De l’homme ou de la bête : objectif Plaisir ?

De l'homme ou de la bête : objectif Plaisir ?

L’homme diffère-t-il de l’animal ? Je veux dire fondamentalement. Bien sûr, il parle, rit, a une création artistique et technologique qui certes le distingue de l’animal. Il lui arrive même de croire que l’acte sexuel n’est pas indispensable à sa survie. C’est dire s’il est différent d’un animal. Mais au fond de lui, une fois qu’on a retiré l’emballage, qu’est-ce qui reste ?

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Henri Laborit nous explique, et je pense que n’importe quel médecin pourrait faire de même, que l’homme possède un cerveau différent des animaux comportant un « cortex cérébral [qui] fournit un moyen d’association d’éléments mémorisés ». Pour être précis, Laborit dit : « chez les êtres les plus évolués », ce qui sous-entend que l’homme n’est pas le seul à posséder cette caractéristique parmi les animaux de la planète. Il semblerait cependant que chez l’homme, le cortex cérébral « prend un développement considérable. » ça n’est donc qu’une demi différence.

Bon. Mais à quoi sert donc le cortex cérébral ? Vous me répondrez : « c’est un moyen d’association d’éléments mémorisés. » Bravo ! Vous avez été attentif au paragraphe précédent, mais encore ? C’est le machin qui nous permet d’avoir de l’imagination. Et comme il est plus développé chez les hommes que chez les autres êtres vivants, l’homme est censé avoir plus d’imagination. Est-ce que cela suffit pour dire que l’homme est différent de l’animal ? Je pense qu’il est bon de rappeler pour mémoire qu’un être se définit par ses actes.

Or, Laborit explique que les animaux gérés par un système nerveux ont comme programmation inconsciente la recherche du plaisir. Et pour ce faire, la plupart ont recours à la domination, ce qui permet au dominant d’obtenir du plaisir au détriment du dominé.

On s’aperçoit, avec un peu d’attention, que l’homme n’échappe pas à cette règle. Le banquier a plus facilement accès au plaisir que l’ouvrier, d’autant plus qu’aujourd’hui, les besoins sont nouveaux et perpétuellement entretenus par la publicité, assurant les ventes et ainsi la domination de ceux qui produisent sur ceux qui achètent. C’est plus complexe que ça, me direz-vous, puisque ceux qui produisent achètent aussi. Certes, mais si on rentre dans les détails, on n’a pas fini. Si vous voulez, on en reparlera à l’occasion.

Bref. Quand on se penche un peu sur la question, on s’aperçoit que l’homme a cherché à marquer sa différence sur l’animal en sophistiquant les moyens de communication, les vêtements, les objets utilisés. Et pour cela, il utilise son imagination débordante. Mais fondamentalement, il recherche toujours la domination au même titre que le chien ou le rat.

On pourrait alors conclure que l’homme n’est pas différent de l’animal. Mais ça serait trop facile. En fait, on peut voir (ou croire) que l’homme a le potentiel pour vraiment dépasser l’animal, puisqu’il est censé avoir une imagination tellement supérieure ; mais tant qu’il ne l’utilisera pas à inventer autre chose que la domination pour gérer son organisation sociale, il restera un animal. Et encore, je n’ai jamais entendu parler de structure de dominance chez les dauphins… Aïe, si j’ai raison pour les dauphins, la barre est vraiment haute !

J’en vois déjà qui vont me dire : « mais pourquoi l’homme cherche-t-il a être différent de l’animal ? » C’est pourtant simple : l’homme ne cherche pas à être différent en soi, puisqu’il l’est sous bien des égards, mais il cherche à être supérieur. Pourquoi ? Mais pour affirmer sa domination, voyons !

Eloge de la fuite, Henri Laborit (éd. orig. Robert Laffont ; réd. Gallimard coll. folio essais), 192 pages, pas cher.
La nouvelle grille, Henri Laborit (éd. orig. Robert Laffont ; réd. Gallimard coll. folio essais), 352 pages, pas cher.

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