Gilbert Collard prend la défense de Zinédine Zidane

Gilbert Collard prend la défense de Zinédine Zidane

Il y avait autrefois, dans les armes françaises (cela existe toujours me dit-on) la notion de faute d’honneur ; certes il y avait faute, mais elle était expliquée, sinon justifiée par l’honneur.

ZIDANE en donnant un coup de tête à MATERAZZI a commis une faute d’honneur ; il faut peser la faute, et il faut peser l’honneur.

On sait maintenant que l’Italien a insulté ZIDANE en s’en prenant à ses origines, en le traitant de terroriste et en traitant sa mère de pute...

Si je devais subir les mêmes insultes, quelques soient les circonstances, je ne résisterais pas à la colère noble de donner, non pas un coup de tête, trop difficile pour moi, mais à coup sûr, une paire de claques, quoiqu’il m’en coûte en retour.

Aussi, et n’en déplaise aux scouts de plumes et de plumettes, je donne franchement raison à ZIDANE.

Il a réagi en homme dont l’honneur a été insulté et il a bien fait.

Peut-être aurait-il dû donner un coup de pied au cul de MATERAZZI, geste moins agressif, et qui aurait eu le mérite de frapper l’Italien au siège de sa pensée fondamentale, mais les positions sur le terrain ne permettaient pas ce franc tir au cul !

Alors, ZIDANE a porté un coup de tête sur le thorax et l’Italien est tombé sur le cul.

ZIDANE en réagissant ainsi a agi en homme d’honneur qui ne se laisse pas insulter dans un monde où presque tout le monde supporte l’insulte.

Du cul sur lequel il avait chu, l’Italien s’est redressé immédiatement, a continué à jouer et n’a souffert que dans son amour sale d’insulteur raciste.

Il n’y a pas de quoi traiter ZIDANE de "vicieux", "criminel", "cinglé", "rustre".

Où donc trempent-ils leur plume ces journalistes qui manient l’opprobre facile et rapide comme un fouet ?

Vont-ils oser écrire, ces donneurs de leçons, qu’il est indifférent que MATERAZZI ait tenu des propos racistes et traité ZIDANE de terroriste et sa mère de pute ?

C’est leur droit d’accepter, au nom d’une certaine maîtrise de soi (souvent l’alibi de la trouille) de se faire insulter, cracher dessus sans réagir.

C’est le droit de ZIDANE de placer son honneur au dessus de l’exigence concensuelle de maîtrise de soi : il est toujours plus facile d’être maître de soi quand on a une petite idée de soi même...

Je trouve grandiose ce coup de tête qui remet d’un coup les valeurs à leurs places, malgré le risque pris, et justement à cause de ce risque pris, dans un jeu où la folie du résultat emporte tout.

On dira que c’est là un mauvais exemple à donner à la jeunesse ; mais de quel côté est le mauvais exemple, du côté de MATERAZZI ou du côté de ZIDANE, du côté de l’insulteur ou du côté de l’insulté ?

A t-il réfléchi, n’a t-il pas réfléchi, mais je m’en fous ! Ce qui importe c’est la réaction face à l’insulte : une réaction qui ne tient compte d’aucun enjeu matériel, d’aucune approximation, d’aucune négociation, d’aucun média, d’aucun intérêt personnel, mais seulement du souci de réparer l’affront.

De tout cela, l’arbitre à retardement, qui n’avait rien vu, rien entendu, rien compris, n’a pu évidemment tenir compte, d’où l’arbitraire exclusion non conforme aux règles encore en vigueur et qui ignore les insultes et la provocation tout aussi sanctionnables que le coup de tête ; il y a des coups de gueule qui valent des coups de tête.

En droit, l’excuse de provocation ça existe !

Les injures racistes constituent, même sur un stade, une infraction.

Alors, où est, l’arbitre à retardement, vidéo-arbitre, le carton rouge de honte que MATERAZZI aurait dû recevoir pour avoir traité ZIDANE de terroriste et sa mère de pute !

A ce moment là, l’Italie a marché dans la merde, dommage que cela lui ait porté bonheur !

voilà un coup de tête dont on peut être fier, c’est un coup de sang d’honneur.

Sans le vouloir, à ce moment là, ZIDANE est sorti par la très grande porte où devaient l’attendre, ravis, les 3 Mousquetaires et Cyrano de Bergerac.

Texte préalablement publié dans "France Soir" du 12 Juillet et édité ici avec l’accord amiable de son auteur.

Retrouvez Gilbert Collard sur son Blog

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