Ecoeurement !

Ecoeurement !

La France s’est pavanée au soleil du pacifisme pendant les trois semaines de guerre éclair en Irak. Les manchettes des journaux faisaient preuve d’un étonnant souci d’indépendance et se démarquaient de la quasi totalité de leurs confrères occidentaux qui furent souvent à deux doigts de ressembler dans leurs infectives aux tabloïdes britanniques qui eux, incitaient sans vergogne à la haine raciste. Les chaînes de télévision s’efforçaient de suivre religieusement les comptes-rendus des combats mis en scène par leurs collègues américains et essayaient -ils en avaient mal au cœur- de ne pas trahir le consensus en faveur de la paix qui avait saisi leurs télespectateurs.

Le peuple, quant à lui, regardait ses collégiens et ces lycéens manifester pour le droit international avec un sourire indulgent et tendre... On croyait rêver ! Il fallait vivre à Paris pour le croire. Quelle légèreté dans le pas ! Notre vieux « ça ira » était sur toutes les lèvres… Marais, Seizième y compris ! Un printemps du peuple !
M. Chirac en anti Daladier, forcément clairvoyant, recevait à l’unamité dans la presse française et allemande le titre de Champion de la Justice, Défenseur du Monde Arabe, Petit Père des Opprimés !

Le grand homme était décidement voué à la postérité… Quelques mois s’étaient écoulés depuis son élection triomphale contre l’apocalyptique M. Le Pen. Le score aux urnes de M. Chirac était sans précédent, destiné aux livres d’école, un pourcentage digne d’une dictature du tiers-monde qui allait pourtant à merveille à une société plurielle et démocrate. Un hit ! Les spécialistes de médias étaient d’accords : tout s’expliquait par une conjoncture exceptionnelle ! Tout allait bien vite revenir à la normale... M. Mitterrand dû se retourner dans sa tombe, lui qui avait attendu toute sa vie un signe du destin qui fût à la hauteur de son ambition dévorante ! L’homme qui, selon lui, se couvrirait de ridicule une fois président, lui volait sa place dans l’éternité ! La revanche de M. Chirac était complète.

Des rangs gaullistes ont s’efforca de relancer, de toiletter l’ariette de la « grandeur de la France » bien maigrelette depuis les affaires Rwanda, Elf, Méri, etc. Unanimité encore un peu partout ! On le disait en baissant la tête, modeste : la France était quand même sacrément grande ! Et Chirac, un type gonflé ! De tenir tête, comme ça, à l’homme le plus puissant du monde ! Il ne s’agissait plus de politique, là. On pouvait le dire sans rougir, hors des passions partisanes ; chapeau Chirac ! C’était plus La Santé mais bien le Panthéon !

Tous les ingrédients de cette farse étant réunis, il ne manquait plus pour commencer le spectacle que les maîtres de cérémonie. Et ils ne faillirent pas à leurs réputation. L’ensemble des informateurs du PAF, dont la piteuse attitude lors de la première guerre du Golf nous avait fait rougir de honte, voulut voir dans ce conflit l’occasion de se refaire une crédibilité. Cette fois, avaient-ils l’air de dire, nous maintiendrons une distance à l’égard des grands monopoles de l’information américaine, nous serons beaucoup plus critiques, nous refléchirons, décortiquerons, vérifierons avant d’informer. C’est, en effet, une France « critique » avec le conflit et les intérêts américains qui se réveilla le 21 mars 2003, debut de la guerre. Et pour cause !

Le fameux quatrième pouvoir pouvait profiter de son petit retour à l’âge d’Or de la Démocratie ! Fini le « à vous Simone ! ». La presse « news » devenait « views ». Ils avaient appris la leçon, le mépris grandissant des populations à leur égard n’était déjà plus qu’un mauvais souvenir. Le grand sac que certains leur promettaient de partager avec les hommes politiques, un singe et un coq pouvait repartir dans la remise du tribunal du peuple !
Ne se démarquaient-ils pas maintenant des médias américains ? Des modèles d’indépendance il n’y avait encore pas si longtemps ! Des modèles qui s’étaient brusquement retournés contre la Liberté pour comploter avec le grand capital ! Comment cela avait-il pu arriver ? Les médias européens étaient médusés, ébaubis ! (...)

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