Un pavé dans la mare culturelle : Boborama

Un pavé dans la mare culturelle : Boborama

"Boborama" c’est le livre du moment. Non pas qu’il soit faussement tendance ou la résultante d’un markéting ou buzz littéraire rondement mené, mais tout simplement parce que c’est un roman enlevé, drôle, odieusement cynique qui se rit avec talent du Boboland avec un style, une verve et un rythme qui font mouche. David Angevin a bien fait de quitter "Télérama" pour écrire des bouquins sur l’époque. Au Mague on a adoré. Récit d’un roman jubilatoire !!

Boborama raconte la vie rédactionnelle in situ d’un Grand journal culturel cinquantenaire adoré par les profs socialistes, leurs progénitures et cette race globale, si particulière au concept un peu flou, de Cathos de Gauche.

Mais tout cela est un joli alibi à un portrait un peu caricatural et à charge, mais empli de véracités et d’éléments plausibles, d’un journaliste en proie aux contradictions d’une certaine presse française qui a eu son heure de gloire et qui doit aujourd’hui faire face à de nouvelles stratégies financières globales, à la prise en main du Grand Capital et surtout au vieillissent prématuré d’une certaine idéologie la culture et de la société.

Notre guide dans ce monde dans le Monde, dans ce microcosme où les habitants sont des bobos intègres, courageux, intelligents et incorruptibles s’appelle Paul Santini.

Il nous est montré dans l’exercice de son travail au service Culturel de son Journal "Boborama", dans ses voyages professionnels riches en anecdotes savoureuses mais aussi et surtout dans sa vie de famille.

Une femme très occupée par son business, qui a même eu droit à un article dont elle est très fière paru dans Elle, "Une journée avec Marion Santini", une fille aînée fascinée par Nirvana dix ans après la mort de Kurt Kubain et un panorama culturel très riche autour d’eux.

Nous sommes dans un roman qui grossit le trait, qui se moque avec un œil acerbe mais pertinent de tout un milieu parisien en voie de disparition ; "Borborama" est à la fois une farce, une satyre sociale, une critique de la Presse de gauche et un ouvrage tordant pour qui connaît ou a vécu les codes référentiels évoqués.

On comprend mieux à la lecture qu’une nombreuse partie de la presse traditionnelle ait décidé d’ignorer ce livre tant il tape là où cela grince, tant il condamne sans pitié un petit groupe d’hommes et de femmes qui, à force de donner des leçons culturelles, sociales et idéologiques, a fini par devenir l’inverse de ce qu’il voulait être il y a 25 ans.

Un livre qui gratte, qui chatouille, qui griffe, qui égratigne, un auteur qui sait, semble t-il, de quoi il parle mais qui a eu l’heureuse idée d’en faire une œuvre humoristique et spirituelle plutôt qu’un pamphlet haineux.

Et si ce livre annonçait la mort prochaine de dernières ouailles du Boboland... en tout cas voici l’évocation d’un monde qui ne fait plus rêver, qu’on ne respecte plus guère et qui est désormais l’objet de pignolades pour l’été....

Le Roman idéal à emporter sur les sables chauds, loin de Paris-Plage et des rédactions culturelles françaises.

La tragi-comédie la plus marrante et bien menée du moment !!!



Boborama, David Angevin, Les Editions du Rocher, 2006



Boborama, David Angevin, Les Editions du Rocher, 2006