Qui es-tu Grégory ?

Qui es-tu Grégory ?

Alerte ! Un énergumène national court, vole et casse tout sur son passage pour redonner à une mansarde poussiéreuse les allures d’une maison toute moëlleuse ! Muni d’un camion jaune rempli d’objets pas toujours identifiés (si tant est que vous connaissiez également ses ovnis musicaux), Grégory fonce pour sauver le monde d’un carrelage effrité, d’un mur trop spolié ou d’une porte déjantée. Et autant dire que lorsqu’on décide de monter sa petite entreprise à 28 ans, ce n’est pas toujours une sinécure.

Oubliez votre temps libre, les transats et vos dimanches ! Aucune partie d’oisiveté n’est tolérée et on peine souvent à apercevoir Grégory derrière ses montagnes de papiers.

Mais la tête sur les épaules, une main sur sa caisse à outils et une autre sur ses amis, Grégory parcourt sa vie à deux cent à l’heure en payant le prix de sa liberté. Et gageons qu’avec un mordant pareil pour le travail, il devrait bien finir par arriver à se retrouver là où il n’y a même pas encore pensé.

Alors entre deux clients, j’ai tout de même réussi à rencontrer cet oiseau de voltige qu’on peine à accrocher au bout de sa ligne.

Bonjour Grégory. Qui es-tu ?

Salut, Greg, 28 ans, célibataire, artisan, pas très grand, pas très gros, un p’tit gars « normal » quoi...

C’est quoi cette manie de bosser le dimanche ?

J’avoue que cette solution n’est pas vraiment celle que j’avais imaginée, mais quand je regarde le planning, ca me paraît inévitable. En plus, c’est pas vraiment le travail. C’est plutôt la partie bureautique. Et pour faire des devis et des factures, il faut que j’ai la tête disponible, ce qui n’est pas le cas dans la semaine ou j’ai la tête dans mes chantiers. Alors je pourrais prendre des jours en semaines pour les papiers, mais je dis rarement non à une opportunité, et il y a beaucoup de demande, alors quand je dois y aller, j’y vais jusqu’à saturation.

Pourquoi t’as monté ta boîte dans un pays de fonctionnaires ?

Je pense que c’est un question d’état d’esprit. A la fin de mes études (longues, mais vraiment enrichissantes), alors que mes petits camarades découvraient la souplesse du chômage, je n’avais pas vraiment envie de travailler. Je voulais voyager. Mais si je faisais le choix de ne pas travailler, je pensais que c’était ma responsabilité et non pas à cette chère société de me supporter. Alors j’ai bricolé, et je n’ai rien demandé. Finalement, voyager pour mon simple plaisir personnel ne me convient pas, je voudrais aller à la rencontre des populations. Pour se faire, il faut de l’argent et du temps : Ca se complique un peu. J’ai monté ma boîte pour ne pas avoir à demander, pour prendre des responsabilités, et peut être réussir à prendre deux ou trois mois de vacances pour voyager à la rencontre des peuples et partager des expériences en collaboration avec eux.

Est-ce qu’on est confiant quand on monte sa boîte tout seul à 28 ans ?

Pour ma part, quand j’ai bricolé, je me suis mis à bosser avec un artisan. A commencer par faire de la démolition, un peu physique, mais bien marrant. Un jour je me suis occupé d’un chantier du début jusqu’au rendu car mon artisan n’avait pas le temps et que le client lui avait demandé que j’aille voire. A la fin de ce chantier, le client était content, et mon artisan m’as dit d’arrêter de bricoler et de monter ma boîte. Un peu surpris, j’ai pris le temps de la réflexion, et je me suis lancé dans les démarches, avec la garantie d’avoir du boulot en sous-traitance pour mon ancien patron. Alors, oui, j’étais en confiance.

C’était quoi la plus grosse difficulté pour avoir son nom sur le listing des entreprises de France ?

Il n’y a pas de grosse difficulté. Il faut suivre les démarches et les choses suivent leur court. Le plus dur, c’est de gérer le démarrage et toutes les sollicitations des administrations. Une fois le cap passé, ca roule, et avec l’expérience, ca va de mieux en mieux.

La formation obligatoire pour monter sa boîte, c’était utile ou futile ?

Intéressant pour moi. C’est un très bon moyen pour être un peu au courant des démarches à suivre, et avoir de vagues notions de gestion... Mais bon, c’est de l’ordre de la culture générale, mais ça ne fait pas de mal.


C’est quoi la fin qui va justifier tout ces moyens ?

La fin ? Il n’y a pas de fin. Je ne vis pas avec un objectif à termes. Je pense que la vie est constituée d’opportunités qui nous correspondent ou pas, et qu’il ne faut pas trop hésiter à les saisir. Si on n’est pas sur, il vaut mieux avoir essayé...

On se sent comment quand on travaille pour soi ?

Plutôt bien en ce qui me concerne. Tout d’abord les clichés : pas de chef qui dit ce qu’il y a à faire et qui ramasse les fruits de son travail. Pas d’horaires fixes et rigides, pas l’impression d’aller travaillé pour remplir un vide en soi ou un poste qui n’as d’autre but que d’être occupé.
Après, y’a quand même des jours ou on se dit que c’est un peu lourd de bosser le dimanche...

C’est quand tes prochaines vacances ?

Le projet, qui ne se concrétisera peut être pas, c’est de prendre les trois dernier mois de l’année pour partir avec une association d’artisan pour aller « bosser » dans des pays qui ont d’autre savoir faire, plus traditionnels et plus en harmonie avec leurs milieux. A l’état de projet dans ma tête depuis que j’ai monté ma boite. C’est un peu pour pouvoir faire ce genre de chose que j’en suis là... à suivre...

Et tu connais les umites ? Tu ne partirais pas en vacances avec eux ?

Je connais pas très bien. J’ai bien une copine un peu décalée qui bosse dans le journalisme qui m’en a parlé, mais je ne sais pas je pourrais faire quelque chose pour eux ? A priori, je dirais plutôt non pour les vacances...

Pourquoi tu n’aimes pas Paris ?

J’aime beaucoup Paris et la vie qu’on y mène. Je n’aime pas aller y travailler à cause des bouchons et du stationnement. Je n’aime pas y sortir le soir parce que j’aime picoler entre amis et que nos chers représentants de l’ordre n’aiment pas me voire rentrer rond comme une queue de pelle au volant de mon camion, ce qui est plutôt une bonne chose de leur part... On en profitera peut-être plus quand les transports fermeront à 04h00...

Qu’est ce qu’on pourrait ne pas te souhaiter ?

Perdre ma foie du boulot bien fait au profit de celui qui rapporte. J’aurais alors l’impression de m’être trompé de voie. Sinon pour le reste, si on ne me souhaite pas de mal, je m’occupe que ça le fasse...


Pourquoi avoir répondu à cette interview ?

Parce que je t’aime bien et que c’est toujours agréable de parler de ce qu’on aime et de ses convictions. De plus, ça permet de mettre des mots sur des ressenti, ce qui est toujours une bonne chose pour y voire plus clair sur le chemin qui se perd à l’horizon...