Jennifer DES : la fugacité et l’unicité d’un oeil en mouvements

Jennifer DES : la fugacité et l'unicité d'un oeil en mouvements

Il y a, intrinsèquement, dans le travail de Jennifer DES quelque chose qui dérange nos consciences.

Un regard par trop lucide qui mettrait à mal notre conformisme. De ses cadrages non académiques née une réalité, une irréalité parcellaire pertinente et forte, un univers d’affects et de mouvements qui donnent du sens à ce témoignage sans concessions sur l’époque.

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Photographe de la pigmentation corporelle, elle est à l’affût du monde. Un regard qui oscille entre le fellinien et le félin, qui guette avec pudeur des instants d’immortalité qui ne reviendront plus. Des échos dans la cathédrale de nos vies mortelles, et éphémères

Sociologue de microcosmes hétéroclites, hétérogènes, elle archive des moments synchroniques qui sont des bribes de notre mémoire collective. Sans fausse nostalgie, sans démagogie, elle ne flatte ni le narcissisme ni l’art bourgeois. Elle place un œil sûr, tendre ou acéré sur des sentiments extrêmes mêlés dans la fièvres des nuits bruxelloises.

Il y a, indéniablement, un style DES, une écriture de l’image, qui s’explore entre les lignes, qui compile jour après jours des morceaux d’existences en noir et blanc dans la violence de visions faussement improvisées.

On aurait tort de trouver tout cela gratuit. La focale de Jennifer Des, et sa tendresse digne pour les peaux maquillées, les réalités sombres, la blancheur troublante et les corps d’ébène porte en elle un discours profondément militant.

Rien n’est anodin dans ces mises en scène qui se font et se défont, c’est une société de la fête ou de la souffrance qu’elle battît par touches bien plus calibrées et pensées que l’immédiateté de ces tirages ne pourrait le faire croire au prime abord.

Nous sommes dans une cosmogonie participative, mais tacite où chaque personnage immortalisé par les flashs de Jennifer donne sa confiance et son assentiment à la jolie shooteuse. On ne partage pas ces moments-là avec n’importe qui.

Un univers se pose et s’expose à travers l’objectif de Jennifer DES. Il y a quelque chose d’historique et de mystique dans ces fiévreuses captations. L’artiste a pris rendez-vous avec son siècle en fusion, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle n’est pas en retard. Un travail photographique unique à ressentir jusqu’au bout des fibres.

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Frédéric Viniale vu par Jennifer Des