Francis Mizio, l’homme qui a anéanti mon rêve

Jusqu’à ce matin j’y croyais encore, et j’attendais patiemment mon tour. Rencontrer un être venu d’une autre galaxie, un petit bonhomme vert avec de gros yeux globuleux ou une superbe et merveilleuse extra terrienne faisait partie de mon souhait le plus cher. Depuis mon plus jeune âge je suis en effet passionné par les récits fantastiques d’arrivée sur Terre de monstres intersidéraux. Je leur ai même consacré un exposé au collège, c’est pour dire.

Récemment vainqueur d’un concours organisé par l’écrivain Francis Mizio, j’ai eu l’immense privilège de recevoir deux ouvrages dédicacés de ce dernier. Jusqu’à ce matin j’y croyais encore... Il était six heures du matin, heure à laquelle je suis toujours supposé être dans les délicieux bras d’Orphée, mais aujourd’hui impossible de me rendormir. Mon regard se posa alors sur un des livres de Mizio, Les hommes préfèrent les sondes. D’habitude peu enclin à me lancer à une heure aussi matinale dans la lecture, je décida cependant de me plonger dans l’univers mizionien, galaxie que je ne connaissais nullement auparavant.

Les hommes préfèrent les sondes, c’est l’histoire de deux retraités qui se la coulent douce, mais qui en ont assez de passer le plus clair de leur temps « à siroter des bières en se fichant de la tête des cotisants  ». Karl et Bébert bénéficient de leur retraite à taux plein, les chanceux, ils ne savent pas ce qui nous attends … Les heureux oisifs de Mizio vont échafauder habilement « une idée de base  » afin que leur retraite se déroule dans de meilleures conditions. Les médias, les télévisions, la presse écrite, les radios, le câble, le satellite, le web s’empareront de leur découverte. Mais, c’est grâce à la compagne de Karl que leur retraite complémentaire sera assurée. Merci la gente féminine.

Les hommes préfèrent les sondes est un roman sidéral, sidérant qui m’a littéralement sidéré. Mais une profonde tristesse m’a envahit et n’a cessé de croître durant ma lecture. Les cercles dessinés dans les champs de blé ne sont pas la conséquence d’atterrissages de navettes et soucoupes volantes venues de l’hyper espace, mais l’œuvre de deux retraités en mal d’aventure.

Monsieur Mizio, je vous trouvais jusqu’à présent bien sympathique, mais mon estime pour vous en a sérieusement pris un coup. Vous avez anéanti mon rêve extra terrestre. Vous avez changé ma vie, et plus jamais je ne pourrai avoir l’espoir d’être victime d’un enlèvement (bien qu’ayant souscrit au contrat d’assurance contre l’enlèvement par des OVNI de Karl et Bébert !).

De plus, je vous ferai également remarquer qu’il est tout à fait incongru d’étaler au grand jour vos fantasmes sexuels et vos odieuses idéologies ! Pornophile de la non-science fiction. Comment pourrait-on imaginer sans être un affreux pervers que deux innocents petits vieux puissent créer dans les champs de blé une bite géante, une tête de Mickey, le symbole anarchiste ?! Un gérontophile détraqué, certes mais diablement doué !

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(cliquez sur le dessin pour le voir en entier)

Francis Mizio, Les hommes préfèrent les sondes , Baleine (Série Grise), Seuil, 2000