Interview : Quitterie Delmas et Virginie Votier

Interview : Quitterie Delmas et Virginie Votier

Deux jeunes, deux femmes, deux amies... Un combat : redynamiser l’UDF en commençant par la jeunesse, sans se brader à la droite ni se macquer avec la gauche. Itinéraire d’un binôme plein d’avenir.

Triple R™ : Mesdemoiselles, pourriez-vous expliquer brièvement vos parcours politiques, formations à l’appui ?

QD : Mon parcours politique est assez court car je suis arrivée en octobre 2003 à l’UDF. Auparavant, rien de politique, mais une fibre militante et associative vissée aux tripes. Je suis en campagne depuis l’âge de 16 ans, partout où je passe : le lycée, l’ESSCA, pour des campagnes d’ONG en milieu étudiant pour Déclic Solidarité, puis les régionales derrière l’excellent André Santini, les européennes (ces deux campagnes en étant enceinte de mon premier garçon, inoubliables...) et enfin la campagne de fond depuis le Congrès de Lyon pour l’UDF, le parti libre !!

VV : Moi, c’est l’inverse, j’ai baigné depuis toujours dans l’univers politique par mon grand père et ma mère. J’ai fait mes premiers pas au Parti Radical il y a 10 ans. J’ai naturellement rejoins l’UDF, qui m’a donné la chance d’être investie candidate aux législatives en 2002.

Triple R™ : Jeune en politique aujourd’hui, est-ce un atout ou un handicap ? Vos aînés vous considèrent-ils comme une relève prometteuse ou comme des seconds couteaux bons pour le service ?

QD : L’étiquette « jeune » en politique provoque irrémédiablement le sourire des aînés, dans quelque parti que ce soit. Pourtant à l’UDF qui a joué sa survie en 2002, les jeunes font partie intégrante, non seulement de la reconstruction mais de la reconquête !! Notamment aux prochaines législatives. C’est aux Jeunes de décider ce qu’ils veulent faire de cette ouverture qui leur est faite : de la chair à canon ou des futurs élus. A chacun de mesurer le risque qu’il prend et des opportunités à saisir ! C’est un mélange entre destin personnel et général. Si la prise de risque est au premier abord personnelle on se rend compte qu’elle est entièrement liée au destin collectif de l’UDF. Vu le calendrier électoral de 2007 et 2008, le score des législatives est lié au score de François Bayrou, qui est lui même influencé par la capacité de l’UDF de déployer partout en France des candidats qui incarnent sur le terrain les valeurs et le nouveau visage de l’ère politique nouvelle proposée aux français par l’UDF.

VV : Cette année 2007 est une vraie chance pour des jeunes en politique notamment à l’UDF. Les candidats jeunes ont donc tout à gagner en se serrant les coudes. C’est d’ailleurs pour cela qu’il faut mutualiser nos connaissances, nos outils de com, faire la pub des uns et des autres, la place des Jeunes se démontrera en interne comme en externe avec une « promo » de choix 2007-2008 !

Triple R™ : Non seulement jeunes, vous êtes aussi des femmes ! Je vous pose donc la même question : atout ou handicap ?

VV : Pour moi, c’est clairement un atout d’être une femme. Non seulement, il y a plus de places (je suis pragmatique !), mais aussi et surtout il y a un vrai apport des femmes en politique. Elles pourraient bien aider à reconstruire le lien de confiance qui s’est brisé entre les français et leurs élus. Que ce soit justifié ou non, leur image n’est pas encore entachée par les affaires, etc... Et leur façon de faire de la politique est différente : entendez-vous souvent des femmes faire des discours pour se faire plaisir. Non. Pour cela, les hommes ont du chemin à faire. Je pense que c’est complémentaire ! Bien sûr, je vous passe le côté machiste du milieu politique, les éléphants du PS illustrent parfaitement ce point là. Ce qui peut paraître plus étrange c’est que ce phénomène se cristallise chez les jeunes. Alors que nos « amis » jeunes hommes sont beaucoup moins macho que leurs aînés, ils ont une certaine tendance à se mettre en compétition avec les femmes. Etant donné qu’ils sont les premières victimes de la loi de la parité, je comprends cela, mais pour autant, je crois qu’ils se trompent de cible : le cumul des mandats et l’extraordinaire longévité de nos (si fameux) dinosaures... Vive l’exception française !!

QD : La question des femmes comme celles du combat pour la diversité quelle qu’elle soit, passe par l’acceptation d’être un alibi pour un parti au démarrage. Ensuite, c’est à nous de faire nos preuves par notre énergie, nos idées neuves, les pieds vissés dans la réalité et les yeux tournés vers l’avenir, et enfin, notre capacité de résistance face au jeu, parfois cruel, des investitures et des campagnes nationales !! Que ce soit un atout ou un handicap, l’urgence c’est de donner à la France des élu(e)s qui lui ressemblent ! Regardez l’image désastreuse de l’Assemblée Nationale, c’est une honte : 12 % de femmes, 57 ans de moyenne d’âge, aucune diversité et 40% de fonctionnaires. Alors alibi où pas, il va falloir se battre (électoralement, bulletin de vote par bulletin de vote) pour faire en sorte que les représentants des citoyens soient les représentants de tous les français !

Triple R™ : Vous êtes sorti de l’anonymat lors du renouvellement du Bureau National des Jeunes UDF, en menant votre propre liste « Les Jeunes Libres » ; que retirez-vous de cette aventure ?

QD : Un moment d’une extraordinaire intensité ! Prendre la décision un soir, pour des raisons politiques, de se lancer dans une bataille interne. Susciter l’ultime compétition constructive des idées avant les échéances de 2007. Poser les bonnes questions au bon moment. Pousser un bureau sortant à se remettre en question. Faire émerger au premier plan national de nouveaux visages partout en France, de jeunes vraiment jeunes. Partir sur les routes de France à la rencontre des militants et des représentants des fédé trop heureux de voir enfin le débat se faire chez eux. S’exposer aux jeux de réseaux parfois pervers. Recueillir les expériences, les coups de gueules. Partager le même enthousiasme de partir en campagne en 2007. Célébrer la motion de censure qui venait d’avoir lieue. Faire face aux intimidations plus comiques que dangereuses... Chaque minute compte, chaque minute est une nouvelle rencontre, un nouvel obstacle à passer, et des sous en moins dans le portefeuille !!

VV : C’est une aventure qui a permis aux deux Parisiennes que nous sommes de créer des liens très forts avec nombre de personnalités (à découvrir absolument) qui sont présentes partout sur le territoire. Nous avons eu la joie d’en revoir une grande partie aux Universités d’été. Cette aventure montre que la jeunesse engagée aime les défis, les souffles nouveaux, et surtout ne cherche qu’à se fédérer autour d’un socle de valeurs communes.

Triple R™ : Pour de nombreuses raisons, votre liste n’a malheureusement pas été élue à la tête des Jeunes UDF. Comment vous positionnez-vous désormais dans cette organisation ? Allez-vous faire profil bas ou continuer à défendre vos opinions avec l’énergie qu’on vous connaît ?

VV : Nous avons poussé chacun des membres de notre équipe à s’investir dans le bureau national. A quelques mois des présidentielles, chaque personne porteuse de projet et de compétence est irremplaçable. C’est donc la cohésion qui prime. A l’UDF et notamment chez les jeunes, il y a mille et une façon de faire bouger les choses, parfois il y en a mille en interne et une ou deux décorellées de l’étiquette officielle « Jeunes UDF »...

QD : L’enjeu était pour moi d’insuffler un vent de fraîcheur et de dynamisme avant les Présidentielles chez les Jeunes UDF. Et de prouver à chacune et à chacun qu’il peut influer sur la vie de notre mouvement. Je continuerai à marteler que la politique d’aujourd’hui mérite que nous sortions des cadres conventionnels. Un mouvement de jeunes n’est pas fait pour singer les mouvements aînés. Nous porterons donc au sein de l’UDF, et aux côtés des Jeunes UDF, l’esprit qui nous anime : être justes, être libres, être rebelles !!

Triple R™ : Au premier rang de vos idées, vous défendez un centrisme... du centre ! Pensez-vous que le centrisme en France restera traditionnel à sa tradition giscardienne de centre-droit ou qu’il peut évoluer vers un centrisme fédérateur en travaillant notamment avec le PR et le PRG, voire les Verts ?

QD : Je suis un pur produit du centre, je ne pourrai m’engager ailleurs. Comme beaucoup de jeune de ma génération, je suis née dans le clivage gauche droite, et je n’en peux plus de ces débats stériles, de voir notre peuple sans cesse divisé : gauche/droite, privé/public, France d’en haut/France d’en bas, jeunes/vieux.... Je suis lassée des débats à l’Assemblée qui montre aux français par leur médiatisation la politique du pire : l’obstruction, la non concertation, les passages en force, etc. C’est cette image terrible qui décrédibilise la classe politique dans son ensemble. Et pourtant, nos élus font souvent un travail remarquable dans les collectivités locales. C’est de cette réalité locale, où travaillent ensemble les différentes sensibilités, que s’inspire le projet fédérateur de l’UDF. Si ça existe au plan local, nous allons y arriver sur le plan national. Donc, oui je crois à un vrai centre, rassemblant des énergies de gauche et de droite ! C’est d’ailleurs ce que j’admire le plus chez François Bayrou, il a fait évoluer son parti sur l’échiquier politique. En réussissant cet exploit d’emmener 30 000 personnes sur des horizons nouveaux, il a fait bouger les lignes de la politique française toute entière ! Je suis heureuse d’avoir vécu cette mutation, et d’y contribuer de toutes mes forces.

VV : Je pense aujourd’hui, ce qui n’a pourtant pas toujours était le cas, que le centrisme doit et a raison d’évoluer. Je remercie et salue le courage de François Bayrou, qui a réussi l’exploit, et je tiens à ce mot, grâce à ce courage politique qui le caractérise, de maintenir l’indépendance de l’UDF et de réussir à faire évoluer les mentalités vers l’ouverture. La mondialisation, les changements profonds qui caractérisent notre société, l’évolution des démocraties européennes, sont des facteurs clés. Notre partie, notre mouvement, nos idées, nos valeurs doivent s’adapter à ces changements, c’est pour ces raisons que je pense que nous devons évoluer vers un centrisme fédérateur...Le parti libre.

Triple R™ : Sans faire de pronostic hasardeux, pensez-vous que François Bayrou peut parvenir au second tour lors de l’élection présidentielle de 2007 ?

VV : Bien sûr... Les Français ne sont pas comme les présentent les sondages, ils sont conscients de l’importance de l’échéance de 2007 pour notre pays et n’achèteront pas les produits que leur vendent les médias. Le courage de François Bayrou et sa volonté de bouger les frontières seront reconnus j’en suis sure !

QD : François Bayrou est le seul homme à proposer et à pouvoir mettre en œuvre un gouvernement d’union nationale. C’est à dire de rassembler dans un même gouvernement des femmes et des hommes sur leurs compétences et non sur leur étiquette politique. Je rappelle que 68 % des français sont favorables à cette solution. Et s’ils avaient raison ? Ils ont peut-être enfin trouvé l’ultime solution pour coincer les politiques et les mettre collectivement face à leurs responsabilités. En effet, avec un gouvernement d’union nationale, les politiques seraient co-responsables des réformes qu’ils engagent. Et oui, au lieu de passer leur temps à se rejeter la faute comme on le voit depuis 30 ans, ils seraient pieds et mains liés et, malgré eux, bien forcés d’être solidaires face aux français. S’ils échouaient, ils livreraient la France aux extrêmes. Et là, soit on se tire tous, soit on rentre en résistance, pour ma part, ce sera évidemment la deuxième solution !

Triple R™ : Au scrutin présidentiel succèderont les élections législatives. Serez-vous candidates et quels seront vos thèmes de campagne ?

VV : Non, mais je mettrai bien sur au service de la candidature de Quitterie, avec un grand nombre de Jeunes qui soutiennent sa démarche !

QD : Oui, je serai candidate !! On ne peut critiquer notre Assemblée et sa non représentativité et ne pas prendre le risque personnel de la faire évoluer ! Je souhaite être avec les jeunes candidats UDF mais aussi d’autres partis, le symbole de cette lutte pour rééquilibre l’âge des responsables publiques. En quelque sorte, nous deviendrons les porte-paroles de notre génération trop souvent dite déresponsabilisée. Nous devrions porter, mieux que quiconque l’a fait auparavant, des thématiques comme le développement durable, l’intégration, la réforme des retraites, le non-cumul des mandats, le changement des pratiques en politiques. Nous allons devoir affronter ces défis que la France doit relever, nous devons être en pointe sur ces sujets pour influencer ceux qui prennent les décisions aujourd’hui. Je porterai donc ces thèmes de campagne !!

Triple R™ : Je vous remercie d’avoir répondu à mes questions et je vous laisse le mot de la fin.

VV : Notre pays est, je pense, à l’aube d’un choix décisif et nos concitoyens feront le bon choix, j’en suis certaine. Ayons confiance en l’avenir.

QD : Allez les Jeunes, allez notre génération engagée, en politique, dans l’associatif, dans les syndicats !! Prenons en main notre avenir !

QD et VV : Merci Triple R, c’est un vrai plaisir de parler avec toi de ce qui nous fait lever tous les matins, et coucher très tard tous les soirs...

A visiter : http://lesjeuneslibres.hautetfort.com

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