Président : un film à voir d’urgence

Président : un film à voir d'urgence

Secrets d’Etat, convictions sincères, foules exaltées, train de vie royal, journalistes inquisiteurs, disparitions suspectes : les coulisses du pouvoir ou la vie quotidienne d’un président. Entre l’amour d’un père pour sa fille ou les contradictions d’un chef d’Etat, que reste-t-il d’essentiel quand on a le pouvoir suprême ?

La première chose qui m’a marqué, avant même de voir le film, c’est la super promo faite autour ! D’abord sur Internet : un site "officiel", un film "officieux" et un site du film. Plus un Dupontel infatigable qui était sur M6 à 1h du matin, sur Canal+ à 8h du matin et sur France2 à 13h... Bref, y’a pas à chier : les spin doctors devraient en prendre de la graine !

Mais revenons au film, que j’ai vraiment adoré. Des acteurs géniaux, une réalisation impeccable et un scénario efficace avec de nombreux clins d’oeil dont cette phrase giscardienne : "vous n’êtes pas le meilleur, vous êtes le seul". J’ai aussi beaucoup aimé cette petite perle : "les émotions, ça m’épuise".

Sur l’histoire, il y a en fait un parralèle entre le Président et un jeune polytechnicien recruté dans son cabinet. Les deux hommes suivent un parcours assez similaire... A l’origine idéalistes (le président était un attaché culturel qui n’arrivait à pas à se faire à l’idée que la France soutienne une dictature, le jeune homme est un militant gauchiste qui veut lutter contre le pouvoir), ils rencontrent un mentor (l’ambassadeur Saint-Guillaume pour l’attaché culturel, le Président de la République pour le jeune gauchiste) et subissent une épreuve initiatique (l’attaché culturel laisse mourir un ami dans un attentat, le jeune loup renonce à diffuser un dossier sensible et immoral). Le premier devient Président de la République, le second devient très vite son conseiller spécial. Reste à savoir comment chacun assumera ensuite les zones d’ombre du pouvoir, et c’est là que la différence se fera...

Par contre, j’avoue que la fin m’a un peu laissé... sur ma faim. Mais je ne voudrais pas gâcher votre plaisir, c’est un film à voir d’urgence !!

Quelques infos prises sur Allociné

Un Président ancré dans la Vème République

Pour créer et composer ce Président, Lionel Delplanque s’est inspiré des Présidents de la Vème République, excepté Georges Pompidou, sur lequel la production ne disposait que de peu d’écrits. Ainsi le discours "Un continent humilié, un continent martyrisé..." fait référence au célèbre discours du général Charles de Gaulle à la libération de Paris. La phrase que prononce Albert Dupontel à certaines personnes de son entourage "Vous n’êtes pas le meilleur, vous êtes le seul", était un leitmotiv que Valéry Giscard d’Estaing répétait aux jeunes loups qui l’entouraient. La réprobation des anglicismes, tel "marshmallow", est inspiré par François Mitterrand.

La peur de la lumière

Dans le film, Albert Dupontel a une faiblesse, une faille dans sa stature d’homme d’Etat, il a la phobie de la lumière. Le réalisateur Lionel Delplanque explique celle-ci est liée à deux enjeux, visuel et symbolique. Le début du film est "très lumineux en Afrique jusqu’à l’explosion de la voiture qui entache le Président. La lumière, c’est sa jeunesse enfouie. Et le pouvoir, sa part d’ombre. La phobie ophtalmique du Président permettait également de plonger le film dans une ambiance de clair-obscur".

Une allusion aux entretiens Mitterrand/Elkabbach

François Mitterrand s’est entretenu de longues années avec Jean-Pierre Elkabbach. Le président socialiste ne supportait pas les anglicismes et n’hésitait pas à le faire savoir. Le réalisateur Lionel Delplanque s’est inspiré de ces entretiens, notamment un censé être off, que l’on retrouve dans le film. Dans cet entretien, le président s’emporte envers l’une de ses assistantes qui s’était laissé aller à prononcer un anglicisme.

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