Arianne Moffatt

Arianne Moffatt

Arianne Moffatt serait-elle la revanche du nouveau monde sur tout ce que l’on a pu dire en négatif de nos plus chers cousins ? Cette jeune canadienne au lieu de ghettoïser sa pensée dans une voix de brailleuse nous prend au dépourvu et enferme au fond de la gorge nos idées reçues qu’au Québec tout pue du bec.

Avec un temps d’avance artistique sur ses con-génères du froid et du caribou, son « Combustion Lente » premier titre de l’album entérine une parolière de choc et une musicienne dépourvue des tics de la variété française chers aux plateaux de télévision du dimanche après-midi.

Plus de Boulay ou de pseudo diva à Las-Vegas pour nous achaler (néologisme congru venu d’outre-Atlantique que je vous laisse découvrir pour sa traduction française), finito le grand luxe du micro qui souffre, Ariane est tout en douceur et rigueur, délire et nébulosité, d’ailleurs il faut absolument l’adopter et lui offrir toutes les garanties pour qu’elle reste en hexagone afin de persister à aimer Philippe Katerine ou Alain Bashung.

Son « Perdre » ramène à la fratrie Biolay : voix douce et éduquée, le rythme et le groove en plus. « Le Cœur dans la Tête » toutes guitares torturées dont celles de Mathieu Chedid et de Sébastien Martel pour preuve d’une consanguinité grunge de haute voltige (Moffatt avait en son temps remixé ‘La bonne Etoile’ de M, à tel point que le garçon l’a sorti en single) n’a rien à prouver sur ses désirs de mêler la chanson française avec des sonorités anglo-saxonnes.

« Montréal » le sien, pas celui de Charlebois, limite rasta-dub-cool-gainsbourien est une ville multi-éthnique et sardanapalesque où il fait bon se perdre. Ari (son surnom) tchatche, slam sur « Farine 5 Roses », cette créatrice de sons est devenue l’ami de Camille, ne vous étonnez pas de trouver la même étude, chez l’une ou l’autre, la même envie de pousser les limites harmoniques au delà du banal. Ariane est peut être étrangère sur son passeport en douane française, mais c’est la sœur de tous ceux qui aiment la mixité sauvage. Comme le disent si justement ces canadiens francoph ones : envoyons donc une main d’applaudissements pour Mademoiselle Moffatt.

Ariane Moffatt, Le Cœur dans la Tête, Labels

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