Entretien avec J.J Defaix de l’Association d’Aide contre les Abus Bancaires

Entretien avec J.J Defaix de l'Association d'Aide contre les Abus Bancaires

Jean-Jacques Defaix lutte depuis des années et de manière très active pour défendre les particuliers et les professionnels contre les abus bancaires.
Son association est devenue une structure qui compte et qui aide concrètement des victimes qui se retrouvent souvent dans des situations préoccupantes après un conflit et qui n’ont souvent aucun moyen de faire valoir leurs droits.
Rencontre très instructive avec un homme et une Association qui devrait être déclarée d’utilité publique.

1. Bonjour Jean-Jacques Defaix, je suis ravi de vous accueillir sur Le Mague. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et aussi de votre action en tant que Président de l’Association d’Aide contre les Abus Bancaires (Aacab) ?

De formation ingénieur électronicien, avec une spécialité dans les pilotages automatiques des avions, dans ce métier on quitte de bonne heure la profession.

Après cette carrière, j’ai créé en 1995 une petite entreprise, avec d’autres entrepreneurs, qui employait 23 salariés. Mais du jour au lendemain, un banquier a décidé de nous rayer de la carte.

C’est ainsi que j’ai découvert l’horreur de certaines pratiques bancaires.

Pour défendre mes intérêts, et comprendre ce qui m’arrivait, ce que me racontaient mes avocats, j’ai appris le droit bancaire.

Rapidement, dans mon entourage, de bouche à oreille, de nombreuses personnes venaient me consulter pour avoir des renseignements sur leurs affaires, défendre leurs intérêts.

J’ai donc pris conscience de l’important besoin du consommateur, des artisans, des commerçants, pour obtenir les renseignements, les aider à se défendre, faire valoir leurs droits contre ces multi nationales de la finances.

Partant de ce constat, en 1999, j’ai créé avec des amis une délégation régionales d’une association de consommateur, mais très rapidement nous avons crée l’ AACAB en début 2002, avec ses méthodes spécifiques aux droit bancaire.

La mission de l’AACAB « aider, renseigner et défendre les intérêts des usagers à résoudre les litiges qui peuvent les opposer à leurs banques ou a un établissement financier.

2. Votre association a pris une forte ampleur ces dernières années, vous avez plus de 7000 membres, est-ce à dire que les dérives hégémoniques de certaines banques créaient de plus en plus de conflits et litiges avec les professionnels comme les particuliers ?

Oui notre association a une très forte évolution ( 35% par année).

Bien que nous ayons la vocation d’aider les particuliers et les professionnels, nous avons peu communiqué pour ces professionnels faute de surcharge de travail.

Actuellement l’activité des particuliers étant largement en place, y compris pour traiter des dossiers en grand nombre.

Deux nouveaux domaines voient le jour :

- L’action sociale

Ne pouvant traiter des milliers de dossiers, nous préférons transmettre notre savoir, et faire profiter de notre expérience aux acteurs sociaux.

Des formations d’une journée sont été mises en place, les premières viennent d’avoir lieu. Elles sont destinées aux acteurs sociaux (assistante sociale, conseillères en économie familiale, travailleurs sociaux, etc) pour leur apporter l’aide requise.

En effet, il est inadmissible de constater que l’argent versé à des familles par les services sociaux, à peine arrivé sur le compte, enrichit les banques au travers des frais prélevés, réduisant d’autant les effets de l’aide sociale.

- Les professionnels

Cette activité verra le jour début 2007.

En effet, à notre époque où la lutte contre le chômage est indispensable, il est inadmissible de constater que le premier employeur de France, constate que le financement de leur trésorerie n’est pas réalisé à la hauteur des besoins.

Et pourtant, ces besoins ne cessent de croître soit pour surmonter quelques difficultés, soit pour financer la croissance, de leur petite PME.

Pendant que les banquiers ne cessent de réduire les crédits accordés, ils réalisent de substantiels bénéfices avec les frais prélevés sur les comptes de ces très petites entreprises.

3. Votre combat quotidien c’est un peu le pot de terre contre le pot de fer, quelles sont les armes à votre disposition ; celles de juristes spécialisés dans les domaines bancaires ?

Oui notre combat est quotidien et les armes sont totalement inégales, mais cela ne serait réduire notre motivation

Notre jeune équipe de juristes très motivée, dotée de moyens importants dont certains développés et mis au point par l’AACAB permet cette efficacité dans les résultats juridiques, et compense, certes partiellement, cette inégalité des armes.

De plus en plus, les banques ont appris, que les dossiers traités par l’AACAB ont été préalablement étudiés et sélectionnés pour leur viabilité, et sont défendus « jusqu’a l’issue positive ».

De ce fait, si la transaction n’a pu être obtenue, nous poursuivrons systématiquement en justice. Un jugement étant public, il est évident qu’il contribue à une mauvaise notoriété pour les banques.

C’est donc ce pouvoir de « nuisance » et de mauvaise publicité, associé à notre technicité, qui est très favorable à notre association, puisque redoutable pour l’image de marque de la banque.

4. Votre Association a déja mis en pleine lumière et dénoncé plusieurs Affaires importantes, pouvez-vous nous parler précisemment de la dernière en date qui touche près de 300 000 personnes qui risquent de perdrent de grosses sommes d’argent dans un scandale financier à grande échelle ?

Oui notre association a mis en pleine lumière et dénoncée des affaires très importantes. Elle a même été leader pour défendre les petits épargnants, et plus particulièrement ceux qui a leur insu ont retrouvé leur patrimoine en Bourse, alors qu’ils n’avaient aucune expérience, qu’ils ne recherchaient qu’un placement en bon père de famille, ils ont ainsi perdu 30 à 40% de leur patrimoine.

Les résultats obtenus notamment contre la Poste, et même contre des grandes banques telles que BNP avec son Multiplacement 2, la Mondiale avec son contrat ALPHE, sont très importants.

Grace à nos actions, plusieurs millions d’euros ont déjà réintégré les patrimoines de ces personnes qui n’avaient aucun talent, et aucune volonté pour la Bourse.

Hélas ces affaires sont longues, difficiles, et demandent des moyens conséquents pour les mener à leurs termes. Il nous reste encore quelques banques à contraindre pour leur faire rembourser le montant des dégâts qu’elles ont générés. Nos actions des prochains mois seront consacrées pour elles.

Dans un tout autre domaine, il était indispensable d’avoir en interne les moyens de calculs actuariels. Notre association a donc investi dans des logiciels très spécifiques, et a embauché une spécialiste en calculs actuariels.

En d’autres termes, cette personne revérifie les calculs des crédits pour déceler les erreurs commises par les banques. C’est ainsi que nous pouvons récupérer pour nos adhérents des sommes d’un montant substantiel, voir même remettre en cause certaines créances permettant de stopper des saisies de maisons.

Placements financiers « opaques », et « erreur de calcul » dans les crédits sont deux domaines particulièrement scandaleux, qui peuvent à grande échelle mettre à jour certaines pratiques bancaires.

5. En visitant le site de votre Association, on a l’impression, et sans être poujadiste le moins du monde, que les premières victimes des abus bancaires sont les petits épargnants, les gens à revenus modestes qui parfois peuvent se retrouver ruinés à cause de produits financiers malhonnêtes ?

Deux sources de profits très importantes pour les banques proviennent principalement de familles moyennes, voire même modestes.

Les petits épargnants, il est facile de leur vendre des produits financiers en leur promettant des gains mirifiques, puisqu’ils n’ont aucune connaissance de la finance, et que les notices sont rédigées en langage abscons. Certains de ces épargnants n’ont découvert la supercherie que 5 ou 10 années plus tard. Les banques optimisent cette opacité, et améliore leur rendement, par exemple la BNP avec son multiplacement 2 capitalisation, les clients ne découvriront que leur garantie de capital ne sera effective que dans 25 années, quant au rendement la encore il y a beaucoup a dire sur les promesses. En effet, des épargnants ont souscrit dans les années début 1990 des placements « garantie à x % » et pourtant ne perçoivent dix années plus tard que la moitié de la promesse, puisque la banque a oublié de leur rappeler que le Code des assurances permet de réduire ces promesses (avec le taux technique), et pourtant la garantie était contractuelle.

Les familles plus aisées financièrement, connaissent ces langages, ces méthodes, ces produits, elles investiront sur d’autres produits, conseillés par leur banquier soucieux de conserver ces bons clients.

Les faibles revenus familiaux, sont aussi une clientèle très prisée des banquiers. Les fins de mois difficiles, obligent ces familles à réaliser des découverts, et parfois de les dépasser, de contracter des crédits dits « renouvelables » et ceci à des taux très élevés. Pour optimiser leurs rendements, les banquiers réalisent des ponctions sur les comptes bancaires, appelés « frais bancaires ». Toute cette panoplie conduit à épuiser voire même à ruiner ces familles, qui n’intéressant plus le banquier se verront mises en interdit bancaire.

6. Quels sont les grands succès de votre Association depuis sa création ?

Avoir vaincu la Poste avec son affaire « Bénéfic », c’était quant même 300 000 contrats souscrits et très probablement 150 000 victimes. De plus, dénoncer ce scandale, et vaincre un établissement public, nous sommes satisfaits de notre réussite.

Dans la même foulée, obliger les grandes banques ( la BNP, la Mondiale, etc..) à rembourser les mauvais placement financiers qu’elles ont vendu, est aussi une belle victoire.

Mais moins médiatiques, et pourtant une indéniable victoire celle des vérifications des TEG des crédits. Domaine préalablement réservé à des experts, avec comme corolaire des honoraires élevés, privant ainsi les familles modestes de pouvoir faire valoir leur droit faute de constituer un dossier de preuve. Maintenant pour quelques centaines d’euros, ces familles peuvent récupérer, souvent par elle-même, des milliers d’euros, et parfois des dizaines de milliers d’euros.

7. 80 pour cent des dossiers que vous traitez trouvent une réponse positive comment arrive t’on à un tel taux de réussite ?

Préalablement à une action, chaque dossier est étudié pour connaître sa viabilité. Si nous ne sommes pas convaincus de la qualité du dossier, nous n’acceptons pas l’adhésion.

Il faut être clair et précis et ne pas raconter des promesses aux familles qui consultent notre association. Il faut leur dire la vérité, si leur dossier n’est pas viable il faut leur dire franchement et ne pas les emmener dans des aventures contentieuses ou juridiques. Il est largement préférable de leur conseiller le profil bas, et de négocier des plans d’apurement de dettes, des remises a titre exceptionnel et commerciales, etc...

Ce qui fait la force de l’AACAB c’est sa crédibilité, nous ne pouvons donc présenter aux banques que des dossiers viables. D’autant plus que si la banque refuse la transaction nous la poursuivrons en justice.

Réussir plus de 500 transactions en 2005, c’est une preuve de viabilité de nos dossiers, sinon la banque aurait refusé d’indemniser nos adhérents.

Chaque dossier refusé, ou perte devant la Justice, réduit notre crédibilité.

Ce n’est ni le nombre de dossiers, ni le nombre d’adhésion qui crédibilise, mais bien la qualité du dossier, défendu par des professionnels du droit spécialisés en droit bancaire.

8. On pourrait imaginer que votre Association soit un jour déclarée d’utilité publique mais en attendant, subissez-vous des pressions diverses de la part des grands groupes bancaires ?

Oui une fois la Poste, a tenté par voie judiciaire de me faire condamnée, ainsi que l’association, à de fortes peines pour diffamation et chantage. Le bilan a été : l’association relaxée, le Président de l’AACAB relaxé, monsieur DEFAIX J.J. condamnés à 1 euro, pour être plus prudent dans ces propos.

Je considère cette condamnation de 1 euro symbolique comme honorifique, pour avoir expliqué à ces familles ce qui se passait avec leurs économies.

En réalité, la Poste cherchait à obtenir la une des médias pour discréditer l’AACAB, et faire croire que son produit « Bénéfic » était bon, et que toute cette affaire n’était qu’élucubration d’une association. Elle a perdu. Cependant, ces moments ont été difficiles, car inquiétant. Maintenant ce genre de situation ne serait m’intimider bien au contraire.

Également, au cours des premières années de notre existence, nous avons été victimes de « surcontrole » en tout genre ( fiscal, fraude, police judiciaire à plusieurs reprises, etc ..), nous connaissons les demandeurs de ces actions. Ces actions ne nous intimidaient pas, car nous faisons très attention d’être en règle. Ils en sont pour leur frais, et nous pouvons même les remercier, puisqu’ainsi les petites erreurs (sans importances) liées à la jeunesse de l’association ont été corrigées immédiatement et maintenant nous avons confirmation que nous respectons bien la législation.

A l’exception des faits précédents, non, l’association ne subit pas de pression, mais nous sommes conscients que si nous commettions une erreur elle nous serait très préjudiciable.

9. L’Association d’Aide Contre les Abus Bancaire ne vit que grâce aux adhésions, à la vente de vos produits et aux dons de bienfaiteurs, Avez-vous besoin aussi de bénévoles pour poursuivre votre action ?

OUI, nous avons de grands besoins de bénévoles, quelques soit leurs métiers, leurs aptitudes à la finance ou au droit. Notre travail demande beaucoup de temps et dans tous les domaines (enquête, préparation des dossiers, saisie, analyse, et toutes les tache de fonctionnement de l’association, communication, permanence, etc...). Nous assurons la formation de nos bénévoles correspondants à leur domaine d’activité.

10. Je vous laisse le mot de la fin cher Jean-Jacques Defaix !

Rejoignez-nous pour qu’ensemble, nous puissions faire infléchir les méthodes scandaleuses de ces grandes puissances qui ne vivent que grâce à « notre » argent et à « notre » travail.

Il est facile pour une banque de puiser dans les ressources des modestes et des plus démunis, réduire la rentabilité de cette activité, c’est contraindre les banques à se retourner vers d’autres activités plus rentables. Nous leur proposons d’étudier le marché des professionnels (artisans et commerçants). Il y a d’importants besoins chez le premier employeur de France.

Le site de l’association d’Aide contres les Abus Bancaires

Le site de l’association d’Aide contres les Abus Bancaires