Tristane Banon, la trapéziste littéraire

Tristane Banon, la trapéziste littéraire

Tout est dit dès la première phrase d’introduction. "Rien n’est inventé mais tout est faux".

Tristane Banon réinvente et s’approprie l’autofiction avec une inventivité et une sincérité qui forcent le respect et l’admiration.
Tristane Banon est une trapéziste audacieuse tellement généreuse, jalousée et facile à stéréotyper que d’aucuns auront vite fait de classer son roman dans des catégories péjoratives où s’expriment des jolies jeunes femmes médiatiques.
C’est une grave erreur, Tristane Banon nous offre avec "Trapéziste", un deuxième roman à la hauteur de son premier "J’ai oublié de la tuer" et montre qu’il faudra, désormais, compter avec elle et sa voix si originale et moderne au premier plan de la littérature qui touche, émeut et s’exprime en toute liberté.

"Flore Dubreuil n’est pas si frivole que ça"
D’abord cette trouvaille d’entrée sur le prénom du personnage.
En effet cette jeune beauté urbaine gâtée par la Nature s’appelle Flore comme le nom du célèbre Café de St-Germain où il fait bon aller boire un verre de Champagne.
Flore est pleine de contradictions, à la fois fragile, naïve, gracile, appétissante et dynamique, croyant au prince charmant comme toutes les petites filles même si elle navigue dans un monde d’apparence et de superficialité. Car on peut rester pure, honnête, pleine de vérité dans le monde très parisien de la télévision, des Arts.

Flore est à la fois une proie et une prédatrice, elle navigue dans ce monde du "name droping" à la recherche de ce qui peut faire battre son cœur d’un rythme particulier, à la recherche d’une part d’humanité dans ce monde de miroir.

Son existence est rythmé par les relances bancaires, les avis d’huissier, chaque chapitre commence par un décompte de son découvert qui baisse ou augmente selon les situations.

Rarement un auteur a été mis autant de soi dans cette mise à nu et en abymes qu’est l’expérimentation littéraire de haute volée.

La forme, le ton, l’écriture, ce parti-pris de jouer les acrobates entre plusieurs réalités, le futile et le plus profond des choses est un tour de force admirable qui retranscrit un microcosme avec bien plus de pertinence que les livres publiés par les habituels Germanopratins.

Etre aimé au-delà des apparences dans une quête identitaire jamais vulgaire ou archétypique était un pari difficile et Tristane Banon s’en sort avec les honneurs.

Roman sociologique, introspectif, médiatique, psychologique et psychanalytique, "Trapéziste" est le tome 2 de l’histoire d’une très jolie femme en quête de sens pour laquelle la rencontre d’amour prend le pas sur tout le reste.

La mal aimée continue à nous faire vibrer, à nous entraîner dans son monde à la focale sensible, elle a grandi mais elle est toujours la même, atypique, talentueuse, hors norme et donc forcément isolée.

Un roman qui se dévore très vite dans une frénésie belle et captivante. Tristane Banon ne ressemble à personne. Tant mieux elle n’en est que plus précieuse encore.

Trapéziste, Tristan Banon, Roman, Anne Carrière, Editions Anne Carrière

Trapéziste, Tristan Banon, Roman, Anne Carrière, Editions Anne Carrière