Un homme, une ville : Gilbert Collard à Vichy

Un homme, une ville : Gilbert Collard à Vichy

Inaugurant une nouvelle série de reportages qui interrogeront une personnalité charismatique dans le lieu de son choix, nous avons eu le plaisir de suivre Gilbert Collard dans les rues de Vichy, ville de charme et de bonnes eaux, Vichy l’Orientale, Vichy l’historique avec ce guide généreux qui nous a présenté ce petit paradis de l’Allier, empli de bon air avec beaucoup d’enthousiasme et de faconde.
En voiture donc pour VICHY avec Gilbert Collard, le célèbre avocat et homme de Lettres, mais aussi le Président de l’Association des Amis d’Albert Londres.

1. Bonjour Gilbert Collard, pouvez-vous nous parler de l’attachement particulier que vous avez pour la ville de Vichy ?

Bonjour Le Mague ! Je n’ai pas "un" attachement mais "des attachements" pour cette ville.
Le premier c’est que j’ai passé pendant des années mes vacances dans la région de Vichy chez mon grand-père qui avait un hôtel à proximité. Ma grand-mère, elle, a vécu très longtemps à Vichy même, et mon père enfin, a fait partie d’un réseau de Résistance en Auvergne-Allier.

Le second est "écolo-esthétique", en ce sens que cette ville allie au charme d’un environnement architectural magnifique, l’apesanteur d’un air qui rend soutenable les lourdeurs de l’être.

Enfin parce que Vichy, comme une belle au bois dormant, un jour se réveillera pour retrouver dans un décor intact sa vitalité que rien n’aurait dû entraver.

Et puis pour finir mon attachement à la figure d’Albert Londres car j’ai le bonheur d’être le Président du "Cercle des Amis d’Albert Londres", né à Vichy en 1884.

2. Pourquoi vous sentez-vous si proche et êtes-vous si admiratif d’Albert Londres et de son parcours ?

Albert Londres est dans le vingtième siècle un des rares hommes dont l’action littéraire et journalistique s’est incarnée dans l’amélioration du sort des hommes ; suppression du Bagne, amélioration de la condition des malades mentaux dans les hôpitaux, dénonciation du dopage quantre vingt ans avant tout le monde, lutte contre l’antisémitisme, condamnation du sort fait aux noirs et combat contre l’erreur judiciaire entre autres, sont à mettre à l’actif de ce gaillard (...)
Albert Londres est l’homme qui prouve à lui-seul la valeur de l’authenticité.
En ces temps d’humanisme mondain, comme c’est réconfortant de fêter une figure qui a été capable de mener, malgré les coups du sort, des combats au bout desquels il n’y avait que récompense de la lutte pour une juste cause.

3. Quelle est la nécessité exacte d’un "Cercle des Amis d’Albert Londres" de nos jours ?

Il existe à Vichy et aux alentours des passionnés d’Albert Londres qui connaissent son oeuvre et qui ont eu envie de se regrouper une fois par mois autour de l’homme et l’oeuvre d’Albert Londres. Le 30 septembre, nous organisons d’ailleurs une conférence sur le thème : "Albert Londres et le Bagne".
Parce que Vichy est sa ville natale, on peut y voir, près de la rue de Bresse, sa jolie maison en ruines à deux tourelles.

Albert londres c’est l’anti-langue de bois, il disait les choses que les gens n’aimaient pas toujours entendre.
C’est bien simple Albert Londres c’est l’anti Bernard-Henri Levy, il n’y avait aucune mondanité chez ce parcoureur des mondes.

4. On ne peut pas s’empêcher d’associer encore aujourd’hui la ville de Vichy au régime politique du même nom, avec l’instauration du Gouvernement du Maréchal Pétain lors la deuxième guerre mondiale... souhaitez-vous réhabiliter la ville d’une certaine manière ?

La ville de Vichy n’a pas besoin d’être réhabilitée car elle n’est en rien responsable des contraintes que l’Histoire lui a imposé.

Par contre Vichy pourrait mettre en avant Albert Londres, champion du monde toutes catégories des Droits de L’Homme dont la figure emblématique pourrait, à elle seule, contrebalancer, si elle existe encore, une certaine mauvaise image anachronique de Vichy.

5. Lorsqu’on se balade à Vichy, on est bluffé par la beauté architecturale de cette ville, la variété des styles des immeubles et bâtiments, le charme particulier et même oriental que l’on rencontre à certains endroits...

Vichy est une ville qui a un magnifique décor mais n’a pas assez d’acteurs à placer dans cette scène ouverte.
Ce qui est extraordinaire, c’est qu’aujourd’hui elle conserve dans son patrimoine architectural la manifestation de sa grandeur passée.
Le seul inconconvénient c’est que l’éclairage n’est plus dirigé sur la façade de ces chefs d’oeuvre qui restent dans une ombre indigne pour eux.

On pourrait dire de cette ville qu’un jour un sortilège l’a frappé, qu’elle a envie de bouger, de parler, de vivre mais qu’elle n’y parvient pas.
C’est une histoire sans parole, une oeuvre muette ; mais il suffirait d’un rien pour que la parole revienne et que le film se modernise.

6. A quel rythme venez-vous désormais à Vichy ?

"Le Cercle des Amis d’Albert Londres" m’amène souvent à Vichy, j’y fais de longues promenades dans les Parcs, a Vichy je me repose, il y a du Jazz dans l’air.

J’ai la chance de posséder ici une maison de famille, de nombreux amis et croyez-moi il n’y a pas que l’eau qui pétille !

7. Que penserait Albert Londres de la situation actuelle de notre monde ?

Il prendrait sa plume ou son clavier. Il écrirait au jour le jour son Blog sur Internet et personne ne pourrait l’empêcher de publier ses idées.

Il serait sans doute écoeuré par la marchandisation des combats et des luttes. Il rirait de voir le chanteur Renaud obtenir la légion d’Honneur, se battrait contre les trafics dans l’Humanitaire, il marierait à Bègles Ségolène Royal et Jack Lang, il aurait enfermé François Hollande dans un gynécée pour lui apprendre à dresser sa compagne.

Il aurait sans doute écrit un article contre les sondeurs qui se mettent à chaque élection une sonde dans l’oeil.
Bref il serait détesté par Guy Carlier et ses clones et serait un grand triomphateur des Tartufferies de ce monde.

8. Je vous laisse le mot de la fin cher Gilbert Collard...

Vous savez, lorsque je suis à Vichy comme aujourd’hui je comprends mieux Bernanos et Zweig et leur métaphysique des lieux. Ici à Vichy, et je ne parle pas seulement de la période de l’Occupation, cette métaphysique a définitivement rencontré l’Esthétique.

De la même manière qu’aucune balourdise, bêtise, grossièreté, aucune odieuse municipalité ne pourra détruire une rime de Verlaine, jamais personne ne mettra une ride aux villes de l’Allier.

Voir VENI VIDI VICHY, le Blog de Gilbert Collard dédié à la ville de VICHY


Le site officiel de Gilbert Collard

La ville de Vichy

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Le site officiel de Gilbert Collard

La ville de Vichy