Impression

Nous assistons à la lente agonie des chairs de cet homme qui jouit une dernière fois des mémoires de son histoire dans l’Histoire, comme une seconde naissance, une extase presque salutaire.

Les temps se mêlent, passé et présent s’entrechoquent, se sustentent mutuellement, au rythme des battements du cœur, souvent lents, parfois saccadés, et des visites de cette troublante infirmière, qui fait émerger de lointaines sensations, rallume de vieux feux de paille.

Une journée particulière, parachevant tant d’autres où l’impossible ne signifiait alors pas grand-chose ; 24 heures pour se remémorer cette période douce amère qu’est l’enfance, instant fugace, trop vite perdue.

Etranger au paradis est un questionnement sur la vie, les rêves, les désenchantements ; le désir de retrouver l’insouciance, la nonchalance et l’innocence qui tendent à disparaitre à l’âge dit "adulte".

Comme un enfant / Qui se réveille
Je te retrouve / Alors je n’ai plus peur
Ne laisse surtout pas ma main / Ô bel ange qui me conduis
Déjà je me sens bien moins / Etranger au paradis
Et si tu veux bien de moi / L’étranger dans ton paradis
Alors nous irons je crois / Plus loin que la vie
Etranger au paradis, interprétée par Gloria Lasso, 1953

Philippe Lafitte est décidemment un auteur à ne pas perdre de vue, il construit, livre après livre une oeuvre exigeante, audacieuse et maîtrisée qui force le respect et l’admiration, qui séduira un large lectorat qui aura beaucoup de plaisir à suivre ce ton différent, cette voix très originale, tendre et subtile.

Lafitte sait nous entraîner dans sa cosmogonie personnelle avec beaucoup de tact, d’imagination et cette nostalgie du beau, d’un âge d’or intime dont on passe, parfois toute une vie, à essayer de retrouver les fragances perdues.
Un des livres les plus aboutis de cette rentrée 2006.
A découvrir sans hésiter pour un voyage de très haute qualité dans nos univers parallèles..