Je dérape et je cogne juste : je suis le Eminem français !

Je dérape et je cogne juste : je suis le Eminem français !

Pour inaugurer une nouvelle série thématique, qui nous mènera jusqu’en 2072, et qui sera exclusivement consacrée aux génies du siècle, je vais vous parler ce soir de Monsieur Eminem, éminent chanteur de son état, désuni.

Monsieur Eminem doit son pseudo rigolo aux bonbons « qui ne fondent pas dans les mains mais dans la bouche » des jeunes gens gourmands comme des vieux messieurs lubriques.

Monsieur Eminem dont j’ai oublié le nom véritable est un jeune homme américain un peu gringalet, ni beau ni moche, blanc, qui déteste sa mère grasse et laide et fait du rap, comme d’autres jouent du Stradivarius. Il est méchant, vindicatif, crache sur les pédés à part Elton John ce qui prouverait à dire que c’est pas de la vraie homophobie, car Elton est très homo tout de même.

Toujours est-il que ce type qui aurait dû avoir une existence aussi médiocre que sa maman qui l’a enfanté à 16 ans dans une caravane miteuse est le nouveaux héros des jeunes dont les parents votent Bush le fils dégénéré, est une star adulée et richissime.

Pire que tout ce garçon un peu réac, sorte de Laurent Gerra ricain qui aimerait le rap, a une vraie énergie, un sacré talent musical et une maîtrise de sa carrière assez époustouflante.

Moi qui suis un modèle de tolérance, qui vote Arlette Laguiller, Robert Hue ou José Bové, qui couche avec des femmes de toutes les couleurs, qui n’écoute que Francis Lalanne et Hugues Aufrey en boucle, je suis devenu le fan français numéro un de ce type très vilain, et je ne m’en cache même plus.

La bande originale de son film « 8 mile » est mon disque de chevet, je conseille son album à tous mes camarades de la Gauche caviar. Je prends de la cocaïne avec des copains animateurs de télé pour tenter de l’imiter, ma vie est devenue une immense banlieue où je scande ses vers rimés avec agressivité et panache. Enfin je suis respecté et je peux me la péter comme Michael Young, mais en plus drôle et aggressif. Ils sont pas fiers les blacks depuis que je suis dans la Place.

Oui Eminem est grand, il est beau et je veux lui ressembler. Je porte désormais les cheveux très courts et blond platine, je suis habillé sportwear avec une capuche et faut pas m’ennuyer. Emi est mon ami et me donne la force, me permet d’assumer le côté obscur qui est en moi. Merde plus personne ne m’embêtera à la récré.

Bon c’est vrai je comprends pas toutes ses paroles, sauf celles qui sont traduites sur le clip de M6 où son fan lui écrit une lettre et meurt dans un accident de voiture à la fin. Mais qu’importe, j’ai enfin trouvé une idole à qui j’ai envie de ressembler, un King, pas un pédé du cul, un vrai mec qui se tape des gonzesses avec des gros seins.

Avant j’aimais Jean-Pascal mais j’ai évolué, j’ai mûri avec Emi, je suis un vrai rebelle, je roule des pelles à tout plein de pétasses et de radasses qui me prennent pour un dieu vivant. Je suis un bad boy et je crache sur la misère et sur mon passé d’ouvrier.

Je suis une icône puritaine qui flatte l’Amérique profonde et ses bas instincts. J’irais cracher sur les tombes des arabes, chanter pour les soldats en Irak et j’enculerai Saddam, même si je suis pas Pédé. Et pis j’en ferais une chanson et plein de pognon.