Au musée de l’Erotisme

Au musée de l'Erotisme

Cet hiver sera rude à en compter les épluchures d’oignons sur la table. Votre amant(e) se prépare une soupe et enfile ses charentaises. Le rêve est brisé. Et pourtant non ! Sortez de votre maison close et ouvrez votre bouche mutine ! Seul(e) ou accompagné(e), permettez vous l’aventure du songe érotico-éveillé...Bienvenu(e) au musée de l’érotisme !

"J’ai fait le rêve de rencontrer Eros, ce bon vieux sacripant, car le monde pourrait se résumer de la sorte, purement phallique et vaginal, les montagnes côtoient les abysses.

Quand on est le Dieu de l’Amour en tant que passion sexuelle, que sous ses airs d’ange l’on pousse les êtres à s’ aimanter dans un bain de désir incommensurable, on a peut être en sa possession les réponses aux questions existentielles de l’humanité ?! Evidemment, le bonhomme sculpté dans son bloc de granit ne m’a jamais soufflé un mot.

Trouverai-je des miettes de son âme au « Museum of Erotic art », sur une étagère, dans un bocal rempli de formol ?
Se rendre au musée de l’érotisme, c’est un peu comme un premier rendez-vous, l’imagination va bon train. Je marchais le long du boulevard et je riais seule à l’idée d’être acceuillie dans l’antre du loup par un homme très sérieux comme le sont les hommes de musée ; une espèce de majordome qui, avec malice porterait un string rouge en guise de soutien intime et qui, sans jamais plisser l’oeil ni sourire d’une moitié de lèvre, me conduirait là où le sensuel donne chaud. Ceci n’était que pure fantasme drolatique. Pas de frou-frou, de danseuses nues, de plumes vous chatouillant la plante des pieds, ni de Madame Claude croisée au détour d’une vitrine.

Premier sourire face à un vieux film en noir et blanc, vas-y que je te chevauche ma Louisa et que tu ondules sur mon corps, mon Hector ! Intéressant ! Un peu plus loin, un proverbe japonais m’extirpe un soupir - « Même le ventre plein comme un oeuf et la verge bandée comme un arc, on peut mourir à la fois d’amour et de faim » - je vous laisse y réfléchir...Et, l’oublier. A deux pas, l’hermaphrodiable fécondé par sa propre malice me fait rire. Le sexe est bel et bien la porte ouverte à tous les délires, sa représentation dans l’art en est le témoin.

Au fil de ma visite, je découvre que nombreuses sont les statuettes et autres figurines à représenter des hommes et des femmes d’église flirtant avec le vice. Un moine en robe de bure et orné de sa tonsure, porte son propre sexe à l’aide d’une brouette. L’auteur du sacrilège légende son oeuvre avec beaucoup d’humour : il évoque « le poids du sexe ».
Un boudoir, un miroir, une femme potelée, elle se masse les seins, des touristes américaines en ricanent. Je vous dis ceci avec beaucoup de légéreté, celle du poil sur la soupe, car il faut souligner que si le poids du sexe encombre certains, sa légéreté ennivre bien d’autres, n’est-ce pas Madame ? Par ailleurs, j’apprends aussi qu’en 1904, la bouteille de champagne coûtait vingt francs et j’ai pensé que si cela était le cas aujourd’hui ; au-delà d’être érotique, ce serait pratique...Simple supposition !

Mon coup de coeur maintenant ; les pages déchirées d’un petit carnet ancien ; une fille de joie qui note au crayon à papier les hommes qui ont fait affaire avec ses charmes : « américain, rouquin, mal rasé, petit gentil, casquette, veste cuir, trou du cul, copain belle gueule, trembleur, boiteux, beau garçon » et un tout particulier puisqu’il est « parti avec Jacqueline » ; un mot accompagné d’un chiffre pour chaque homme. Trés parlant que ces quelques annotations, presque le début d’une histoire que l’on aurait envie de se raconter.

En parlant de mots, aux derniers étages du lieu-dit, la possibilité de laisser les siens sur le livre d’or, que je m’empresse de parcourir. Des filles aux bouches pulpeuses et rouges pareilles au baiser fatal ont coloré la feuille blanche ; des dessins à caractère pornographique, dictés sans doute par des pulsions incontrôlées ou par simple envie d’être coquin, se laissent découvrir ici et là, une question aussi, « où sont les hommes ? ».

Cette personne a raison, je commencais à les oublier, aveuglée par ce trop plein de concombres et de bananes ! Enfin, voilà ce qu’il nous arrive lorsqu’on pactise avec un Dieu...Eros, mon amour, si nous allions au musée de la vie romantique, tu as besoin de repos. "