La proposition de loi PS sanctionnant la négation du génocide arménien a été adoptée par 106 voix contre 19 dans un hémicycle déserté, sans égard pour les clivages politiques traditionnels. Les groupes parlementaires de droite avaient laissé leur liberté de vote à leurs membres, et le gouvernement n’a pas souhaité s’engager sur le sujet. Pour le Premier ministre, ce n’est pas une bonne chose que de légiférer sur les questions d’histoire et de mémoire. Par ailleurs, nous sommes très attachés au dialogue avec la Turquie, a souligné le porte-parole du Quai d’Orsay. La Commission européenne a regretté aussi ce vote, en estimant que l’initiative des députés français nuirait au dialogue entre ce pays et la Communauté. Les autorités d’Ankara se sont émues de leur côté, en prévoyant des répercussions sur le commerce bilatéral : En tant que gouvernement, nous n’encourageons rien de la sorte. Mais la décision revient au peuple.
C’est ce même jour que le prix Nobel a été décerné au romancier turc Ohran Pamuk, qui avait été poursuivi pour insulte ouverte à la nation turque en raison de ses prises de position dans la presse helvétique, hostiles à la version officielle de son pays. L’opinion est persuadée que la récompense revêt un aspect politique évident, quand bien même elle s’attache à en minimiser la portée, insistant sur l’intérêt littéraire de l’œuvre de l’écrivain, qui explore l’identité complexe de ce pays, que la modernité arrache a ses racines ottomanes.