Une mare de sang...(1/2)

Une mare de sang...(1/2)

Entends-tu, petit, tonner les tambours de la guerre ?
Entends-tu, petit, trébucher tout cet amour que l’on dégomme ?

L’actualité depuis quelques mois n’a guère changé, se fourvoyant toujours dans le malaise d’une climat orageux.
D’un côté, des millions de pacifistes défilant contre la perspective d’un conflit en Irak.
De l’autre, le président du "monde libre" en mission évangélisatrice, s’accrochant à la vision d’une chimère simpliste et fallacieuse se réduisant à deux niveaux : le bien et le mal.

Cependant, Washington, au fur et à mesure des jours qui passent, expose ses objectifs réels. Ainsi, sommes nous passés du simple désarmement de l’Irak au remodelage du Moyen-Orient. Ne pas oublier que le discours des néo-conservateurs est teinté d’un fort penchant idéologique. Le rêve de la démocratisation d’une région qui n’a connu que le règne de la dictature, risque de virer au cauchemar. Car qui se plaindrait du renversement de Saddam Hussein ? Quasiment personne. C’est la méthode américaine qui coince, on frappe d’abord, on avise après. "Game is over" s’exclamait George Walker Bush récemment mais nous ne sommes pas au sein d’un jeu et les conséquences de ce probable conflit, il est extrêmement compliqué de les mesurer sur le long terme. Au contraire de ce que croient les faucons, le modèle occidental n’est pas si facilement exportable. En attendant, dans les couloirs de la Maison Blanche, nos fins tacticiens ont décidé de faire passer le dossier israélo-palestinien en arrière-garde. Sharon et son nouveau gouvernement (l’un des plus à droite que n’ait jamais connu Israël) peuvent dormir tranquilles et ce n’est pas les exactions commises dans les territoires occupés qui tourmenteront la mauvaise conscience de ce brave général, à moins que le marasme économique ne le rattrape d’ici là...

Pendant ce temps, Kim Jong-il ricane de son audace et embarrasse les Etats-Unis par ses manoeuvres d’intimidation. Pour Pyongyang, la diplomatie est un vain mot qui ne se conjugue qu’au bras de fer.

Ces gesticulations menaçantes obligent l’administration républicaine à réagir en protestant officiellement auprès de l’ONU. On imagine que le boucher nord-coréen dont nous connaissons les antécédents, est mort de trouille. L’US Army a trop à perdre dans cette partie-ci : entre la plaie toujours ouverte du Vietnam, la peur légitime de la Corée du sud d’être touchée sur son sol, les remontrances chinoises, le dossier se règlera à l’amiable, comme en 1994. Par la raison ou par la force, le camarade Kim nous offre une belle leçon de rationnalité en affichant son hypothétique haute puissance militaire. Le cadavre de Staline, 50 ans après, remue encore. Personne ne se plaindra quand il sera définitivement bouffé par les vers...

Pour revenir à la crise irakienne, comment ne pas saluer la fermeté de Chirac face au géant américain ? Ah, Chirac, éternel looser de la vie politique française, devenu héros du monde arabe, homme d’Etat consacré prêt à recevoir le prix nobel de la paix ! Chirac, applaudi aussi bien par la droite (hormis dans sa minorité atlantiste dont Alain Madelin est le premier porte parole) que par la gauche (à part quelques rares voix discordantes comme celle de Bernard Kouchner se battant sans cesse, au nom de la sauvegarde des peuples, pour le devoir d’ingérence), acclamé à Alger et à Oran (tellement émouvant ce théâtre de réconciliation avec le pouvoir des généraux, il n’y a guère que les naifs pour penser que cela prépare des lendemains paisibles), connait donc son heure de gloire. Ce sont les événements qui font l’Histoire et qui parfois, forgent la grâce providentiellement circonstancielle des individus...

Cependant, alors que notre illustre président brille sur la scène internationale (ce qui nous vaut les foudres de la presse de Murdoch, spécialisée dans la déjection papier et télévisée) ainsi que le très télégénique Dominique de Villepin (la fougue du nouveau ministre des Affaires Etrangères dénotant singulièrement avec la froideur de son prédécesseur), Raffarin rame dur pour traiter les affaires bassement domestiques. Pensez donc, les plans sociaux s’accumulent, la croissance est morne, le chômage augmente, le moral des français est en berne. Sur l’emploi, le gouvernement patine, gérant comme il peut sa propre schizophrénie, secouant ses paradoxes entre libéralisme bien avancé et interventionnisme quelque peu forcé. Mais sur ce dossier-là comme sur celui des retraites, l’horizon parait obstrué. Bientôt, nos amis de l’UMP auront la joie de connaitre l’effet boomerang, le contre-coup se fait déjà ressentir dans les sondages. La politique, sur la durée, ne se satisfait pas de mesures-vitrines mais de résultats concrets. La leçon en 2007 ? Hollande en rêve !

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NB : Nous évoquions le manque d’explications de la rédaction du journal Le Monde suite à la sortie du livre de Péan et Cohen. Voici qui est réparé. Le quotidien du soir consacre ainsi trois pages à une défense plus substantielle que lors de leur première réaction dans son édition datée du 7 Mars et le trio Colombani-Plenel-Minc a eu l’occasion de rétorquer aux accusations qui lui étaient faites au sein de l’émission animée par Guillaume Durand sur France 2, Campus. On laissera le lecteur juger bon de prendre position selon les éléments qui sont à sa disposition.

NB : Nous évoquions le manque d’explications de la rédaction du journal Le Monde suite à la sortie du livre de Péan et Cohen. Voici qui est réparé. Le quotidien du soir consacre ainsi trois pages à une défense plus substantielle que lors de leur première réaction dans son édition datée du 7 Mars et le trio Colombani-Plenel-Minc a eu l’occasion de rétorquer aux accusations qui lui étaient faites au sein de l’émission animée par Guillaume Durand sur France 2, Campus. On laissera le lecteur juger bon de prendre position selon les éléments qui sont à sa disposition.