Charitéléréalité

Charitéléréalité

Puisqu’on a fermé le loft, brièvement loué les vainqueurs et vendu aux enchères le mobilier, que l’Ile de la tentation n’est plus tentante que pour quelques shows post prime time, et que la Star Academy ne pète plus, ne drague plus mais chante et puis voila, il ne restait ce week-end qu’à se retourner vers l’indéboulonnable ancêtre de la télé réalité : le Téléthon.

24h sur 24 sans supplément et sur une chaîne publique encore. Le rêve. Un casting impressionnant, Axelle Red, Hugues Auffray, Michel Boujenah. Des duplex à foison. Des pompiers. Des andouilles géantes. Des chèques énormes. Du rire, des larmes, de l’émotion sans garde-fou, sans censure et sans directrice du château ni professeur de danse. Bien sûr on y chante un peu, beaucoup même, mais sans prétention, et surtout, surtout, puisqu’il est question de service public, le bon esprit règne en despote. Ici on n’élimine pas, monsieur, on ne vote pas pour faire sortir les candidats. On ne se juge pas. On téléphone bien sûr, on y laisse de l’argent oui, mais dans une transparence impeccable, d’ailleurs un compteur géant témoigne de l’honnêteté bluffante des organisateurs. Rien de tel, vous en conviendrez, sur le plateau de la Star Academy.

Jane Birkin, invitée du beau Nikos samedi soir, a d’ailleurs pour la première jeté les bases d’un rapprochement entre les deux chaînes. Grosse surprise, et malgré les fiches sur papier millimétré du présentateur, Jane prend l’initiative de vendre la concurrence, exhortant les masses à taper quatre chiffres sur le combiné : le 36 37. Nikos embarrassé, appuie bien sûr l’initiative mais trop tard. Gentil paon sur écrin de paillettes, il passe pour l’égoïste au chaud du parterre de stars pendant que Gérard Holtz se les gèle à Rennes au milieu d’une chorale de charcutiers.

Mais qu’on ne s’y trompe pas. Même si l’initiative ne lui appartenait guère, Nikos rappela - en toute fin d’émission - qu’il fallait voter, appeler pardon le 36 37. De son coté, pas une fois, PAS UNE FOIS, Sophie Davant n’appela à voter George Alain, preuve évidente de la grandeur d’âme d’Aliagas, et de l’égoïsme de Davant. Les téléspectateurs jugeront.

Dimanche matin. Je rallume la télévision. Sur France 2 l’usure se fait sentir. C’est du direct et ça se sent. Sophie a les traits tirés, Axelle est raide, et Thierry Becarro, le sniper du calembour, sombre dans la démesure Masurienne, mais le jeu continue, malgré la fatigue. Seul le compteur affiche une forme épatante. Et tout cet argent, ça ravive les bonne volontés, alors je compose le 36 37. Sur France 2 au moins on donne sans compter. Ailleurs, du coté de la concurrence académiste, c’est exactement l’inverse. Chacun son style.