Interview de Lance Bellamy (Extra-Muros)

Interview de Lance Bellamy (Extra-Muros)

Abstentionniste, absentéiste et abstinent, Lance Bellamy a longtemps traîné sur les docks de Brest avant d’atterrir en banlieue. On ne lui connaît que trois passions (Lance Armstrong, sa tortue et faire du Cross) et une ambition de taille : devenir immortel avant de mourir. Extra-muros, conte de la banlieue ordinaire est son premier roman.
J’avais rencontré ce futur auteur dans les années 2000 et le voilà qui réapparaît de manière romanesque dans les Librairies. Un bon moyen de vous faire connaître l’énigmatique personnage de Gérard Levant, l’intello précaire exilé en banlieue pourrie qui m’avait séduit à l’époque par son style inimitable et très imagé.

1. Bonjour Lance Bellamy, je sais que vous apparaissez sous pseudo, un nom d’emprunt d’ailleurs qui est une contraction de héros que vous aimez notamment celui de lance Hamstrong. Pour être honnête nous nous connaissons depuis de nombreuses années à l’époque où vous fréquentiez les forums littéraires de Houellebecq, Nabe ou Yann Moix que j’animais aux alentours des années 2000. A l’époque vous apparaissiez sous le nom de Gérard Levant... qui est ce fameux Gérard ?

Gérard Levant n’est rien d’autre que mon nom d’acteur porno. Que faire pour obtenir son nom d’acteur porno ? C’est très simple : il suffit de prendre son second prénom et d’y accoler le nom de sa rue. Ex : ma soeur s’appelle Christine, Violaine, Hélène, Alice, Marie et elle habite rue Vivaldi, son nom d’actrice porno est donc : Violaine Vivaldi.

2. Quelle idée incongrue de faire un roman sur vous plutôt que sur moi, qu’elles ont été vos motivations à part l’argent et la reconnaissance littéraire ?

L’argent n’est pas la motivation puisque mes droits d’auteur et à valoir sont intégralement reversés à la fondation de Lance Armstrong contre le cancer et à l’association de Michael Palin destinée à favoriser l’intégration sociale des sujets bègues.Quant à la gloire, ma tortue me connaît et ça me suffit ! C’est vraiment une bête super, croyez-moi.

3. Votre livre c’est le portrait générationnel d’un intello précaire si j’ai bien compris .

Dans le mille. Bravo ! Question suivante.

4. Vous dépeignez un monde un peu Houellebecquien, en quoi vous reconnaissez-vous en
lui et en quoi êtes-vous différent ?

Je me reconnais en ce qu’il aime Question pour un champion et que c’est l’émission préférée de ma grand-mère (Mamie, si tu me lis, je viens manger dimanche). Je ne m’y reconnais pas en ce que son prénom c’est Michel et moi Lance et en ce que son nom est Houellebecq et moi Bellamy. Autre distinction forte entre lui et moi : je prône l’abstinence sous toutes les formes (ce qui me rapproche donc pas mal de George W. Bush)

5. Dans la noirceur de la vie du narrateur est qui est semble t’il largement autobiographique vous parlez de moments d’amour et de poésie du Côté de Jardiland, on dirait du Yann Moix mais en plus sincère.....

Je ne puis pas dire grand chose de Moix sinon que je l’ai rencontré par hasard dans un resto chinois et je peux certifier qu’il ne sait pas se servir de ses baguettes et qu’il mange ses nouilles comme un crado !

6. Votre roman sent la vérité, la douleur, l’exclusion et en même temps vous n’entrez jamais dans une victimisation facile, vous en faites même un véritable style littéraire...

Merci, mais ça s’appelle juste le talent. Rien à ajouter.

7. Comment pensez-vous que l’intelligencia parisienne et le bobo vont accueillir votre premier roman ?

Mal j’espère comme ça, ça me donnera envie de leur faire encore plus de mal. Je fonctionne à la haine et à la rancune, comme Armstrong, mon seul maître.

8. Vous souhaitez devenir immortel avant de mourir, n’est-ce pas un peu trop humble comme ambition lorsqu’on entre dans le milieu des Lettres ?

Immortel, c’est pas mal mais ça dure trop longtemps, surtout à la fin. Et puis j’espère juste pouvoir mourir avant de rencontrer d’Ormesson.

9. Quel est votre projet artistique le plus fou ?

Réussir à faire encore une fois l’amour. Si je me souviens bien, c’était pas mal. Mais je voudrais vérifier que je ne me suis pas trompé.

10. Je vous laisse le mot de la fin cher Lance Bellamy !

To be strong, be Armstrong.

Extra-Muros, Lance Bellamy, Collection Hors Bleu. Editions Hors Commerce.(2006)

Achetez EXTRA-MUROS sur le Net

Achetez EXTRA-MUROS sur le Net