Entretien avec Frédéric Ploton

Entretien avec Frédéric Ploton

Il est l’auteur de "Son parfum", un livre romantique ; il a beaucoup écrit sur l’amour mais ne fait-il qu’en parler ? A-t-il des orgasmes ? Le fait-il parfois ? C’est ce que notre indscrète chroniqueuse lui a demandé... Pour le savoir, elle.

1) Vous êtes le 19 ème Frédéric que je rencontre dans ma vie. Que
pensez-vous de
ce nombre ? Etes-vous supersticieux ou super tout court ? Avez-vous choisi
votre
prénom ?

Je préfère le 18, c’est mon chiffre fétiche. Je me méfie du 19.
D’ailleurs j’ai rencontré ma seconde épouse un 19 et la relation fut une
catastrophe. C’est une bonne leçon : toujours se méfier des chiffres qui
se poussent du col. 18... + 1 ! Non mais puis quoi encore ?!! Pourquoi pas
20 tant qu’on y est !? Non non non, ma cosmogonie à moi s’arrête à 18.
Au-delà, je ne réponds plus de rien...
Quant à mon prénom c’est ma croix et je l’accepte comme telle. Zébulon
aurait été mieux mais je n’avais sans doute pas assez de ressort.

2) Maintenant que nous savons l’essentiel, passons aux sens (il y a ici
un
subtil rapport avec votre dernier livre "son parfum") l’écriture c’est
l’ouie
ou la vue ? vous lisez ou vous entendez vos textes ? Pourriez-vous
hiérarchiser
sens et sensations ?

L’écriture c’est un acte physique, tous les sens sont mobilisés. La vue
bien sûr, l’ouie quand on se répète à haute voix le texte écrit, le
toucher sur le clavier, l’odorat pour sentir le papier ou convoquer un
souvenir (qui se fixent plus facilement encore à l’odeur qu’aux images
ou aux sons). Ecrire est une fête de sens complète. C’est un orgasme
multiple et simultané.

3)Vous en êtes à la troisième vie de vos sept vies de chat ; comment
imaginez-vous la quatrième ?

Seul, la tête rasée et dans un pijama orange. Ce sera l’enfer ou le
paradis (ou Krishna), mais au moins ce sera calme.

4)Mon grand jeu littéraire ; veuillez compléter les phrases suivantes :
- Le réveil sonna et vaporisa dans l’atmosphère une odeur de soleil
- Jamais deux fois le même rêve, un nouveau chaque nuit
- Son parfum est son nom
- J’aime les idées perdues, dont je suis l’inlassable archéologue
- Elle était maquillée « comme une star de cinééééé, accoudée au jukebox »

5) Mon grand jeu littéraire suite... Vous me composeriez un petit poème
à partir
des mots suivants : Livre, collection, bouton, vivre ?

Peut-on raisonnablement vivre
sans boutons ?
Viens petit, j’en ai toute une collection,
Presse, donc, c’est le plus beau des livres.

6) Et non, ce n’est plus mon grand jeu littéraire... il est temps de
passer aux
choses sérieuses maintenant, vous voulez bien vous présenter un peu s’il
vous
plait ? qu’on sache qui vous êtes, si vous êtes célibataire, vos
mensurations
tout ça.

Je ne suis pas très présentable comme garçon, je vais donc éviter cela à
vos lecteurs. Mes mensurations sont aléatoires (fonction de mon
alimentation) et le reste de mon physique assez quelconque (sauf pour ma
maman). Le reste peut se découvrir sur mon blog et dans mes livres.
Ce étant dit, j’aime les listes, la musique répétitive, les mots en -ouille (glandouille, fripouille, etc.), l’odeur de petit écureuil dans le cou de mon fils au réveil, la nuque des femmes, les salles de cinéma
vides, l’expression « prendre un shampoing », le sorbet aux fraises des bois, et l’absurdité de cette interview (et de son auteure, évidemment).

7) Et puis, Avouez-moi tout ; écrire ça vous fait quoi ? Qu’est-ce qui
vous pousse
à rester des heures devant une page ou un écran vide pour le plaisir de
mettre
des mots dessus ?

L’orgasme protéiforme sus-cité.
Ce qui est toujours surprenant avec l’écriture, c’est à quel point on se
leurre quand on croit la domestiquer. Ca coule tout seul, on pense qu’on
tient le bon bout.... Et puis plus rien. C’est une maîtresse indocile qui
se refuse sans jamais prévenir ni se justifier. Alors il n’y a plus qu’à
attendre qu’elle veule bien de vous à nouveau. Il faut être très sage et
très patient. Or, je ne le suis pas du tout. Alors je force les choses,
je la tire par les cheveux... et il en sort des cris et des glapissements
pas toujours harmonieux. Mais c’est ma façon à moi de la « prendre ».

8) La question Vignale (qui est génial), que pensez-vous des
narcissiques et des
mégalos ?

Qu’enfler son ego de la sorte est l’air bag de la solitude. On croit ces
gens suffisants, ils ne sont au fond que prévoyants.


9) La question Luc DS (qui est complexe), que pensez-vous de la
pénétration
linguo-nasale (de la langue dans les nasaux) ?

Que je suis plutôt un adapte du linguo-occipital (la lanque sur la
nuque). Mon drame c’est que la nuque ne se pénètre pas. Mais je
désespère pas que, dans un stade d’évolution prochain, la nuque soit
elle aussi dotée d’un orifice. Faudra que je le souffle à Houellebecq
pour son prochain roman.

10) J’aurai encore tant de questions à vous posez... J’en garde pour la
prochaine fois tiens ; très cher Frédéric, je vous laisse choisir ce que
vous
voulez dire pour finir...

Achetez mon roman, brûlez les autres. Ou bien l’inverse. Et utilisez un
peu plus votre nez, que diable !!

Merci Frédéric,

J’M.

Pour acheter Son Parfum

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