Témoignage : Vivre à Paris au temps du CPE

Témoignage : Vivre à Paris au temps du CPE

De l’art d’être au mauvais endroit, au mauvais moment... Où les conséquences inédites du CPE.

Pour que vous compreniez bien tout, et je veux que vous compreniez bien tout, je vous avouerai que hier soir, j’allais voir un amant qui a un appartement charmant non loin du métro Saint Michel à Paris. Merci de ne pas le répéter.

Alors que je sortais de la station, je sentis une petite odeur de piquant me prendre au nez et à la gorge... Oh, encore supportable ; certainement des restes des bombes lacrymo de l’après midi. La manifestation était arrivée à moins d’un kilomètre, certains jeunes avaient pu vouloir rejoindre la Sorbonne. Enfin, c’était ce que je pensais.
En fait, lorsque ma tête pointa dehors, j’avais face à moi, comme pour moi tout seule, une bonne trentaine de CRS.

Je ne suis pas la femme d’un seul homme, mais trente d’un coup, ça fait beaucoup. Je me suis donc retournée. Et hop ! Encore cinquante autres. Et comme ça de partout... J’étais bien entourée.

Malheureusement, la matraque ne me fait pas fantasmer du tout et derrière leur casque, je ne pouvais pas en repérer un mignon. Ils n’avaient pas l’air d’humeur à séduire en plus. Bon, pour me rassurer, je n’étais pas seule sur la place de la fontaine Saint Michel à me demander comment faire. Nous étions bien une trentaine, de plus ou moins jeunes, au milieu des CRS, à essayer de comprendre, les yeux écarquillés, comment sortir de ce guêpier.

Je ne sais pas lesquels, parmi nous, étaient censés être dangereux. Ce qui est sûr, c’est que plusieurs choisirent de retourner dans le métro. Mais l’appel de l’amour, messieurs, dames, est important et il n’allait pas être dans le métro (l’amour). Je trouvais donc une petite brèche et m’y faufilait tandis qu’après, je dus faire une grand détour (la brèche n’étant pas du tout du bon côté de la place) pour rejoindre the one de la nuit.

Bon, je vous passe la nuit, elle fut excellente. Ce matin, je décidai d’aller au salon du livres porte de Versailles. Mauvais choix de transport cette fois, je me retrouvais rue Lecourbe, à encore 500 mètres de ma destination finale, coincée cette fois par des pompiers.

Je ne vous cache pas que je préfère ces derniers aux CRS. Je poursuivais donc mon chemin au milieu des odeurs de poubelles fondues. Je découvrais derrière un lycée, recouvert de détritus, avec plein de jeunes devant. Il était tagué sur les barrières bloquant l’établissement "lycée en grève" et effectivement, il semblait désert. J’ai entendu quelques élèves ennuyés qui disaient "ben, ils sont marrants de nous dire de rentrer chez nous mais comment on va manger ?!" et un autre qui enlaçait une jeune fille "t’es sûr que y’a ta mère chez toi ?"

Bon, finalement, je ne suis pas allée au salon du livre, j’ai trouvé que ces réunions étaient trop dangereuses.

La vie à Paris en ce moment, c’est très CPE (chaotique, perturbé, émeutes).

J’M.

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