Oncle Georg, un médecin nazi

Oncle Georg, un médecin nazi

Quand Mireille entreprend des recherches généalogiques afin de retrouver une trace de ses ancêtres, elle ne se doute pas un seul instant que ses découvertes vont la confronter à une histoire honteuse où l’horreur se mêle à la terreur et aux cendres.

En effet, son grand-oncle, le docteur Georg Renno était l’un de ceux qui ont travaillé à l’éradication des personnes inutiles à la société au château de Hartheim (Autriche) pendant la seconde guerre mondiale.

Pourtant, cet homme, médecin de la mort nazi, n’a jamais été inquiété et a coulé des jours heureux en Rhénanie après la guerre. Comment ce vieil homme cultivé et si attentionné -il mourra impuni en 1977- a-t-il pu être responsable autrefois de la sélection et de la mise à mort de milliers de personnes ?

Mireille a écrit ce livre courageux et sensible en mémoire des victimes. Pour ne pas que nous oublions ce qu’il s’est passé.

1. Bonjour Mireille. Pensez-vous que toutes les familles possèdent un secret plus ou moins honteux ?

Bonjour Claire-Lise. Non ; je ne pense pas que toutes les familles possèdent un secret ; néanmoins il reste certainement des secrets bien gardés.

2. Quelque part, regrettez-vous d’avoir découvert que cet oncle était un médecin nazi de la pire espèce ?

Je regrette bien sur que « ce cher oncle Georg » ait été un médecin de la mort. J’aurais préféré trouver un prix Nobel ! Toutefois il ne sert à rien de regretter d’avoir découvert la vérité. C’est comme d’apprendre que l’on est atteint d’une maladie incurable. Il faut se battre avec ...


3. Vous avez connu le vieil homme affable, affectueux, cultivé même si, un jour, il se dévoile négationniste. Quelle différence faites-vous entre un négationniste et un révisionniste ?

Un négationniste nie ce qui a été. C’était le cas de ce « Cher oncle Georg » lorsqu’il m’affirme que les chambres à gaz n’ont pas existé .
Un révisionniste réinterprète l’Histoire à sa façon.

4. Quelle que soit l’atrocité commise par un homme, peut-on lui pardonner de l’avoir commise ?

Je pense que quelle que soit la faute commise, il faut savoir pardonner et donner une chance de se racheter à celui qui l’a commise. Et pour preuve, ce « cher oncle Georg » était à plus de 70 ans le contraire de celui qu’il était à 30 ans.

5. Et quelle différence faites-vous entre le pardon et l’oubli ?

On peut pardonner mais surtout ne pas oublier.

6. Georg Renno a-t-il été aidé par des personnes haut placées comme certains autres Nazis à une certaine époque ?

Sans aucun doute, tant par ses confrères médecins que par le système judiciaire.

7. Alors que des hommes politiques ne cachent par leurs penchants racistes, que l’un d’entre eux a plusieurs fois nié l’existence des chambres à gaz et la « solution finale », dans votre livre vous semblez nous conseiller de nous méfier de l’un d’entre eux qui prétend nous gouverner à coup de « tolérance zéro ». A quelques variantes orthographiques près, je précise que je cite une phrase de votre livre. Ne poussez-vous pas le bouchon un peu trop loin ?

Plutôt que « tolérance zéro », je préfère le mot « tolérance » seul. !

8. A une époque lointaine maintenant, il existait des contes à fonction éducative. De nos jours, comme vous le précisez, le matraquage médiatique fait autour d’affaires criminelles mais aussi une multitude de films, séries télévisées, jeux vidéo etc., banalisent l’horreur « antihumaniste ». D’après vous, quel besoin l’homme a-t-il de se faire peur à ce point ? Quels plaisirs éprouve-t-il ?

Je pense que l’homme a toujours eu besoin d’exorciser la peur de sa fin, de sa mort.

9. Selon le principal argument des nazis, l’euthanasie était très utile à la société puisqu’elle la débarrassait de personnes inutiles et improductives. De nos jours, avec un taux de chômage de plus en plus élevé, la vie qui ne cesse de s’allonger, certains pourraient trouver de bonnes raisons pour mettre à nouveau en place une extermination en masse. Quelles solutions existe-t-il pour que cela ne se reproduise pas ?

Il y a une solution qui me paraît fondamentale : c’est le respect de toute vie. Il n’y a pas à chercher ailleurs.

10. Ich fühle mich nicht schuldig. Ce « je ne me sens pas coupable » est difficile à avaler. Vous sentez-vous encore coupable de ce que cet oncle a fait ?

Je ne me suis jamais sentie coupable de ce que ce « cher oncle Georg » a fait dans sa jeunesse. Je me serais sentie coupable si j’avais gardé le secret pour moi.

11. Mireille, je vous remercie et vous laisse le mot de la fin...

La découverte du passé de ce « cher oncle Georg » m’a profondément bouleversée et je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour les 30 000 victimes du centre d’euthanasie de Hartheim.
Je dois malheureusement constater que les leçons du passé n’ont pas été retenues, car hélas les génocides continuent à être perpétrés à travers le monde.

Merci à vous chère Claire-Lise et à bientôt peut-être.

Cher Ongle Georg, Mireille Horsinga-Renno, La Nuée Bleue, 17 €

Editions La Nuée Bleue - 3 rue saint Pierre-le-Jeune
67000 Strasbourg

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