette fois, elle demandait l’exclusion de M. Frêche et regrettait qu’on ne l’ait pas suspendu plus tôt. M. Victorin Lurel avait par ailleurs proposé une rencontre en urgence avec Ségolène Royal dont le Collectif avait accepté le principe, mais après le voyage de Ségolène Royal aux Antilles et seulement au cas où Georges Frêche serait effectivement exclu du PS.

Depuis deux mois, le Collectif DOM, association apolitique et antiraciste, a exercé une pression constante et inflexible pour que Georges Frêche soit exclu du PS. Cette action a été relayée au sein même du parti par de nombreux militants, dont beaucoup sont membres du Collectif. La décision de la commission nationale des conflits d’exclure Georges Frêche est, pour une très large part, le résultat de la persévérance du Collectif qui ne peut que se féliciter d’un succès qui fera jurisprudence et amènera tout émule de M. Frêche à bien réfléchir avant de parler.Les poursuites engagées par le Collectif contre lui seront bien évidemment maintenues. L’affaire est en instruction.

Le Collectif regrette que Ségolène Royal n’ait pas attendu la décision de la commission nationale des conflits, faisant ainsi peser sur son voyage l’hypothèque d’une décision de la commission des conflits et rendant inaudible un message que les Ultramarins attendent d’ailleurs toujours. Le Collectif s’interroge sur les raisons du maintien de ce calendrier tout autant que sur les propositions de Ségolène Royal pour l’Outre-mer qui sont pour le moment inconnues.

Le Collectif DOM demande à Ségolène Royal le départ immédiat de M. Frêche du comité de soutien qu’il préside toujours (jusqu’à preuve du contraire) et la démission de tous ses mandats. Il s’interroge sur le fait que Ségolène Royal ait toléré cette présence et cette présidence pendant deux mois et qu’elle la tolère encore aujourd’hui, malgré ses propres déclarations et la décision équitable que la commission des conflits du PS vient de prendre. Une décision que Ségolène Royal n’a appelé de ses voeux qu’in extremis et sous la pression du Collectif.

Le Collectif se défend pour autant de toute implication dans la campagne présidentielle et rappelle que l’affaire Frêche, en passe de se conclure, ne doit pas faire oublier pour autant les affaires Sevran et FInkielkraut. Tout candidat à l’élection présidentielle, qu’il se rende ou non aux Antilles, doit se convaincre des à présent de la vigilance du Collectif DOM, notamment sur le racisme et les discriminations visant les Ultramarins. Cette vigilance s’étendra inévitablement aux membres des comités de soutien de chaque candidat qui n’aura pas toujours un Victorin Lurel pour le défendre et le protéger. Le Collectif DOM tient à saluer les prises de position courageuses de Victorin Lurel, un homme honnête et un élu travailleur qui, au-delà de ses engagements idéologiques, a toujours su défendre l’intérêt de l’Outre-mer et les droits de l’Homme. Il est regrettable que sa position dans l’équipe de campagne de Ségolène Royal - où les Ultramarins sont plus que rares - soit pour le moment aussi discrète qu’indéfinie.